Publié

Les eaux souterraines suisses contiennent souvent trop de nitrates

L'OFEV tire la sonnette d'alarme
L'OFEV tire la sonnette d'alarme à propos des nitrates dans les eaux souterraines / L'actu en vidéo / 54 sec. / le 15 août 2019
Le dernier rapport sur la qualité des eaux souterraines en Suisse, publié jeudi, montre que 15 à 20% des stations de mesure présentent des niveaux de nitrates supérieurs aux valeurs-limites. Principale responsable de cette pollution: l'agriculture.

L'eau potable n'est pas en danger, mais elle est "de plus en plus sous pression", souligne l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) dans son communiqué.

Les eaux souterraines, qui fournissent 80 % de l'eau potable consommée en Suisse, sont une ressource indigène de première importance. Or en 2014, des concentrations supérieures à 25 mg/l ont été relevées dans près de 15% des stations, 25 mg/l étant la valeur limite fixée dans l'ordonnance sur la protection des eaux (OEaux), a expliqué Roland Kozel, chef de la division hydrologie à l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) lors d'une conférence de presse jeudi à Berne.

>> La réaction de Jacques Bourgeois, directeur de l'Union suisse des paysans :

Les pesticides menacent la qualité des eaux souterraines en Suisse: interview de Jacques Bourgeois
Les pesticides menacent la qualité des eaux souterraines en Suisse: interview de Jacques Bourgeois / Forum / 4 min. / le 15 août 2019

"On peut toujours boire l'eau en Suisse, on en est actuellement au stade où on doit prendre des mesures, et on prend des mesures", affirme Guy Parmelin, chef du Département de l'économie, de la formation et de la recherche à la caméra de RTSinfo. "Je tiens – comme consommateur et comme comme conseiller fédéral – à ce que nous puissions continuer à boire de l'eau potable. J'en bois tous les jours, et le Conseil fédéral, les agriculteurs, n'ont pas attendu ce rapport pour agir".

Zones agricoles touchées

Dans les zones de grandes cultures, cette valeur a été dépassée à 40% des stations. Une concentration supérieure à 40 mg/l, la valeur-limite fixée dans la législation sur les denrées alimentaires pour l'eau potable, a même été détectée dans 2% des stations.

Les zones les plus touchées sont situées dans les grandes exploitations agricoles du Plateau. Ce document se base sur des données récoltées entre 2007 et 2014 par les 600 stations de mesure du Réseau national d'observation des eaux souterraines (NAQUA).

>> Voir le sujet du 12h45 :

Rapport alarmant sur la qualité de l'eau potable: il y a trop de nitrates et de pesticides dans les eaux souterraines suisses.
Rapport alarmant sur la qualité de l'eau potable: il y a trop de nitrates et de pesticides dans les eaux souterraines suisses. / 12h45 / 1 min. / le 15 août 2019

Des pesticides aussi

Les pesticides constituent également un problème. Des résidus de produits phytosanitaires ont été détectés dans les eaux souterraines par plus de la moitié des stations de mesure, indique l'OFEV.

En 2014, les substances actives de ces produits ont dépassé la valeur-limite de 0,1 microgramme par litre (μg/l) à 2 % des stations. On trouve encore dans les eaux souterraines des résidus d'atrazine, un herbicide pourtant interdit en Suisse depuis plus de dix ans.

Des concentrations élevées de substances issues de leur dégradation, appelées métabolites, ont aussi été largement détectées, surtout sur le Plateau. Dans quelque 20 % des stations de mesure, les concentrations étaient supérieures à 0,1 μg/l, la valeur-limite fixée pour certains métabolites.

Hydrocarbures halogénés

Des concentrations dépassant la valeur-limite fixée dans l'OEaux sont aussi relevées pour les hydrocarbures halogénés volatils (HHV), une substance que l'on trouve dans les bombes aérosol ou les installations de réfrigérations. En 2014, c'était le cas à 4 % des stations de mesure.

Cette pollution provient de sites contaminés tels que des anciennes usines ou des décharges. Des micropolluants provenant des eaux usées ont également été détectés.

>> L'interview de Karine Siegwart, sous-directrice de l'OFEV :

Karine Siegwart. [Admin.ch - DR]Admin.ch - DR
Protection des eaux souterraines: interview de Karine Siegwart (OFEV) / Le 12h30 / 4 min. / le 15 août 2019

Guy Parmelin rappelle que cinquante et une mesures sont en cours: "Depuis l'été 2017, un plan d'action est appliqué dans toute la Suisse: cela va de l'interdiction de certains produits, à d'autres mesures comme la revitalisation des cours d'eau".

>> Regarder: Les agriculteurs ciblés par le rapport de l'Office fédéral de l'environnement :

Les agriculteurs ciblés par le rapport de l'Office fédéral de l'environnement.
Les agriculteurs ciblés par le rapport de l'Office fédéral de l'environnement. / 19h30 / 2 min. / le 15 août 2019

ats/nr/cg/sjaq

Publié

Assez d'eau en Suisse

18 milliards de m3 : c'est le volume d'eaux souterraines que la Suisse pourrait, en théorie, exploiter chaque année durablement, c'est-à-dire sans provoquer d'abaissement persistant du niveau de ces eaux ni d'autres atteintes à l'environnement. Cela correspond à plus de dix fois les besoins actuels.

Mais dans de nombreux endroits, l'agriculture, l'industrie et les villes occupent toute la place. "C'est presque impossible de trouver un endroit où l'on pourrait creuser sur le Plateau, en raison de la densité de l'occupation du territoire", précise Stephan Müller, chef de la division des eaux à l'OFEV.

Pour l'heure, l'OFEV ne montre pas particulièrement inquiet sur le volume d'eau à disposition, même avec le changement climatique. Des pénuries d'eau pourront toutefois survenir localement, comme c'est déjà le cas aujourd'hui.