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La septicémie tue deux fois plus qu'on ne le pensait, selon une étude

Des bactéries dans du sang.
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La septicémie tue deux fois plus qu'on ne le pensait / CQFD / 8 min. / le 20 janvier 2020
Un décès sur cinq dans le monde est causé par une septicémie, selon une étude américaine parue dans la revue The Lancet. Cette infection du sang est donc à l'origine de deux fois plus de morts qu'on ne le pensait précédemment.

Les chercheurs ont estimé à 48,9 millions le nombre de cas de septicémie (ou sepsis) dans le monde en 2017, et à 11 millions de morts. Cette infection grave apparaît lorsque l’organisme combat une première infection, provoquée par une bactérie, ou parfois un virus ou un champignon. Si elle est mal soignée, la première infection peut se généraliser dans l'organisme par le sang, et entraîner une défaillance des organes.

Ce sont les pays les plus pauvres, en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est, et les personnes les plus faibles, notamment les enfants de moins de cinq ans ou les personnes âgées, qui sont majoritairement touchées. Mais on peut mourir d'un choc septique à tout âge, comme l'acteur Guillaume Depardieu en 2008, à 37 ans.

En France, on estime à 30'000 le nombre de décès dus au sepsis et à environ 400 cas par an en Suisse romande.

Des données plus globales

"On avait une suspicion que le nombre de cas était sous-estimé, et cela a été confirmé par cette étude du Lancet", explique Thierry Calandra, chef du service des maladies infectieuses au CHUV, lundi dans l'émission CQFD.

Il précise que, jusqu'à cette recherche, "les données que l'on avait à disposition provenaient d'un nombre limité de pays". "L'étude du Lancet apporte des données globales, mondiales, d'un nombre de pays plus important. Elle inclut des pays à revenus bas ou moyens et confirme leur incidence augmentée", explique le médecin. Il ajoute que l'étude englobe aussi les enfants, ce qui n'était pas le cas jusque-là, et démontre également leur incidence élevée.

Infection "difficile à diagnostiquer"

Thierry Calandra explique que le nombre de cas de sepsis "sont revus à la hausse", aussi parce que l'infection est "difficile à diagnostiquer". Un choc septique commence souvent comme "une infection banale, et tout d'un coup les choses s'accélèrent de manière dramatique, foudroyante", précise-t-il. Et d'ajouter que "les infections virales peuvent se transformer en sepsis".

Mais les chiffres divergent. Pour certains, la septicémie touche 25 millions de cas par année, dont 8 millions sont mortels. D'autres évoquent un décès toutes les cinq secondes dus à un choc septique. Pourtant, quels que soient les chiffres, ce qui étonne, c'est que l'on peut mourir de septicémie malgré les antibiotiques.

La résistance aux antibiotiques "peut expliquer un certain nombre de cas, en particulier dans les pays qui ont une incidence élevée de germes résistants, par exemple l'Italie, la Grèce ou la Turquie. On a aussi des germes résistants en Suisse, mais en nombre limité", explique Thierry Calandra. "Mais indépendamment de cela, vous pouvez avoir une manifestation clinique qui vous amène à un état de choc septique, avant que vous ayez eu le temps de faire quoi que ce soit", ajoute-t-il.

"Besoin de plus de données"

Les cas de septicémie sont une priorité "à l'échelon mondial, comme le démontre l'article", estime Thierry Calandra. "Dans les pays industrialisés, est-ce une priorité de santé publique ou un problème? Pour le dire, on a besoin de plus de données, locales, régionales et nationales. Une chose que nous avons initiée au CHUV pour dénombrer, quantifier et introduire des mesures de détection rapide et de traitement précoce", souligne-t-il.

Sujet radio: Sarah Dirren

Adaptation web: Jessica Vial

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