"Ramassis de stéréotypes", "consternant, "dégradant": le petit livre "On a chopé la puberté", co-écrit par trois auteures françaises à l'intention des préadolescentes, provoque depuis vendredi une déferlante de critiques sur les réseaux sociaux.
A l'origine de la polémique, un post Facebook du groupe "The Nasty Uterus - La rage de l'utérus", qui dénonce "un ouvrage imprégné de la culture du viol". "Tu as 9 ans, tu es enfin un objet sexuel", brocarde le collectif.
Polémique
En cause, plusieurs pages où les auteures expliquent notamment aux jeunes filles comment éviter "la honte des tétons qui pointent" - porter deux débardeurs - quelle posture adopter pour faire davantage ressortir sa poitrine ou comment réagir au harcèlement des garçons - adapter son attitude.
La polémique a rapidement été relayée sur les réseaux sociaux, et une pétition a été lancée dans la foulée pour retirer le livre du marché. Samedi en fin d'après-midi, le texte avait récolté plus de 118'000 signatures.
kkub
Un livre pas réimprimé
Face au tollé suscité par la publication, les éditions Milan ont d'abord répondu sur leur site afin d'expliquer la démarche du livre: "Cacher les questionnements des jeunes filles, leurs angoisses - voire les juger en estimant que certaines de leurs préoccupations sont superficielles, futiles ou d'un autre temps - nous paraît être à l'opposé de l'accompagnement nécessaire."
Samedi soir, elles ont annoncé dans un communiqué que le livre ne serait pas réédité. "Dans un contexte où il semble impossible d’avoir un débat serein, nous entendons les craintes et les interrogations. C’est pourquoi, dans un souci d’apaisement, nous avons pris la décision de ne pas réimprimer cet ouvrage, aujourd’hui en rupture de stock", écrivent-elles.
Les auteurs parlent de ton "humoristique"
Les auteures, de leur côté, rappellent le ton "humoristique" du livre, qui se présente comme rédigé par quatre adolescentes elles-mêmes. "Il s'agit d'une BD autobiographique, où je me présente avec mes trois copines d'enfance", explique l'illustratrice, qui dénonce les commentaires "incroyablement agressifs" d'un "lynchage" sur les réseaux sociaux. "On appelle au retour de l'autodafé, sans avoir ouvert les bouquins et d'après des extraits hors-sol".