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Affiche anti-minarets: villes suisses divisées

L'affiche de l'UDC contre les minarets continue d'agiter les esprits.
L'affiche de l'UDC contre les minarets continue d'agiter les esprits.
Les villes suisses continuent de réagir diversement au placardage des affiches anti-minarets. Alors que Lucerne, Zurich, Winterthour et Bienne ont décidé jeudi d'autoriser les affiches, Fribourg les bannit. Le comité d'initiative examine des voies de recours pour s'opposer aux interdictions.

Les autorités de Fribourg ont pris cette décision après avoir
pris connaissance de l'avis de la Commission fédérale contre le
racisme (CFR) et après une pesée minutieuse des intérêts entre
liberté d'opinion, protection contre la discrimination et
protection de la société suisse contre une agitation qui favorise
la haine, a communiqué jeudi la direction de la police
locale.



La cité des Zaehringen se range ainsi du côté de Bâle-Ville et de
Lausanne qui ont déjà interdit le placardage des affiches
controversées. Elles sont les seules à l'avoir fait jusqu'ici, avec
les deux villes vaudoises d'Yverdon-les-Bains et de Montreux.

Liberté d'expression

Zurich, Lucerne, Winterthour et
Bienne en revanche n'ont pas mis leur veto au placardage des
affiches de l'UDC. Les autorités de ces villes ont tenu compte
notamment de la liberté d'expression. L'Exécutif zurichois a
toutefois condamné clairement le contenu de l'affiche, estimant
qu'il présentait l'islam comme menaçant, négatif et dangereux, ce
qui ne correspond pas à la réalité. Il souligne en outre que les
rapports avec la communauté musulmane sont bons.



Le Conseil municipal de Bienne s'est lui aussi distancié jeudi de
cette affiche, sur la forme comme sur le fond. Mais il souligne que
l'expression d'une opinion politique ne doit être restreinte que
dans des cas extrêmes, lors que des tiers ou la sécurité publique
sont mis gravement en danger et ne fait aucune recommandation sur
le placardage. Si des personnes sont choquées ou gênées par
l'affiche, seuls les auteurs en portent la responsabilité.

Partisans pas unanimes

Rappelons que la Ville de Genève a également décidé mercredi
(hier) de ne pas interdire l'affichage des partisans de
l'initiative contre la construction de minarets. De son côté, la
CFR a estimé mercredi que les affiches pouvaient menacer la paix
publique en Suisse. Elle n'a toutefois pas recommandé expressément
de les interdire.



Les partisans de l'initiative anti-minarets ne sont pas non plus
unanimes face à l'affiche utilisée par l'UDC. Le comité bernois du
oui a décidé jeudi de renoncer de son propre chef à ce matériel.
L'affiche qui sera diffusée dans le canton de Berne montrera côte à
côte un minaret et l'église millénaire de Würzbrunnen dans
l'Emmental.

Il s'agit là d'une bonne
alternative si la ville de Berne devait interdire l'affiche
controversée du comité national, a expliqué le député UDC au Grand
Conseil et co-président du comité Thomas Fuchs. Les arguments du
comité bernois sont en revanche les mêmes que ceux avancés au
niveau national.



Bien que faisant partie du comité d'initiative à l'origine de
l'affiche contestée, elle a relevé jeudi qu'elle menait sa propre
campagne avec ses propres affiches. Celles-ci montrent des "maisons
traditionnelles suisses" dépassées par un immense minaret.



L'initiative contre les minarets a été lancée par un groupe
composé de politiciens de l'UDC et de l'UDF. Le Conseil fédéral et
le Parlement ont appelé au rejet de ce texte au nom de l'égalité de
traitement, de l'interdiction de la discrimination et de la liberté
de religion.

Possible recours

Le comité d'initiative n'est pas prêt à se laisser faire par
ceux qui lui interdisent le droit de poser ses affiches
anti-minarets. Il est en train d'examiner diverses voies juridiques
pour s'opposer à ces décisions qu'il considère comme des entraves à
la liberté d'expression. Président du comité d'initiative, le
conseiller national Walter Wobmann (UDC/SO) a confirmé
l'information de "Tele Züri".



Une décision devrait être prise lors de la prochaine séance du
comité directeur. Le comité discute notamment de l'alternative de
porter plainte contre les signataires des interdictions pour
entrave à la liberté d'expression ou de recourir contre les
procédures prohibitives en tant que telles.



agences/cab

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Moritz Leuenberger comprend l'interdiction

Moritz Leuenberger a indiqué jeudi sur son blog avoir de la compréhension pour l'interdiction de l'affiche anti-minarets.

D'abord réticent à l'idée d'interdire l'affiche alors que l'initiative qui véhicule le même message a été jugée valide, Moritz Leuenberger dit avoir changé d'avis. Car une image marque davantage les esprits qu'un texte, explique-t-il.

Chaque article à l'étranger sur la votation du 29 novembre sera illustré par cette affiche. Dans la tête du lecteur, seule cette image restera et non l'article de fond. Et cela deviendra "l'image de la Suisse", regrette le ministre de la communication.

Mais la polémique n'a pas dépassé les frontières pour l'instant.

Les médias étrangers ont traité "brièvement et objectivement" du sujet sans faire de vagues, selon le porte-parole du Département des affaires étrangères, Adrian Sollberger.

Un groupe de travail coordonne depuis juillet 2009 la communication autour de l'initiative anti-minarets dans les pays étrangers, en particulier les Etats musulmans et ceux avec une forte population musulmane. Il est notamment chargé de suivre la façon dont les médias traitent de ce sujet.

Cette mission relève des tâches habituelles des ambassades suisses et de tels groupes de travail sont régulièrement constitués lors de votations ayant une portée internationale.

Premier sondage: tendance au "non"

Plus de la moitié des Suisses se disent opposés à l'initiative anti-minarets, selon un sondage paru jeudi dans la presse. Quelque 51,3% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles voteraient contre l'initiative si le vote populaire prévu le 29 novembre se déroulait dimanche.

Le oui recueille 34,9% tandis que 13,8% des personnes se disaient encore indécises, indique le sondage publié par le Tages-Anzeiger.

L'enquête, réalisée du 24 septembre au 3 octobre auprès d'un échantillon de 1007 personnes par l'institut indépendant Isopublic, révèle que le non est également plus marqué dans la partie alémanique de la Confédération (52,4%) qu'en Suisse romande (48,7%).

La Suisse compte plus de 310'000 musulmans sur une population de 7,5 millions d'habitants, faisant de l'islam la deuxième religion du pays après le christianisme.