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"L'autorité politique doit être plus agressive" face aux pharmas

L'invité de La Matinale (vidéo) - Stéphane Rossini, président du conseil de Swissmedic
L'invité de La Matinale (vidéo) - Stéphane Rossini, président du conseil de Swissmedic / La Matinale / 10 min. / le 25 mars 2019
Le prix de certains médicaments pour des maladies rares ou des cancers suscite toujours plus de réactions. Pour le patron de Swissmedic Stéphane Rossini, le politique doit augmenter la pression sur les entreprises pharmaceutiques.

Après avoir quitté le Conseil national en 2015 après 16 ans sous la Coupole fédérale, le socialiste valaisan Stéphane Rossini préside depuis l'an dernier le conseil de Swissmedic.

Invité lundi de La Matinale, il a commenté le témoignage - diffusé la semaine dernière - d'une mère qui a dû se battre pendant plusieurs années pour faire rembourser la chimiothérapie de son fils de cinq ans.

>> Lire : "J'ai dû me battre pour faire rembourser la chimio de mon fils"

"Ce cas particulier est plutôt un problème lié à la caisse maladie, mais c'est aussi un élément révélateur de notre système: on a beaucoup de caisses maladie avec des pratiques plus ou moins diversifiées, avec peut-être un niveau d'information pas toujours à la hauteur et c'est choquant", estime Stéphane Rossini.

"Pour les assurés, les patients concernés, il y a la douleur, la complexité de la prise en charge, le fait de devoir assumer une organisation familiale, accompagner l'enfant qui est soigné, et en plus il faut se battre contre des assureurs. C'est très, très compliqué mais cela fait partie malheureusement de notre système."

Une industrie en quête de bénéfices

A côté de la problématique du remboursement par les caisses, il y a aussi celle de l'industrie pharmaceutique qui ne met pas beaucoup de moyens dans la recherche pour les enfants. "C'est un problème très concret", relève le patron de Swissmedic, "parce que souvent on nous fait le reproche de ne pas accepter suffisamment de médicaments - pour les enfants, pour d'autres types de maladies rares qui concernent les adultes également."

Mais l'industrie pharmaceutique travaille avec une quête de bénéfices, rappelle Stéphane Rossini. "Et il n'y a pas toujours un intérêt très grand à développer des médicaments pour le marché suisse ou en tout cas à demander leur admission sur le marché suisse. C'est ce qui génère assez fréquemment une confusion. On l'a souvent pour les vaccins, on l'a pour les maladies rares, on l'a pour les enfants."

Un problème qui va devenir toujours plus aigu

Celui qui est un peu le chef de la police sanitaire en Suisse se dit également choqué par les marges - parfois énormes - de cette industrie sur le prix des médicaments. "C'est normal de leur point de vue, il faut réaliser du profit. Mais c'est un problème qui va devenir de plus en plus aigu: on va être confrontés à ce genre de problématique de manière de plus en plus intense au cours de ces prochaines années, parce des médicaments développés notamment autour de la génétique vont être extrêmement chers", avertit Stéphane Rossini.

Et plus grave, l'industrie commence à changer les paradigmes en disant 'ces médicaments sont très, très chers mais si ça marche vous les payez, et si ça ne marche pas vous ne les payez pas.' C'est exactement le contraire de ce que la loi exige, que le médicament doit d'abord faire ses preuves et ensuite on le rembourse."

Et pour contrer cette agressivité des pharmas, le socialiste estime que "l'autorité politique doit être aussi beaucoup plus agressive." Il estime qu'elle devrait faire encore un peu plus de pression, "même si beaucoup de pressions ont déjà été faites (...) Il y a un vrai problème."

Propos recueillis par Elisabeth Logean/oang

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