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Une étude suggère un lien entre particules fines et virulence du Covid

Le lien entre virulence du Covid-19 et particules fines constitue une information importante pour la Suisse. [Keystone - Laurent Gilliéron]
Les particules fines accentueraient la virulence du Covid-19 / Le Journal horaire / 11 sec. / le 24 novembre 2020
Une forte concentration de particules fines dans l'air serait un facteur aggravant du Covid-19. Des travaux menés par des chercheurs de l'Université de Genève (UNIGE) et de l'EPFZ suggèrent que ce lien existe.

Les fortes concentrations de ces poussières microscopiques de moins de 2,5 micromètres permettent déjà de comprendre la gravité de certaines vagues de grippe.

Elles peuvent aussi moduler, voire amplifier, les vagues de contamination du SARS-CoV-2 et expliquer en partie le profil particulier de la pandémie de la maladie Covid-19, relève mardi l'UNIGE dans un communiqué.

Un décalage temporel "surprenant"

Aujourd'hui, des études sous-entendent que le nouveau coronavirus circulait déjà en Europe à la fin de l'année 2019. Or la forte augmentation de la morbidité et de la mortalité n'a été enregistrée qu'au printemps 2020 à Paris et à Londres. "Ce décalage de temps est surprenant", note Mario Rohrer, chercheur à l'UNIGE.

Avec son équipe de l'Institut des sciences de l'environnement, le directeur de Meteodat a voulu creuser la question. Selon lui, ce décalage temporel laisse à penser "qu'en plus du contact entre les personnes, un autre facteur favoriserait la transmission et surtout la gravité de l'infection".

Ce lien entre la virulence du Covid-19 et les particules fines constitue une information importante pour la Suisse. Le pays est en effet fréquemment confronté à un phénomène d'inversion thermique, avec du brouillard qui se forme sur le Plateau. Les émissions ne peuvent plus s'échapper et s'accumulent sous ce couvercle nuageux.

Voies respiratoires enflammées

L'équipe de recherche helvétique montre que les concentrations aiguës de particules fines, particulièrement celles plus petites que 2,5 micromètres, entraînent une inflammation des voies respiratoires et épaississent le sang, indique l'UNIGE. Cet état peut conduire à une grave progression du Covid-19.

Mario Rohrer n'exclut pas, par ailleurs, que le coronavirus soit également transporté par les particules fines. Une étude italienne a trouvé la présence d'ARN de coronavirus sur les particules fines, précise le chercheur. Pour l'instant, ce moyen de diffusion de la maladie doit encore être démontré. "Mais c'est une possibilité".

Les travaux des chercheurs suisses font l'objet d'un article dans la revue Earth Systems and Environment.

ats/oang

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L'exemple tessinois

Les chercheurs ont constaté que les augmentations des cas suivent des phases où les niveaux de particules fines dans l'air sont plus élevés.

Cette observation a été faite au Tessin: la pollution aux particules fines avait fortement augmenté après une période de brume sur la plaine de Magadino et le Sottoceneri à fin février 2020.

"Peu de temps après, une augmentation explosive des admissions hospitalières dues au Covid-19 a été enregistrée au Tessin", souligne Mario Rohrer.

Le chercheur précise qu'une grande manifestation de carnaval, qui a attiré 150'000 personnes, a aussi eu lieu au même moment, facilitant encore plus la propagation du virus.