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Les HUG innovent pour les patients en situation de handicap mental

Handicap flou
Pour mieux soigner les personnes touchées par un handicap mental, les HUG ont créé une équipe spécifique. / L'actu en vidéo / 3 min. / le 9 avril 2019
Première en Suisse: pour mieux soigner les personnes avec un handicap mental, les HUG ont créé une équipe spécifique. Une neurologue et une infirmière assurent le suivi de ces patients qui posent souvent des problèmes au personnel soignant.

Anne-Chantal Héritier est neurologue. Depuis deux ans, elle occupe aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) le poste de médecin référent handicap dédié aux personnes avec une déficience intellectuelle, des troubles du spectre de l'autisme ou polyhandicapés. Elle est la seule en Suisse.

"Une spécialisation médicale du handicap n'existe pas", explique au 19h30 Anne-Chantal Héritier. "Il n'y a pas de FMH du handicap, donc j'ai eu le privilège de pouvoir composer mon poste ici comme médecin référent handicap aux HUG."

Sa mission: faire le lien entre les différentes équipes médicales et des patients particulièrement vulnérables à l'hôpital. Stressés et anxieux, ceux-ci ont souvent du mal à communiquer et à comprendre les examens. Elle est là pour les leur expliquer et les rassurer.

Des "personnes ressources" pour l'équipe soignante

Avec l'infirmière Isabelle Royannez, elle représente également une personne ressource pour les soignants qui connaissent mal les spécificités de ces patients avec un handicap mental. Les deux femmes ont créé une fiche d'admission handicap, remplie par les proches ou les éducateurs qui donnent des informations précieuses pour la prise en charge.

"Ce sont des conseils pour rentrer en contact avec la personne (...): qu'est-ce qui est fait habituellement et qui fonctionne pour la douleur, pour le rassurer...", précise Isabelle Royannez. L'infirmière est souvent appelée par le service des Urgences pour mieux prendre en charge la personne en situation de handicap, notamment pour éviter de la faire trop attendre, au milieu d'autres patients.

"Si on arrive à soigner les personnes en situation de handicap avec une déficience intellectuelle, c'est qu'on arrivera à soigner le reste de la population. Si on est bon avec eux, on sera bon avec tout le monde", estime-t-elle.

Actuellement, 538 patients en situation de handicap mental sont référencés aux HUG avec une fiche d'admission handicap.

>> Ecouter les précisions de la spécialiste Séverine Lalive d'Epinay Raemy dans le 19h30 :

Séverine Lalive Raemy: le risque d'être mal ou pas soigné à l'hôpital existe lorsque l'on souffre d'un handicap.
Séverine Lalive Raemy: le risque d'être mal ou pas soigné à l'hôpital existe lorsque l'on souffre d'un handicap. / 19h30 / 2 min. / le 8 avril 2019

Un meilleur suivi à l'extérieur de l'hôpital

Mieux soigner, c'est également assurer un meilleur suivi à l'extérieur de l'hôpital. Une fois par trimestre, Anne-Chantal Héritier participe aux consultations organisées dans un foyer avec le personnel soignant de l'établissement et les proches des résidents. Essayer un nouveau médicament, prévoir un examen, une opération, tout est discuté en équipe avec la famille car l'objectif est de prendre en charge la personne dans sa globalité.

Pour Anne-Chantal Héritier, sa mission résonne par ailleurs avec son histoire personnelle. "J'ai un frère aîné en situation de polyhandicap et je pense que c'est ça qui a orienté mon parcours professionnel", confie la neurologue. "Et oui cela donne sens à ma profession d'essayer de comprendre les personnes en situation de handicap et les soigner le mieux possible."

Exception dans le monde médical suisse, ce poste de référent handicap s'inscrit pourtant dans une démarche plus large: le retour d'une médecine à visage humain.

Fanny Moille

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