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La culture de la truffe se développe en Suisse romande

Le commerce des truffes d’origine suisse se développe grâce au développement des vergers truffiers
Le commerce des truffes d’origine suisse se développe grâce au développement des vergers truffiers / 19h30 / 4 min. / le 23 décembre 2018
Encore méconnu il y a quelques années, le commerce des truffes d’origine suisse se développe dans le pays. Grâce notamment à la plantation récente de plusieurs hectares de vergers truffiers.

François Blondel est pépiniériste à Genolier. Il y a 15 ans, il se prend de passion pour les truffes, et décide d’apprendre comment les cultiver. A l’époque la pratique est courante en France et en Italie mais totalement méconnue en Suisse, bien que le pays présente d’excellentes conditions pour le champignon. "Le pied du Jura, les régions de Bienne et de Fribourg ont d'excellents lieux de production, assure le pépiniériste. Les terres sont vraiment propices."

Il part donc se former à l’étranger et rapporte le savoir-faire dans le pays. "On prend une truffe mûre, nous détaille-t-il, on la broie, on la mélange à une terre spécifique et on y plante la graine de l’arbre. L'association va se faire naturellement aux sein du développement de la plante." La terre de Suisse romande convient généralement à la truffe dite de Bourgogne, mais toutes les variétés peuvent êtes obtenues par ce procédé, y compris la célèbre truffe blanche d’Alba.

Phase de diversification

Depuis 2008 François Blondel a planté une quarantaine d’hectares de vergers dans une cinquantaine d'exploitations. Une douzaine seulement sont en production puisqu’il faut attendre en moyenne huit ans avant que l’arbre produise ses premières truffes. "Sous réserve que le sol soit propice, tout le monde peut avoir un plant truffier. Maintenant ça demande quand même pas mal de travail, ça fait appel à pas mal de connaissances. Notre clientèle est donc essentiellement composée de viticulteurs et d’agriculteurs en phase de diversification."

François Blondel est aujourd’hui l’un des seuls à fournir des plants truffiers en Suisse. Mais le développement de cette branche est appelé à se prolonger. Dans le canton de Vaud, l’Etat a décidé de soutenir financièrement la trufficulture et dépense chaque année près de 20’000 francs pour aider des agriculteurs à planter leur verger.

"Le canton soutient les cultures innovantes, explique Pascal Mayor, de la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires. C’est une culture qui est intéressante à plusieurs niveaux, puisqu'elle peut amener une diversification en termes de production et de revenu pour l’agriculteur. Ce soutien est venu de là."

Intérêt financier

Fabien Chappuis est l’un de ceux qui en ont bénéficié. Agriculteur à Cuarnens, au pied du Jura, il cultive déjà des céréales et voit dans la truffe un moyen de se diversifier. En 2011, il contacte la pépinière de Genolier et plante un verger, mais depuis, il attend l’arrivée de sa première récolte. Cet automne, toujours rien au pied de ses arbres. Il constate néanmoins un véritable intérêt des consommateurs pour ce produit de luxe. "Quand mes amis me croisent, ils ne me disent plus 'salut Fabien' mais 'Salut Fabien t’as de la truffe?'. Donc c’est intéressant de voir que les gens s’intéressent à cette culture plus qu’à du blé ou du colza."

Il y a aussi un intérêt évident au niveau financier. "C’est moi qui vais plus ou moins décider du prix de vente de mes truffes et à qui je les commercialise. On n’a pas les gros distributeurs qui nous tapent sur la tête." Fabien Chappuis espère une production annuelle de 20 à 30 kilos. De quoi rentabiliser son investissement. En Suisse les truffes se vendent, suivant la variété, entre 600 et 1800 francs le kilo.

Céine Brichet

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20% en provenance de vergers

Actuellement en Suisse, 80% des truffes viennent des forêts et 20% de vergers. Mais le nombre croissant d’amateurs, qui la cherchent sans connaître les bons gestes la met aujourd’hui en péril en milieu naturel.

"Les zones où on avait une récolte régulière commencent à sérieusement diminuer, constate François Blondel. Je pense sérieusement que dans les 5 à 10 années à venir, la production sera donc pas loin du néant. D’où l'intérêt, à mon avis, de planter aujourd'hui pour récolter demain."