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Les militants anti-pipeline du Dakota considérés comme des terroristes

Manifestants amérindiens opposés à l'oléoduc, sur le site de Cannon Ball dans le Dakota du Nord, ce dimanche 4 décembre 2016.
Manifestants amérindiens opposés à l'oléoduc, sur le site de Cannon Ball dans le Dakota du Nord, ce dimanche 4 décembre 2016.
Des documents obtenus par The Intercept montrent comment une société de sécurité privée recourt à des méthodes quasi-militaires à l'égard des Amérindiens qui s'opposent à la construction d'un oléoduc aux Etats-Unis.

Mandatée par Energy Transfer Partners pour protéger le chantier du "Dakota Access Pipeline", la société de sécurité privée TigerSwan a mis en place une "surveillance invasive" des manifestants opposés à l'oléoduc, révèle The Intercept qui s'est procuré des documents internes.

Ces données montrent que TigerSwan infiltre des groupes d'opposants, les filme en continu par hélicoptère et fournit des renseignements aux forces de l'ordre. Il ressort surtout que la société les considère comme une menace à la sécurité nationale.

Approche militariste et hostilité

"TigerSwan décrit ces manifestants pacifiques en utilisant un langage (...) approprié pour des opérations de contre-terrorisme dans une zone de conflit", note The Intercept. Les manifestants sont des "terroristes", leurs actions sont des "attaques", leurs camps "un champ de bataille".

Le mouvement, initié par des Amérindiens dont la réserve sera traversée par l'oléoduc, est même assimilé aux insurrections djihadistes.

ptur

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Profilage ethnique et religieux

Les documents révèlent que TigerSwan procède à un profilage ethnique et religieux des manifestants. Les activistes musulmans - ou supposés l'être - sont particulièrement ciblés. Dans un rapport du mois de septembre, on lit ainsi que "la présence additionnelle de Palestiniens dans le camp, et l'implication du mouvement avec des individus islamiques [sic] est une dynamique nécessitant un examen plus poussé." Le rapport reconnaît qu'"il n'y a actuellement pas d'information suggérant des tactiques ou des opérations de type terroriste" mais estime que "cela ne peut pas être exclu".

Interrogé par The Intercept, un des militants palestiniens cités nommément dans ce rapport dit être "choqué" d'y figurer. "En tant que peuple indigène, les Palestiniens sont solidaires des autres peuples indigènes et de leur droit à la terre, à l'eau et à la souveraineté", explique-t-il au site. "Insinuer que notre foi supposée est le signe de tactiques terroristes est une nouvelle illustration (...) des tentatives répétées du système de criminaliser les manifestations non-violentes et de justifier la violence à leur égard."

Un travail de sape des manifestations, pour The Intercept

Au cours des dernières semaines, le rôle de TigerSwan s'est élargi et inclut désormais la surveillance de réseaux militants seulement très indirectement liés à l'oléoduc, notamment des manifestations anti-Trump, souligne The Intercept.

Pour le site d'investigation, "à l'heure où la police se militarise et où de plus en plus d'Etats américains votent des lois pénalisant les manifestations, le fait qu'une société de sécurité privée, mandatée par un géant de l'industrie énergétique, coordonne ses efforts avec les forces de l'ordre (...) pour déstabiliser les mouvements de protestation a des implications profondément anti-démocratiques".

Le Courrier rapporte que plusieurs activistes sioux seront à Genève du 6 au 8 juin pour promouvoir leur mobilisation contre le projet de pipeline.