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"Contre l'encéphalite, les autorités ont raison de recommander le vaccin"

Il n'y a presque plus de zones, en Suisse, où l'encéphalite à tiques ne sévit pas. [Keystone - Gaëtan Bally]
Les tiques sont de retour partout en Suisse, sauf à Genève et au Tessin / La Matinale / 1 min. / le 5 juin 2019
Après une année 2018 record en matière de cas déclarés d'encéphalite à tiques, l'Office fédéral de la santé publique recommande désormais la vaccination dans pratiquement toute la Suisse. Un conseil à suivre, selon le spécialiste Nicolas Trolliet.

Les tiques se portent très bien sous nos contrées. L’an dernier, le nombre d’encéphalites dues à cet acarien a battu un record, avec 377 cas déclarés. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) recommande désormais la vaccination à toutes les personnes qui habitent ou séjournent en Suisse et qui s’exposent aux tiques, notamment en se rendant en forêt ou de manière plus générale lors d’activités en plein air.

C'est entre avril et octobre que les tiques sont les plus actives. Autrement dit, la saison bat son plein en ce moment. Ce printemps, selon les indications de l’OFSP, l'estimation du nombre de piqûres de tiques est plutôt élevée en comparaison pluriannuelle. Les cas déclarés de borréliose de Lyme et d’encéphalite à tiques - les deux maladies les plus redoutées - correspondent, eux, aux valeurs moyennes des années précédentes.

Genève et le Tessin bientôt en zone rouge

Genève et le Tessin sont les deux derniers cantons encore relativement épargnés par l'encéphalite à tiques et dans lesquels la vaccination n'est pas encore officiellement recommandée. Mais au sud des Alpes, les autorités sanitaires tessinoises estiment que ce n’est qu'une question de temps avant que le canton italophone ne rejoigne la zone rouge nationale.

>> Lire à ce sujet notre article : Le vaccin contre l'encéphalite à tique remboursé dans toute la Suisse

Pour combattre les tiques, elles privilégient ce que l’on appelle une approche pluridisciplinaire, dite "One Health", qui vise à combattre efficacement les dangers émergents. Dans cette optique, une brochette de spécialistes d'horizons divers - médecins, spécialistes de la vaccination, vétérinaires, climatologues, biologistes, experts de la prévention - vont exposer leurs connaissances respectives dès jeudi à Locarno et explorer les pistes futures pour faire face à ce fléau.

"Les autorités sanitaires ont raison de recommander le vaccin"

Invité de La Matinale de la RTS mercredi, le spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital du Valais et substitut du médecin cantonal Nicolas Troillet confirme l'augmentation du nombre de maladies transmises par les tiques ces dernières années: "On a toujours eu des tiques en Suisse, mais elles sont maintenant plus souvent porteuses de certains pathogènes, dont celui l'encéphalite à tiques. La maladie a tendance à se répandre vers l'ouest et le sud", explique le spécialiste.

Pour lui, les autorités sanitaires suisses ont raison de recommander la vaccination aux habitants de toute la Suisse qui pratiquent des activités de plein air, même si l'encéphalite à tiques reste, avec une contamination par jour environ, une maladie assez rare: "Les cas comptabilisés ne sont que ceux pour lesquels la maladie s'est déclarée. Lorsqu'elle se déclare, elle est grave à très grave et peut laisser des séquelles. Aucun traitement spécifique n'existe", avertit le médecin, qui déplore au passage les "fake news" qui circulent au sujet des maladies transmises par les tiques. Il recommande notamment le vaccin aux randonneurs et confie s'être lui-même fait vacciner.

>> Ecouter l'interview de Nicolas Trolliet dans La Matinale :

Nicolas Troillet. [Hôpital du Valais]Hôpital du Valais
Nicolas Troillet s'exprime sur la vague de tiques / La Matinale / 6 min. / le 5 juin 2019

Ne pas sombrer dans la psychose

Faut-il pour autant se précipiter chez le médecin à la première piqûre de tique venue? "Il ne faut pas non plus que cela devienne une psychose. Des solutions existent pour se prémunir. Pour l'encéphalite, la principale est le vaccin. Pour la borréliose de Lyme , il faut observer ce qui se passe si on est piqué par une tique et consulter si on constate, notamment, une rougeur autour de la piqûre dans les jours qui suivent. Dans ce cas, un traitement peut être appliqué.

Pour Nicolas Troillet, les tiques sont là pour longtemps. Il est difficile de réduire leur nombre, et le réchauffement climatique pourrait même les faire monter plus haut en altitude, actuellement, on en trouve déjà jusqu'à 1500 voire 2000 mètres. Autrement dit, la lutte passe avant tout par l'information à la population.

>> Lire aussi : Les conseils pour faire face aux tiques et aux maladies qu'elles véhiculent

Sujet radio: Nicole della Pietra

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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