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Coup de frein de l'UE au projet de recherche "Time Machine" de l'EPFL

Frédéric Kaplan. [Time Machine EPFL]
Coup de frein de l'UE au projet "Time Machine" de l'EPFL: interview de Frédéric Kaplan / Forum / 6 min. / le 16 mai 2019
La Commission européenne a décidé de stopper le processus de sélection de ses prochains programmes de recherche géants "FET Flagships". Six projets, dont celui de l'EPFL, sont touchés.

La décision, annoncée mercredi par la revue Science, a été arrêtée au mois de mars. Interrogé par le média scientifique, le directeur de la politique de recherches au sein de la Direction générale de la recherche et de l’innovation, à Bruxelles, justifie la décision par "un trop grand nombre d'instruments et d'approches de financement différents".

Les humanités digitales de l'EPFL dans la course

Parmi les six finalistes de cette sélection figure le projet européen "Time Machine" piloté par Frédéric Kaplan du Laboratoire d'humanités digitales de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Il vise à cartographier 2000 ans d'histoire européenne et transformer archives et collections de musées en un système d'informations digitales (lire encadré).

>> Lire : L'Europe a sélectionné la "machine à remonter le temps" de l'EPFL

Embryon de ce projet européen, l'EPFL avait lancé en 2012 le projet "Venice Time Machine", déjà piloté par Frédéric Kaplan.

La timbale pour le projet gagnant

Ce programme de recherche géant baptisé FET (Technologies futures et émergentes) devait permettre à l'un des six finalistes de décrocher un financement de 1,1 milliard de francs sur dix ans à partir de 2020. Chacun des projets avait reçu en mars dernier un montant d'1,1 million de francs pour affronter la dernière ligne droite de ce concours scientifique.

Les "Flagships" déjà en cours, comme le Human Brain Project qui implique également l'EPFL, ne sont pas concernés par cette décision.

>> Lire : Appel à une nouvelle gouvernance pour le Human Brain Project

ats/oang

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L'EPFL déterminée à poursuivre son projet

L’EPFL réagit en regrettant que l’Europe ait interrompu les futurs programmes Flagship. L'équipe de Time Machine entend toutefois poursuivre son travail et trouver de nouveaux financements.

La haute école lausannoise souligne que Time Machine a obtenu la meilleure évaluation du jury en début d'année. "Sa portée s’étendait dès le départ bien au-delà des dix années prévues par le financement européen", souligne Andreas Mortensen, vice-président pour la recherche à la haute école.

Porteur du projet, Frédéric Kaplan rappelle que celui-ci développera des effets largement supérieurs à la connaissance historique des villes européennes: "Il s’agit de créer et de mettre à disposition de la société l’un des systèmes d’intelligence artificielle les plus sophistiqués qui soit".

Une alliance unique et un réseau de villes

Le projet "Time Machine" réunit, selon l'EPFL, "une alliance unique d’importantes organisations académiques et de recherche en Europe, d’institutions d’héritage culturel et d’entreprises privées."

Outre les 33 principales institutions scientifiques qui devraient être financées par la Commission européenne, plus de 200 organisations issues de 33 pays y participent.

Parmi elles, sept bibliothèques nationales dont la Bibliothèque nationale suisse, 19 archives étatiques, dont les Archives fédérales, de célèbres musées comme celui du Louvre, 95 institutions académiques et de recherche, 30 entreprises européennes et 18 organes gouvernementaux.

"Time Machine" est aussi un réseau de villes toujours plus vaste. A leur niveau, des projets sont actuellement en phase de développement à Venise (par l'EPFL), Amsterdam, Paris, Budapest ou Nuremberg, notamment.