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Sale journée pour l'altermondialisme

La police genevoise a procédé à une vingtaine d'interpellations.
La police genevoise a procédé à une vingtaine d'interpellations.
Vitrines de commerces et de banques brisées, véhicules incendiés: la manifestation anti-OMC samedi à Genève a été torpillée par les casseurs, qui ont contraint la police à disperser le cortège d'environ 3000 personnes. Bilan: une vingtaine d'arrestations, une blessée et des dégâts considérables.

L'après-midi avait pourtant bien commencé. Entre 2000 et 3000
manifestants, selon la police, 5000 selon les organisateurs,
s'étaient réunis sur la place Neuve, devant le Grand Théâtre de
Genève. La foule bigarrée attendait le signal du départ sous une
pointe de soleil et par une température clémente pour un mois de
novembre. Le cortège s'est ébranlé vers 14h30.



Un groupe de plusieurs dizaines de personnes, cagoulées et
entièrement vêtues de noir, s'est alors fondu parmi les
manifestants. Ces individus se sont rassemblés près de la tête du
cortège, formant un «black bloc», et sont rapidement passés à
l'action sur le quai des Bergues. Ils ont brisé à cet endroit
plusieurs vitrines et se sont attaqués à un café de la chaîne
Starbucks.

La signature du "Black Bloc"

Les autres manifestants ont
immédiatement signalé leur désapprobation en scandant en vain «pas
de dégâts, pas de dégâts!». Devant la gare routière, les casseurs
ont incendié trois voitures. Un homme a récupéré ce qu'il pouvait
dans son véhicule, avant que les flammes ne lui fassent abandonner
son entreprise téméraire. Une épaisse fumée noire a envahi la place
Dorcière et le défilé s'est complètement disloqué. Les pompiers
sont intervenus au bout d'une dizaine de minutes.



Les groupuscules de casseurs se sont ensuite engouffrés dans le
quartier des Pâquis. Ils ont été stoppés par la police près de
l'hôtel Président Wilson, où des gendarmes en tenue anti-émeute, un
canon à eau et des grenades lacrymogènes les ont réceptionnés. Les
émeutiers se sont alors dispersés dans les rues adjacentes. Le
reste du cortège, pacifique, est resté bloqué à la place des Alpes,
à l'entrée des Pâquis.



Les partis, les syndicats et les associations se sont
désolidarisés des casseurs et n'ont visiblement plus voulu
continuer la marche. La police a alors intimé l'ordre aux
manifestants de rejoindre le parc des Cropettes. Dans un
communiqué, la coordination anti-OMC a regretté «de ne pas avoir pu
mener la manifestation à son terme et de ne pas avoir pu prononcer
les discours qui avaient été prévus». Elle a aussi déploré «qu'une
minorité de personnes ait détourné la manifestation de ses
objectifs.»

Le calme à la tombée de la nuit

En fin d'après-midi, quelques
échauffourées ont éclaté derrière la gare, rue de Montbrillant. Les
gendarmes ont usé de gaz lacrymogène. Les plus virulents des
manifestants ont ensuite érigé une barricade près du parc des
Cropettes, mettant le feu à du bois, avant d'être chassés par la
police. A la tombée de la nuit, quelques agitateurs jouaient encore
au chat et à la souris avec les forces de l'ordre, mais le gros des
affrontements semblait passé. Peu avant 18h30, la circulation
automobile a été rétablie autour de la gare de Cornavin.



Selon un bilan provisoire cité par la cheffe de la police
genevoise Monica Bonfanit au "19:30" de la TSR, le black bloc a
endommagé douze commerces, dont une banque et un hôtel. Le feu a
été bouté à quatre voitures. Quinze autres véhicules, dont 3 cars,
ont été endommagés.



Nous avons arrêté 15 membres des "black bloc" et quatre voleurs, a
déclaré à la Radio Suisse Romande Monica Bonfanti, cheffe de la
police. Trois groupes bien distincts se sont livrés à des
déprédations et retournaient se dissimuler parmi les manifestants à
l'arrivée des policiers.



Une femme âgée de 80 ans, choquée par les déprédations, a lâché
son déambulateur et est tombée sur la chaussée. Souffrant d'un
hématome à la tête, elle a été reconduite à son domicile à
proximité.



agences/ps

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