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Les inégalités scolaires se creusent durant les longues vacances d'été

Une étude révèle que les longues vacances estivales renforcent les inégalités scolaires entre les enfants.
Une étude révèle que les longues vacances estivales renforcent les inégalités scolaires entre les enfants. / 19h30 / 2 min. / le 5 juillet 2019
Les écoliers attendent avec impatience les vacances d'été, mais les plus vulnérables d'entre eux vont souffrir de cette longue pause. A la fin de l'été, l'écart de niveau entre les élèves issus de milieux favorisés et modestes aura grandi.

Ils trépignent tous devant leur pupitre en attendant la dernière sonnerie qui videra l'école. Les petits Romands auront ensuite près de deux mois pour profiter des vacances. Sauf que cette longue pause aura un effet pervers: elle va augmenter les inégalités entre les enfants issus de milieux pauvres et aisés.

Professeur en sciences de l'éducation à l'Université de Grenoble, Pascal Bressoux a mesuré ce phénomène chez des enfants de 6 à 8 ans. L'écart de connaissances entre les enfants issus d'un milieu socio-culturel élevé et ceux issus d'un milieu modeste était de 0,23 d'unité d'écart type avant les vacances et de 0,39 après. Un retard qui ne sera souvent pas comblé au cours de l'année.

"Certains élèves de milieux favorisés vont apprendre pendant ces vacances, tandis que d'autres vont soit garder leur niveau, soit voir ce niveau baisser du fait de pratiques familiales qui peuvent être assez différentes d'un milieu social à l'autre", explique Bruno Suchaut, directeur de l'Unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques du canton de Vaud.

Or ces pratiques dépendent largement du niveau de revenus des parents. Selon une étude genevoise, les enfants issus d'un milieu aisé partent davantage en vacances (95% contre 78% des enfants issus d'un milieu modeste) et participent plus souvent à des activités encadrées comme des stages sportifs, des colonies ou des centres aérés (60% contre 30%).

Des camps d'été meilleur marché

Pour la directrice du Centre Protestant de Vacances (CVP) Sarah Sandoz, la solution passe par des activités meilleur marché: "Il y a deux ans, des soutiens financiers supplémentaires nous ont permis de baisser le prix de nos camps de 10 à 20%. Nous avons clairement vu l'impact, car cette année, nos activités sont quasiment complètes, ce qui n'était pas le cas les autres années. Le coût a donc une importance majeure pour les familles."

Pour encourager les familles à solliciter des aides, le CPV a également installé sur son site un calculateur qui leur permet de vérifier si elles peuvent toucher des subventions.

Mieux répartir les vacances

Une autre solution serait de raccourcir les vacances d'été. Les petits Romands disposent de 7 à 8 semaines de congé, mais il existe de grandes différences dans le reste de la Suisse puisque les Bernois n'ont que 5 semaines et les Tessinois 11. A Genève, le Département de l'instruction publique envisage d'ajouter une semaine à Pâques et d'en enlever une l'été.

Une bonne initiative, mais insuffisante selon le délégué de l'Union du Corps Enseignant Secondaire Genevois, Jean-Pierre Martinet: "L'idéal serait une alternance relativement régulière entre 7 à 8 semaines de période d'apprentissage et 10 à 15 jours de période de repos, jusqu'à la fin de l'année où on aurait 6 semaines de vacances prolongées pour l'été. "

Julie Conti

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Des stages de remise à niveau

Pour permettre aux élèves les plus faibles de combler leur retard avant la rentrée, Bruno Suchaut évoque les stages de remise à niveau organisés par les écoles. Proposés une à deux semaine avant la rentrée, ils existent dans plusieurs pays. Pour qu'ils puissent remplir leur rôle, ils doivent être proposés gratuitement.

Les cahiers de vacances peuvent aussi être bénéfiques, mais leur effet n'apparaît que quand ils ont été remplis en entier. Cependant, Bruno Suchaut met en garde les parents trop zélés: les vacances sont avant tout faites pour se reposer.