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Des terres au Québec sont protégées de l'urbanisation à perpétuité

Des terres au Québec sont protégées de l'urbanisation à perpétuité. [AFP - Gardel Bertrand / hemis.fr]
Des terres protégées de l’urbanisation au Québec / Tout un monde / 4 min. / le 1 juin 2023
Au Canada, le Québec dispose d'un mécanisme de protection de forêts à perpétuité. Une dizaine d'organismes de conservation indépendants prennent en charge des portions de territoires, données ou achetées par des citoyens. Reportage sur ces terrains à l'abri de l'urbanisation.

Dans la région québécoise de Lanaudière, située à une heure de route de Montréal, Joannie, une étudiante, plante un érable dans un sol très humide. Les terres noires, d'anciens marécages transformés, ont longtemps servi de décharge, après avoir été exploitées pour en extraire la tourbe.

Les 20 hectares de ces terrains ont désormais le statut de réserve naturelle écologique et appartiennent à Fiducie Lanaudière, un organisme de conservation.

Le professeur Daniel Kneeshaw, qui dirige une équipe d'étudiantes et étudiants dont fait partie Joannie, raconte que beaucoup de membres de l'organisme sont venus travailler sur ces lieux pour s'occuper du "sale job". "Le fait que les étudiantes et les étudiants reviennent année après année est très encourageant", déclare-t-il dans l'émission Tout un monde, au bord d'un étang dans lequel vivent grenouilles, salamandres et oiseaux, là où il n'y avait rien il y a 7 ans.

Une protection à vie

Fiducie Lanaudière a reçu un don de Jean et Réal Baril, deux frères qui ont cédé près de 90 hectares de forêt sauvage qu'ils possédaient depuis 20 ans. Craignant de la voir disparaître avec l'arrivée de promoteurs dans la région, ils tenaient à ce qu'elle soit protégée.

En remettant leur forêt à Fiducie Lanaudière, les deux frères s'assurent ainsi que leur forêt ne sera jamais exploitée ou rasée, et cela à perpétuité. Un acte signé devant un notaire le certifie.

"Le prix des terrains au bord d'un lac a explosé au Québec. L'idée est de s'assurer qu'il y ait encore des milieux naturels qui subsistent dans 20 ou 40 ans en milieu habité dans le sud de la province en cédant notre terre à des organismes de conservation", indique l'un des propriétaires, pour qui il s'agit d'un geste pour la protection de la biodiversité.

L'action doit aussi permettre selon lui d'atteindre l'objectif de 30% de protection des territoires que sont fixés les pays lors de la conférence de l'ONU de Montréal en décembre dernier.

Confiance dans les organismes indépendants

La possible disparition de l'organisation Fiducie Lanaudière a même été actée. "Nous avons prévu dans l'acte fondateur de transférer tout notre patrimoine à un autre organisme qui a exactement la même mission que nous dans le cas où nous serions plus capable de répondre à nos obligations, financières par exemple, afin d'être certains que les terrains ne se retrouvent pas sur le marché", explique Michel Leboeuf, responsable de Fiducie Lanaudière.

Ancien avocat en droit environnemental, le donateur Jean Baril ne fait pas entièrement confiance au gouvernement pour protéger sa forêt "étant donné les changements d'orientation politique". "Concernant l'organisation légale des organismes de conservation comme la Fiducie, je n'ai aucun doute sur la vocation à long terme de conservation. La forêt des Baril demeurera à perpétuité", affirme-t-il.

Un peu partout au Québec, ce type d'organisations sollicitent des dons de forêt ou mobilisent les citoyens pour acheter des terres sauvages, en espérant que la biodiversité prenne le pas sur l'urbanisation et l'exploitation de la nature.

Pascale Guéricolas/iar

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