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Les exportations de matériel de guerre explosent

Les exportations d'armes ont augmenté de plus de 55% l'an dernier.
Les exportations d'armes ont augmenté de plus de 55% l'an dernier.
Les exportations de matériel de guerre ont nettement augmenté l'an dernier. La Suisse a vendu des armes pour près de 722 millions de francs en 2008, contre 465 millions en 2007. Le Pakistan se taille la part du lion, l'Arabie Saoudite accuse une forte hausse.

Les exportations de matériel de guerre suisse ne connaissent pas
la crise. Avec une hausse de 55,4%, elles ont atteint l'an dernier
un nouveau record. Les armes ne représentent toutefois qu'une
infime partie des exportations suisses avec 0,35%, même si cette
proportion est la plus élevée depuis 1991.



Le précédent record avait été atteint en 1987 avec 578,3 millions
de francs.



C'est en 1995 que les exportations d'armes avaient atteint leur
plus bas niveau avec 141,2 millions de francs pour une part de
0,15% de l'ensemble des exportations du pays.

Pakistan bon client

Cette évolution est notamment due au Pakistan, qui est devenu le
principal client des fabricants suisses. Les exportations vers le
régime d'Islamabad se sont montées à près de 110 millions, soit
environ trois fois plus que les 37,5 millions de 2007. Le Pakistan
arrive ainsi en tête de la liste des pays de destination publiée
mardi par l'Administration fédérale des douanes.



Il s'agit notamment du controversé système de défense aérienne,
approuvé en décembre 2006 par le Conseil fédéral et dont la
livraison avait été suspendue de novembre 2007 à avril 2008 après
l'instauration de l'état d'urgence par Islamabad.



Le Pakistan est suivi par le Danemark (83,7 millions contre 42
millions), l'Allemagne (81 millions contre 61,7 millions) et la
Belgique (79,3 millions contre 5,5 millions). Parmi les importantes
augmentations figurent les exportations vers la Finlande, la
Slovénie, la Turquie, la Roumanie, l'Estonie ou la Malaisie.

Arabie Saoudite et Canada

Au Proche-Orient, les ventes vers l'Arabie Saoudite ont explosé
passant d'un montant de 485'000 francs à plus de 32 millions. Les
marchés libanais, israélien, jordanien et bahreïni ont aussi été
plus juteux qu'en 2007. En revanche, la Suisse a moins exporté
d'armes à l'Egypte (31'000 francs contre 1 million), aux Emirats
arabes unis, à Oman et au Koweït.



Le Canada a davantage importé en 2008 (9,8 millions contre 1,4
million) alors que le phénomène inverse s'est produit aux
Etats-Unis (28,8 millions contre 42 millions). Les exportations
étaient aussi en recul à destination du Brésil (4 millions contre
12,5 millions) et du Chili (495'000 francs contre 3,1 millions).
Les marchés irlandais, grec, chypriote et sud-africain étaient
aussi moins lucratifs.

Critères plus sévères

Le Conseil fédéral ne veut rien entendre d'un éventuel tour de
vis en matière d'exportations de matériel militaire, comme le
demandent certains milieux (lire encadré). Selon lui, il en va du
maintien de l'industrie d'armement helvétique, des milliers
d'emplois qu'elle offre ainsi que de la capacité de la Suisse à se
procurer les armes dont elle a besoin pour sa propre défense.



Selon le gouvernement, les mesures déjà prises suffisent à éviter
des exportations sujettes à controverse. De nouveaux critères
d'exclusion ont été ajoutés. Si l'un d'eux est rempli, l'octroi
d'une autorisation d'exportation est absolument interdit. Ce sera
le cas si le pays de destination est impliqué dans un conflit armé
interne ou international ou s'il viole systématiquement et
gravement les droits de l'homme.



Pas de vente non plus aux Etats les moins avancés parmi les
bénéficiaires de l'aide publique au développement, ainsi que s'il y
a de forts risques que les armes soient utilisées contre la
population civile ou transmises à un destinataire final non
souhaité.



ats/sbo

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Initiative populaire du GSsA

La vente de matériel de guerre à des pays en conflit latent comme le Pakistan, en permanence sur le pied de guerre comme Israël ou peu respectueux des droits de l'homme comme l'Arabie Saoudite est souvent critiquée. Elle suscite l'ire des milieux pacifistes, le Groupe pour une Suisse sans armée en tête.

Ce dernier a d'ailleurs lancé une initiative populaire, sur laquelle le peuple sera amené à se prononcer. Le texte veut empêcher l'exportation et le transit de matériel de guerre.

L'interdiction porterait aussi sur les biens militaires spécifiques (comme les avions d'entraînement ou les simulateurs) et les biens immatériels qui y sont liés. Le courtage et le commerce de tous ces biens seraient aussi prohibés si leur destinataire est à l'étranger.

En revanche, les armes de chasse et les armes de sport, les appareils servant au déminage humanitaire et les biens exportés temporairement par des autorités suisses ne seraient pas soumis à l'interdiction.

Nouveaux chiffres mi-février

Les chiffres publiés mardi portent sur les pays de destination des armes qui peuvent éventuellement les réexporter.

Le Secrétariat d'Etat fournira sa propre statistique, plus détaillée, à mi-février.

Cette dernière portera sur les pays de destination finale, où les armes sont définitivement utilisées.