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Le vice-président d’Exit ne regrette pas d’avoir aidé un couple à se suicider

Pierre Beck, vice-président d'Exit Suisse romande.
L'interview de Pierre Beck, vice-président d'Exit Suisse romande / L'actu en vidéo / 4 min. / le 10 octobre 2019
Pierre Beck a été condamné par ordonnance pénale à des jours-amendes avec sursis pour avoir aidé une octogénaire à mourir alors qu'elle n'était pas malade. Il a fait opposition et sera jugé lundi par un tribunal genevois. Il s’est confié au 19h30.

"Non, je ne regrette pas mon geste". Invité du 19h30, Pierre Beck est revenu sur l'acte qui lui vaut d'avoir été condamné pénalement. C'était en avril 2017. Il prescrit alors du pentobarbital à un couple d'octogénaires. Le mari était atteint d'une leucémie, mais l'épouse se portait bien. Tous deux ont bu le même poison et sont partis main dans la main le 18 avril.

En décembre 2018, la procureure genevoise Gaëlle van Hove a rendu une ordonnance de condamnation à l'encontre de Pierre Beck. Elle l'a reconnu coupable d'infraction à la loi sur les produits thérapeutiques et l'a condamné à 120 jours-amendes avec sursis de deux ans.

Dans son ordonnance pénale, la procureure écrit que "le droit fédéral ne permet pas la prescription de pentobarbital par un médecin à une personne en bonne santé, comme l'était la défunte au moment des faits".

"Elle souffrait intensément"

Pierre Beck explique que cette femme avait "une souffrance qu'on appelle existentielle. Elle souffrait intensément de la perte imminente de son mari". Elle savait en effet que son époux était condamné.

Deux ans avant de se suicider l'épouse s'était d'ailleurs rendu chez le notaire. Elle avait écrit noir sur blanc: "Je ne pourrai pas supporter psychiquement la perspective de survivre à mon mari et prends dès lors les mesures qui s'imposent pour faire face à mon désarroi en cas de survie à mon mari. Je demande alors à Exit de me prêter assistance pour mettre fin à mes jours dans ce monde, sans délai".

Pierre Beck confie que l'épouse avait menacé de se suicider de manière violente si Exit ne l'assistait pas dans son suicide. "Elle était architecte et elle avait participé à la réparation de certains remparts de la Ville de Genève. Elle m'avait expliqué comment et à quel endroit elle sauterait si Exit ne l'aidait pas".

Comment Pierre Beck pouvait-il être sûr que l'épouse se suiciderait de manière violente s'il ne lui apportait pas de soutien? "J'ai eu l'occasion de discuter de manière approfondie avec le couple, mais aussi avec l'épouse et le mari séparément. J'étais donc certain de leur demande ainsi que de leur détermination", répond-il.

Fabiano Citroni

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