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Opération Libero sur le front pour porter les candidats qu'elle soutient

Opération Libero en campagne pour promouvoir les candidats qu'elle soutient en vue des élections fédérales (vidéo)
Opération Libero en campagne pour promouvoir les candidats qu'elle soutient en vue des élections fédérales (vidéo) / La Matinale / 4 min. / le 16 août 2019
Opération Libero, l'association citoyenne "pour une Suisse ouverte sur le monde", s'engage en vue des élections fédérales d'octobre. Cette semaine, elle a débuté un tour de Suisse pour mettre en évidence les candidats qu'elle soutient.

L'association soutient dans chaque canton entre deux et cinq candidats, le plus souvent peu connus. Un seul candidat par parti au maximum, toute les grandes formations sont représentées, sauf l'UDC.

Les candidats sélectionnés doivent garantir qu'ils partagent une bonne partie des idées d'Opération Libero, à savoir la promotion d'une Suisse ouverte et progressiste. Dans certains cas, l'association a elle-même fait le premier pas. Et parfois, des politiciens se sont eux-mêmes portés volontaires.

Pour les candidats concernés, Opération Libero permet une mise en avant lors d'événements ou débats publics. Ils bénéficient surtout d'une meilleure visibilité grâce aux flyers de l'association, mais aussi et surtout sur les réseaux sociaux, là où le mouvement se dit très efficace.

"Opération Libero sait communiquer de façon différente, ils ont une force de frappe importante", affirme une candidate soutenue dans le canton de Genève.

Des doutes sur l'impact réel

Du côté de Berne, la plupart des élus sortants des principaux partis du pays saluent le principe de ce type d'engagement citoyen. Ils perçoivent toutefois Opération Libero comme un acteur de campagne parmi tant d'autres. En somme, un acteur qui n'est pas plus signifiant qu'un autre.

Beaucoup doutent même de son impact réel sur le choix des électeurs. C'est le cas de la vice-présidente de l'UDC Céline Amaudruz: "Leur force de frappe est clairement dans les campagnes au moment des votations, mais elle n'est pas la même au niveau d'une élection. Je crois que les gens votent en grande majorité pour des listes et après il y a des rajouts".

Cette analyse ne se limite pas à l'UDC. Dans les autres partis, les élus pensent que ce soutien orienté vers des candidats aura un faible impact dans les urnes. Un effet même "anecdotique" selon une des têtes pensantes du Parti socialiste, qui estime que le mouvement "ne s'étouffe pas par la modestie".

"Il est surestimé et s'est attribué certaines victoires en votation alors que d'autres acteurs s'étaient aussi engagés", ajoute ce membre du PS sous couvert d'anonymat. C'est peut-être le signe qu'on ne souhaite pas fâcher Opération Libero et que l'association compte un peu dans le jeu politique.

Caractère "fourre-tout"

Sous la Coupole, beaucoup d'élus soulignent le caractère fourre-tout des revendications du mouvement. L'association le répète souvent: elle n'est pas un lobby et ne défend aucun intérêt spécifique, mais des idées. Les thèmes sont très divers, de la migration au climat, en passant par le mariage pour tous.

"C'est assez difficile de comprendre leur message, parce qu'il n'est pas très cohérent", analyse le PLR valaisan Philippe Nantermod. "Les objets ne sont pas forcément complémentaires les uns avec les autres. C'est un peu comme si c'était un parti, sans en être vraiment un. Sur certains aspects, je trouve qu'ils sont assez peu concrets, notamment les revendications sur l'Europe. Au final, je pense que ça les dessert un peu".

Ces critiques sont rejetées par Opération Libero, qui se dit favorable à la signature rapide d'un accord-cadre avec l'Union européenne, tout en trouvant des solutions dans le droit suisse pour protéger les salaires. Deux objectifs a priori contradictoires.

Les fédérales: un "test"

Pour le moment, aucun élu fédéral ne considère Opération Libero comme un acteur politique incontournable. Même les proches de l'association restent pour le moment nuancés.

C'est le cas de la Verte Adèle Thorens, marraine du mouvement dans le canton de Vaud. Elle admet que les élections fédérales d'octobre seront une sorte de test: "C'est un mouvement qui est plus présent et qui a plus d'impact dans le débat public en Suisse alémanique. Je pense qu'il y a encore pas mal de travail à faire pour s'imposer en Suisse romande. Mais cette campagne pour les fédérales va leur permettre de s'imposer un peu partout en Suisse".

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Adèle Thorens souligne encore l'importance de l'association en termes de renouvellement du monde politique. Jeune, urbain et adepte des réseaux sociaux: tel pourrait être le profil-type des 4000 sympathisants actifs d'Opération Libero.

D'autres élus soulignent encore qu'Opération Libero pourrait amener aux urnes de jeunes citoyens qui ne votent pas habituellement grâce à ses méthodes et son image sans étiquette partisane.

L'effet réel de l'association sera difficilement mesurable le 20 octobre prochain. On pourra toutefois compter combien d'élus parrainés par Opération Libero sont parvenus à décrocher un siège au Parlement fédéral.

Julien Bangerter/jfe

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Genèse d'un mouvement

Opération Libero est née à la suite du vote du 9 février 2014 sur l'initiative populaire "contre l'immigration de masse". Son but est principalement de pallier la faiblesse des partis traditionnels pour contrer les attaques de l'UDC.

D'abord implantée en Suisse alémanique, l'association a créé une section genevoise en 2015. Quelques mois plus tard, le groupement a ensuite disparu, avant de finalement renaître de ses cendres.