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L'école, cancre de l'écologie? Des pistes pour "verdir" l'enseignement

LʹEcologie, ça commence à lʹécole! Cʹest le crédo de Damien Curnier. 
Ce jeune doctorant de la faculté des géosciences et de lʹenvironnement de lʹUniversité de Lausanne en a fait son sujet de thèse. [DR]
L'invité-e d'actualité / La Matinale / 5 min. / le 18 janvier 2019
Quel est le rôle de l'enseignement dans la lutte pour le climat? Selon le chercheur Daniel Curnier, qui a consacré une thèse à cette question, l'école pourrait faire beaucoup mieux pour préparer les futurs acteurs de la transition écologique.

Des milliers d'écoliers, apprentis et étudiants descendent vendredi dans la rue en Suisse pour une nouvelle "grève du climat". Ce n'est pourtant pas le programme scolaire qui incite les jeunes à la désobéissance civile en matière d'écologie, à en croire Daniel Curnier, docteur en sciences de l'environnement de l'Université de Lausanne, invité de La Matinale de la RTS vendredi.

"L'école a très peu changé depuis les années 1990, quand a eu lieu le sommet de Rio, mais même depuis le début du XIXe siècle quand l'école moderne s'est constituée", expose le chercheur, qui a approfondi ce sujet dans une thèse en 2017.

Des "sensibilisations" pour les plus petits

Des démarches de sensibilisation à l'écologie existent, certes, dans le plan d'étude romand, mais ces changements concernent principalement les enfants les plus jeunes, affirme Daniel Curnier. "On a intégré des thématiques comme le réchauffement climatique ou la baisse de la biodiversité dans le plan d'étude, mais de manière marginale, comme thématiques traitées principalement en géographie et en biologie." Ces grandes intentions, placées en début de cursus scolaire, n'ont que peu d'impact sur l'enseignement lui-même, note le chercheur.

Une manière plus effective serait de changer les finalités attribuées à l'institution scolaire, tel que le prône l'Unesco et comme intégré en partie au plan d'étude romand. C'est-à-dire "former de futurs citoyens, plutôt que de futurs travailleurs qui ont mémorisé un certains nombre de matières".

Les disciplines au service d'une thématique

Mais comment donner à l'écologie la place qu'elle mérite, dans un programme déjà surchargé et appelé à intégrer sans cesse de nouvelles thématiques sociales? Sans surprise, des choix s'imposent: "On ne peut pas tout faire: il faut fixer des priorités par un débat public", estime Daniel Curnier. Le découpage en disciplines, d'un autre côté, est lui aussi hérité d'une vision du monde où le savoir est morcelé.

On pourrait imaginer, au contraire, "des séquences interdisciplinaires autour des grands enjeux socio-écologiques du XXIe siècle et qui seraient traitées dans les différentes disciplines, en intégrant la lecture, le calcul, l'écriture, qui sont le fondement de l'école", avance le chercheur.

L'occasion de démonter un autre tabou, celui de la soi-disant "neutralité" de l'école. "Politiquement, l'école est tout sauf neutre. Elle est le résultat de décisions politiques passées et présentes qui s'intègrent dans un processus qui a une orientation", souligne le docteur en sciences de l'environnement. Favoriser le numérique à l'école, par exemple, s'inscrit dans une vision de la société qui est aussi une vision politique, illustre-t-il.

Créativité et passage à l'action

Le mouvement actuel des écoliers en faveur du climat est "très intéressant", conclut le chercheur: "en se mobilisant, ces jeunes développent des compétences telles que la pensée complexe, la pensée créatrice, le passage à l'action, pour prendre en charge un changement de la société."

>> Le reportage de La Matinale parmi des gymnasiens qui participent à la mobilisation :

Des écoliers et étudiants zurichois lors d'une grève pour la lutte contre le changement climatique. [Keystone - Walter Bieri]Keystone - Walter Bieri
Les élèves font grève pour le climat / La Matinale / 3 min. / le 18 janvier 2019

Propos recueillis par Romaine Morard

Adaptation web: Katharina Kubicek

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