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Alain Berset appelle à des réponses "urgentes" pour les espèces menacées

Alain Berset à l'ouverture de la 18e conférence de la CITES à Genève, 17.08.2019. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Alain Berset appelle à des réponses "urgentes" pour les espèces menacées / Le 12h30 / 2 min. / le 17 août 2019
Le conseiller fédéral Alain Berset a lancé un plaidoyer en faveur des espèces menacées à l'ouverture de la 18e conférence de la CITES, samedi à Genève. Il a notamment insisté sur l’importance d’une réponse globale.

Des responsables politiques et des experts de la conservation sont réunis depuis samedi à Genève. Ils doivent renforcer les règles du commerce de l'ivoire, des cornes de rhinocéros et d'autres espèces végétales et animales menacées d'extinction.

Pendant 12 jours, des milliers de délégués venus de plus de 180 pays vont discuter de nombreuses propositions visant à modifier le degré de protection accordé aux animaux et aux plantes sauvages par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).

Importance de la lutte au niveau mondial

Dans son discours d'ouverture de la conférence à Palexpo, Alain Berset a rappelé l’importance d’une lutte à l’échelon mondial contre le braconnage et le trafic d’espèces protégées. Il a réclamé des réponses "fermes et urgentes" pour assurer la biodiversité sur la planète. Le conseiller fédéral a également appelé à davantage de coopération nationale et internationale, tout en évoquant l’urgence de la situation face à l’appauvrissement de la biodiversité.

En mai dernier un rapport exhaustif avait dressé un état très inquiétant de la biodiversité, évoquant une menace d’extinction possible pour un million d’espèces sur les 8 millions recensées.

>> Lire : Jusqu'à un million d'espèces menacées d'extinction à cause de l'Homme

Pour la CITES, il est donc effectivement urgent de renforcer les lois sur la protection de la vie sauvage - d’autant que le trafic et le commerce illicite restent un problème majeur.

"Des défis difficiles à relever"

"Nous faisons toujours face à un vrai défi dans les pays où l'Etat de droit et l'illégalité ne sont pas traités correctement, cela va de pair avec la corruption", relevait la secrétaire générale de la CITES vendredi dans l'émission Tout un monde. "Il y a des saisies de containers d’espèces sauvages qui sont protégées. Chaque jour on parle d’ivoire, de corne de rhinocéros, d’écailles de pangolin", souligne Ivonne Higuero qui se dit particulièrement préoccupée à propos de cet animal, "parce que le trafic est énorme. On a saisi des tonnes d’écailles. Ce sont de véritables défis, difficiles à relever parce qu’énormément d’argent est en jeu."

>> Ecouter le sujet de l'émission Tout un monde :

Sudan, dernier rhinocéros blanc du Nord mâle, est mort au Kenya. [AP/Keystone - STR]AP/Keystone - STR
Quel degré de protection pour les espèces menacées d'extinction? / Tout un monde / 4 min. / le 16 août 2019

Le rhinocéros ou l’éléphant, espèces emblématiques, sont effectivement toujours victimes du trafic d'ivoire, même si de nombreux pays en ont interdit le commerce comme la Chine en 2016.

Nouveaux débats autour de l'ivoire

Car la législation européenne permet encore la vente d’antiquités en ivoire et certains pays du sud de l’Afrique - qui ont fait des efforts considérables pour protéger l’espèce ces dernières années - souhaiteraient désormais pouvoir reprendre la vente d’ivoire. C’est l'une des propositions qui sera discutée à Genève et à laquelle la Suisse et d’autres pays s’opposent.

Depuis quinze ans, la CITES tente de tracer de façon systématique l’abattage illicite des éléphants en Afrique. "On essaie de comprendre l'évolution du taux de braconnage par des facteurs externes qui les influencent pour prendre les mesures adéquates", explique son chef scientifique Tom de Meulenaer.

Un commerce lié aux prix en Asie

Au niveau local, la convention constate que le facteur prépondérant est la pauvreté des populations. Au niveau national, c'est la gouvernance ou le manque de gouvernance. "Là où il n'y a pas de gouvernance, il y a beaucoup de braconnage", souligne ce spécialiste. Enfin, au niveau international, le facteur principal est la demande d'ivoire - notamment en Asie - et les prix. "Quand les prix montent en Asie, le braconnage augmente en Afrique et vice-versa."

Une autre des 56 propositions qui seront discutées à Genève vise à lutter contre les réseaux de trafiquants, qui cherchent à faire passer de l'ivoire d'éléphant pour de l'ivoire de mammouth, une espèce éteinte depuis des milliers d'années.

>> Lire aussi : Ruée vers l'ivoire des mammouths prisonniers dans les glaces de Sibérie

Aucune des propositions ne devrait cependant obtenir la majorité requise des deux-tiers pour être adoptée.

oang avec Adrien Krause, Patrick Chaboudez et les agences

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