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Médecines complémentaires plébiscitées

Plus d'un million de Suisses ont plébiscité les médecines douces.
Plus d'un million de Suisses ont plébiscité les médecines douces.
Les Suisses ont plébiscité dimanche, sans surprise, les traitements alternatifs. L'article constitutionnel demandant la prise en compte des médecines complémentaires a été adopté par 67% des voix et tous les cantons.

En tout, 1,28 million de personnes ont accepté le contre-projet
élaboré par le Parlement pour obtenir le retrait d'une initiative
populaire demandant la prise en charge de toutes les médecines
douces. Près de 632'000 autres se sont opposées à l'inscription de
ce texte dans la constitution.

Vaud en tête

Les Vaudois ont été les champions du "oui", avec 78,4%. Ils sont
talonnés par les Genevois - 77,9% d'approbation - et par les
Jurassiens - 77,1%. L'engouement pour les traitements
complémentaires a été plus marqué en Suisse romande qu'outre
Sarine. Le soutien a atteint 73,6% en Valais, 73,2% à Neuchâtel et
72,5% à Fribourg. Les Bernois ont accepté l'article constitutionnel
par 66,9% des voix.



La plupart des cantons alémaniques et le Tessin ont affiché des
taux d'acceptation entre 60 et 70%. Le "oui" le plus timide a été
enregistré à Schaffhouse, avec tout de même 56,9% des votants.

Désaveu pour Pascal Couchepin

Ce score très net constitue un camouflet pour l'UDC, seul parti
gouvernemental opposé à l'article, mais surtout pour Pascal
Couchepin. Le ministre de la santé s'est toujours montré très
sceptique face aux médecines douces.



C'est sous sa houlette que l'homéopathie, la thérapie neurale, la
phytothérapie, la médecine anthroposophique et la médecine
traditionnelle chinoise ont été retirées de la liste des
prestations remboursées par l'assurance de base en 2005.

Avenir incertain

Malgré le fort taux d'acceptation, ces traitements ne seront pas
réintégrés automatiquement dans le catalogue des prestations
remboursées par l'assurance de base. L'article adopté est flou car
il demande uniquement "que la Confédération et les cantons
pourvoient, dans les limites de leurs compétences respectives, à la
prise en compte des médecines complémentaires".



Le sort des médecines complémentaires demeure donc incertain et
pourrait exiger une modification de la loi sur l'assurance
maladie.



Pour l'heure, une demande préliminaire de reconnaissance a été
déposée pour l'homéopathie, la phytothérapie, la médecine
anthroposophique et la médecine traditionnelle chinoise. Le
Département fédéral de l'intérieur devra trancher.

COUCHEPIN NE PROMET RIEN



Le ministre de la Santé Pascal Couchepin a reconnu la nette
victoire du camp des partisans des médecines complémentaires, mais
sans enthousiasme. Le Valaisan a souligné que son "souci principal"
est de "ne pas accélérer l'explosion des coûts de la santé".



Les praticiens ont jusqu'à octobre pour demander la prise en
charge de leurs traitements par le catalogue de base. Pascal
Couchepin a rappelé une fois encore que le remboursement reste lié
aux critères d'efficacité, d'adéquation et d'économicité et qu'il
compte respecter la loi. Néanmoins, celle-ci peut être changée. Ce
sera au Parlement d'en décider.



L'UDC pas surprise



Le net oui qui accompagne les médecines complémentaires n'étonne
pas le comité des opposants au texte. Il se dit néanmoins préoccupé
par la réintégration des médecines douces dans l'assurance
obligatoire, qui risque de provoquer une nouvelle hausse des coûts
de la santé et une querelle entre experts. La base
constitutionnelle va créer autant de problèmes que de solutions
prônées, selon Toni Bortoluzzi (UDC/ZH).



Selon le conseiller national, une fois de plus, un "chèque non
couvert" a été donné à la population en matière de politique
sociale et de santé. La mauvaise surprise, ce sera la hausse
massive des coûts, avertit-il par ailleurs.



Les partisans au front



Les 5 médecines complémentaires exclues de l'assurance maladie de
base doivent être réintégrées, estime la conseillère aux Etats PS
Simonetta Sommaruga. Selon elle, les gens ont compris qu'elles
peuvent être efficaces et que la médecine classique a ses limites.
"Pascal Couchepin a toujours dit qu'il ne se laisserait pas
impressionner. Mais avec plus de 2/3 de "oui", la pression
populaire est forte", juge-t-elle. "Et si Pascal Couchepin ne le
fait pas, ce sera le Parlement ou son successeur".



La conseillère nationale PDC Thérèse Meyer est plus prudente: il
faudra reprendre l'évaluation de certaines de ces médecines et voir
de manière plus approfondie si elles correspondent aux
critères.



ats/nr

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