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"La lutte contre le sida ne passe plus par le 'tout capote'"

L'invité-e de Romain Clivaz - Alexandra Calmy, responsable de la consultation VIH-sida des HUG
L'invité-e de Romain Clivaz - Alexandra Calmy, responsable de la consultation VIH/sida des HUG / La Matinale / 8 min. / le 1 décembre 2017
A l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre le sida vendredi, Alexandra Calmy, responsable de l'unité VIH aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), évoque les changements dans la prévention de cette maladie.

Quelque 36,7 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde et environ 20'000 en Suisse. En 2016, 542 nouveaux cas de VIH ont été diagnostiqués au sein de la Confédération, soit une hausse de 1% par rapport à l'année précédente. C'est la deuxième année consécutive que la tendance à la baisse ne s'est pas vérifiée, alors que le nombre de cas diminuait pratiquement sans exception depuis 2008.

"(La pandémie du sida) n'est pas en train de se résorber. Il y a toujours 500 voire 550 nouveaux cas (tous les ans), et cela fait presque une dizaine d'années que ce chiffre ne s'est pas modifié. Par contre le visage de la maladie a changé", explique Alexandra Calmy sur les ondes de la RTS vendredi.

Pour la spécialiste, les moeurs autour du virus ont grandement changé depuis les années 1990, où la prévention était largement basée autour du port du préservatif. "Je pense que le 'tout capote' est terminé aussi. Il suffit de lire les enquêtes sur le comportement sexuel des Suissesses et des Suisses... Il y a d'autres moyens de prévention que l'on peut utiliser."

"On ne meurt plus du sida en Suisse"

Alexandra Calmy relève également les progrès de la médecine. "En Suisse, majoritairement, on ne meurt plus du sida, on meurt avec le virus du VIH."

Mais il faut aller plus loin, selon elle. "Pendant longtemps, on a dit 'c'est super, il y a des traitements, les personnes sont en meilleure santé'. Encore faut-il offrir une qualité de vie à cette meilleure santé. Un des enjeux désormais en Suisse, ce n'est pas seulement de vivre avec, mais de bien vivre avec."

Traitements au Nord et malades au Sud?

Pendant des années, les pays les plus concernés par le sida se situaient surtout au Sud. "C'était vrai. Mais il faut éviter de caricaturer aujourd'hui", affirme Alexandra Calmy.

"L'Afrique est très hétérogène, l'Europe aussi, notamment l'Europe de l'Est, où le nombre de nouvelles infections en 2016 a été extrêmement important. A l'inverse, des pays africains comme le Botswana, par exemple, ont atteint les cibles de dépistages et de traitements de l'ONU."

Propos recueillis par Romain Clivaz

Texte web: hend

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Les séropositifs toujours visés par la discrimination

Harcèlement sur le lieu de travail, licenciements, refus de prise en charge de traitements, mises à l'écart dans le privé: les personnes séropositives continuent de faire l'objet de discriminations. En Suisse, 118 cas ont été déclarés en 2017, un record depuis 2006.

La plupart des discriminations sont en rapport avec les assurances sociales (40) ou privées (24), précise l'Aide suisse contre le sida (ASS) dans un dossier à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre ce virus, le 1er décembre.

Cette association recense aussi dix cas liés au lieu de travail, huit au droit d'entrée et de séjour, six au droit des étrangers et 14 à la violation de la protection des données.