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Podcast - La nicotine, ça soigne vraiment le Covid?

Certains médecins font état d’une sous-représentation des fumeurs chez les patients atteints du Covid-19.
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La région espagnole de la Galice interdit aux fumeurs de fumer à moins de deux mètres des passants dans la rue.
Un an après l'annonce du premier cas de coronavirus et de sa première victime en Suisse, Le Point J vous propose de revenir, tous les jeudis durant un mois, sur les traitements anti-Covid dont on a beaucoup parlé. C'est la nicotine qui est abordée dans ce deuxième épisode.

La nicotine comme traitement contre le Covid-19, l’idée paraît étrange, voire indécente, mais elle ne sort pas de nulle part. Elle date d’avril dernier, depuis les premiers constats, dans des hôpitaux chinois, américains et français, que la proportion de fumeurs était très faible - entre 8 et 12,5% -parmi les patients ambulatoires ou hospitalisés infectés par le Covid.

Ce qui a poussé l’AP-HP (qui regroupe les 39 hôpitaux universitaires de Paris) à lancer, en novembre, une vaste étude sur le sujet, Nicovid Prev. Jusqu’à la fin de cette année, environ 1600 personnels soignants vont porter, pour certains un timbre placebo, pour d’autres un patch à la nicotine. Les résultats de cette étude sont attendus pour juin 2022.

Etude de suivi nécessaire

Dans Le Point J, le professeur Ivan Berlin se montre très sceptique quant à l’effet protecteur de la nicotine. Pour ce collaborateur scientifique à Unisanté et à l’UNIL, médecin interne à la Pitié Salpêtrière et au CHUV et auteur de nombreuses études sur la tabacologie, il faudrait une étude de suivi sur un grand nombre de personnes et sur le long terme pour parler de l’effet protecteur de la nicotine, ce qui n’est pas le cas avec Nicovid Prev.

"", estime-t-il

Il est difficile de concevoir que la maladie serait plus grave chez les fumeurs et que la nicotine aurait un effet protecteur.

Ivan Berlin

Ivan Berlin ne nie pas que la nicotine puisse jouer un rôle prophylactique, ni qu’il y a effectivement moins de fumeurs parmi les personnes qui consultent ou qui sont hospitalisées pour le Covid-19.

Seulement pour lui, "la comparaison ne tient pas la route: comparer deux pourcentages, sans prendre en considération la comorbidité, l’âge ou la proportion d’hommes et de femmes, ça ne veut pas dire grand-chose". Il ajoute qu’il y a aussi des données totalement contraires qui montrent que le virus s’avère plus grave chez les fumeurs, à âge égal. "Il est difficile de concevoir que la maladie serait plus grave chez les fumeurs et que la nicotine aurait un effet protecteur, ce n’est pas impossible, mais les arguments sont faibles."

Le point J

Davy Bailly-Basin et l'équipe du Point J

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