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Affaire Lauber: l'autorité de surveillance du MPC rappelée à l'ordre

Michael Lauber, le procureur général de la Confédération, lors d'une conférence de presse le 10 mai 2019 à Berne. [Keystone - Peter Klaunzer]
Le Tribunal administratif fédéral remet en cause l'enquête contre le procureur Michael Lauber / Le 12h30 / 1 min. / le 2 août 2019
L'Autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération (AS-MPC) n'aurait pas dû déléguer l'enquête disciplinaire dans l'affaire Lauber au professeur Peter Hänni. Le Tribunal administratif fédéral estime qu'une base légale fait défaut.

Les dispositions d'organisation et de procédure relatives à l'enquête disciplinaire ne prévoient pas de base légale permettant à l'AS-MPC de déléguer cette tâche à des tiers. C'est la conclusion à laquelle parvient le Tribunal administratif fédéral (TAF) dans un arrêt publié vendredi.

Selon la haute cour administrative, le droit du personnel de la Confédération ne s'applique pas au procureur de la Confédération et à son adjoint. C'est à dessein que le législateur a prévu un statut du personnel distinct.

Dans son argumentaire, l'AS-MPC estimait que ses membres ne pouvaient pas mener eux-mêmes l'enquête disciplinaire car ils exercent leur fonction en plus de leur activité professionnelle. En outre, ils n'auraient pas eu les compétences techniques et les capacités nécessaires pour diligenter une telle procédure de manière correcte.

Désignation des avocats

Faute de base légale pour déléguer l'enquête disciplinaire, l'autorité de surveillance ne pouvait pas non plus confier au professeur le mandat de prendre des décisions, ajoute le TAF. Pourtant, celui-ci a déjà refusé d'admettre les avocats désignés par le procureur général de la Confédération Michael Lauber pour sa défense.

Peter Hänni invoquait un conflit d'intérêts. En effet, ces avocats défendent aussi Sepp Blatter dans les enquêtes sur la Fédération internationale de football association (FIFA). Dans son arrêt, le TAF a annulé la décision du professeur.

Pour des motifs d'économie de procédure, les juges de Saint-Gall se sont aussi penchés sur la légalité de cette interdiction de représentation. Ils sont arrivés à la conclusion que les motifs invoqués par Peter Hänni sont insuffisants. La loi sur les avocats interdit certes d'accepter un mandat en cas de conflit d'intérêts mais cette disposition a pour but de protéger le justiciable.

"Pas de conflit d'intérêt"

En l'espèce, Michael Lauber ne devait pas être protégé et il n'y avait pas non plus de conflit d'intérêts, estime le TAF. Le procureur général ne conduisait "justement pas" la procédure pénale contre Blatter. D'autre part, la procédure disciplinaire concerne les rencontres avec le président actuel de la FIFA Gianni Infantino qui, "dans les grandes lignes", ne concernent pas la procédure dirigée contre Blatter.

La procédure disciplinaire ouverte le 9 mai dernier doit permettre d'élucider les explications données par le procureur général à l'AS-MPC ainsi que ses activités dans le cadre des enquêtes dirigées contre la FIFA.

L'arrêt du TAF n'est pas définitif et peut être attaqué devant le Tribunal fédéral.

ats/nr

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La réaction de l'Autorité de surveillance du MPC

Interrogée par Keystone-ATS, L'Autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération (AS-MPC) a indiqué qu'elle reprenait dès à présent la direction de l'enquête disciplinaire visant Michael Lauber.

"L'Autorité veut garantir une procédure objective et équitable", a assuré Silvia Wellinger. La collaboratrice scientifique a ajouté que l'AS-MPC était consciente de l'urgence de la situation, d'où cette décision immédiate. Le professeur émérite Peter Hänni a été désigné début juillet pour mener l'enquête.