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La COP26, sommet du dernier espoir pour limiter à temps la surchauffe

L’action des États depuis l’Accord de Paris en 2015 ne permet toujours pas de limiter le réchauffement de la planète. Détail des enjeux majeurs de la COP26
L’action des États depuis l’Accord de Paris en 2015 ne permet toujours pas de limiter le réchauffement de la planète. Détail des enjeux majeurs de la COP26 / 19h30 / 2 min. / le 31 octobre 2021
Les dirigeants de 190 pays ont rendez-vous dès dimanche à Glasgow, en Ecosse, pour la COP26. Cette conférence de l'ONU sur le climat est la plus importante depuis la signature de l'accord de Paris en 2015. Les enjeux.

"Nous avons un pouvoir immense. Nous pouvons soit sauver notre monde, soit condamner l'humanité à un avenir infernal". Ce sont les mots alarmants du secrétaire général de l'ONU, António Guterres, prononcés devant les ministres d'une cinquantaine de pays réunis début octobre pour préparer cette échéance cruciale.

C'est que l'urgence climatique n'a jamais semblé aussi présente. Depuis la signature des Accords de Paris il y a 6 ans, les concentrations de CO2 continuent d'augmenter. Elles ont atteint un nouveau record en 2020, à 413,2 parties par million (ppm), soit près de 150% plus élevés que la période préindustrielle.

L'ère préindustrielle sert généralement de référence. Les concentrations de CO2 ont fluctué durant plus de 800'000 ans entre 170 et 280 ppm. Depuis 1750 et l'utilisation du charbon, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont augmenté, dépassant la barre des 300 ppm au début des années 1900.

Durant ce siècle, l'industrialisation s'est globalisée. Au charbon s'est ajouté le pétrole et le gaz naturel, que l'on brûle plus que jamais pour l'industrie, le transport ou le chauffage. Ce CO2 qui en résulte est responsable de 81% des émissions de gaz a effet de serre, avec le méthane (11%), le protoxyde d'azote (5%) et les hydrofluorocarbures (2%).

Depuis les années 1970, les concentrations de CO2 s'intensifient avec une régularité implacable. On culmine aujourd'hui à une moyenne de 413 ppm.

Du jamais vu en 2 millions d'années

"C'est une valeur qui n'a jamais été mesurée sur les 800'000 dernières années. Et même 2 millions d'années. A ce moment-là, la concentration de CO2 était aussi haute qu'aujourd'hui, mais il s'agissait de variations naturelles. Ce pic aujourd'hui, c'est l'humanité qui en est responsable", précise au 19h30 Thomas Frölicher, professeur au Département de physique climatique et environnementale à l'Université de Berne.

Aux yeux de 800'000 ans d'histoire de CO2 dans l'atmosphère, ce pic qui ne cesse de monter doit être stoppé, afin de limiter le réchauffement induit par l'effet de serre.

Des engagements historiques pris à Paris en 2015 prévoyaient de limiter les émissions de CO2, afin de limiter le réchauffement à moins de 2 degrés, voire 1,5 degré par rapport à l'ère pré-industrielle d'ici 2100.

L'heure du bilan

La COP26 sera le premier sommet où les progrès accomplis (ou non) depuis la signature de l'accord de Paris seront examinés. D'ores et déjà, les multiples rapports publiés ces dernières semaines se montrent plutôt critiques. Les émissions de CO2 dépassent encore de loin ce qu'il faudrait pour inverser la tendance.

Avec l'intensité des catastrophes naturelles qui ont déferlé sur le monde cette dernière année et le rapport alarmiste du GIEC sur le climat, la pression est désormais maximale.

Les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ont en effet semoncé les dirigeants de la planète, en affirmant que le seuil de +1,5 degré serait atteint en 2030, soit 10 ans plus tôt que la précédente estimation.

>> Relire : Le réchauffement climatique s'accélère, alerte le GIEC dans un rapport choc

Conséquences dramatiques

Si rien n'est fait, les conséquences peuvent être désastreuses. Les catastrophes climatiques, telles que nous les avons vécues l'été derniers - inondations meurtrières en Allemagne, incendies en Grèce et ailleurs - vont s'intensifier et se multiplier.

La planète se réchauffe et la tendance s'accélère. La multiplication des périodes de canicule pourrait à l'avenir rendre certaines zones du globe totalement hostiles à la vie humaine. Le dérèglement des précipitations et l'augmentation des épisodes de sécheresse vont affecter les ressources en eau, provoquant des pénuries.

Avec la fonte des glaciers et l'élévation du niveau des mers, ce réchauffement pourrait engendrer le déplacement de millions d'être humains, sans compter le nombre d'espèces menacées d'extinction. Selon rapport de l'ONU publié ce mois, l'Afrique pourrait ne plus avoir de glacier dans 20 ans et sa population serait la plus menacée.

>> Lire aussi : Le réchauffement climatique menace des millions de personnes en Afrique

Pressions politiques

Les scientifiques parlent d’urgence pour l'humanité et mettent la pression sur les politiques pour inverser la courbe. Pour Thomas Frölicher, de l'université de Berne, "ce sont les décisions politiques qui créent les conditions cadre pour que cet objectif puisse être atteint. Il ne suffit pas que chacun regarde pour soi. Il faut vraiment qu'un cadre commun soit posé pour rendre possible cette transformation".

Parmi les sujets abordés à Glasgow figurera également la participation financière que les pays industrialisés ont promis de fournir aux Etats les plus touchés par le réchauffement climatique. Selon les premières observations, la solidarité internationale n'a pas été au rendez-vous. pourtant, les pays du G20, les plus riches de la planète, sont responsables de 80% des émissions de la planète.

Feriel Mestiri, avec Pascal Jeannerat

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