La biodiversité en danger en Suisse: "une crise plus grave que celle du réchauffement climatique"

Grand Format biodiversité

RTS Découverte - Valentine Zenker

Introduction

La nature en Suisse ne se porte pas bien. Toutes les facettes de la biodiversité sont atteintes de manière critique. Suivez la série de reportages du 19h30 sur les zones en danger sur nos territoires, et découvrez les gestes qui sauvent.

Chapitre 1
Plus d'un tiers des espèces menacé en Suisse

En Suisse, le nombre d’espèces - animaux, plantes mais aussi mousses, lichens et champignons – est en baisse.

Alors que l'on répertorie environ 45'000 espèces dans le pays, un quart ont été évaluées par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) ces dernières années. Et le constat est sévère: 35% de ces espèces sont menacées.

En cause, la qualité des écosystèmes qui ne cesse de diminuer. La Suisse est très riche en milieux naturels différents, plus de 230 types tels que les prairies, les bords de rivières, les marais, les forêts ou encore la ville.

Des milieux – parfois près de chez nous – qui sont sous pression. La moitié de ces habitats naturels sont menacés.

Des populations moins nombreuses et moins résistantes

Enfin, la taille des populations d’animaux ou de plantes se réduit. C’est un problème car cela signifie que le catalogue génétique de l’espèce est moins riche. Conséquence: les espèces deviennent moins résistantes aux aléas de l’environnement et donc leurs chances de survie diminuent.

La bonne nouvelle c’est qu’on peut agir le plus souvent sur ces trois aspects et donc stopper le déclin de la biodiversité. Il existe des gestes collectifs et individuels qui peuvent sauver les habitats des espèces menacées.

>> RTSinfo vous invite à suivre nos reportages et conseils de gestes qui sauvent tout au long de cette semaine au 19h30.

Chapitre 2
Habitat #1 - Marais et tourbières

Série sur la biodiversité: dans ce premier épisode, les zones humides en péril
19h30 - Publié le 25 juin 2018

Notre premier rendez-vous a lieu dans les tourbières des Ponts-de-Martel dans le canton de Neuchâtel. La vallée abrite les reliquats d'un milieu en péril aujourd'hui protégé, une tourbière, type très particulier de marais. Des animaux et des plantes se sont adaptés à cet environnement largement détruit par les activités humaines et en cours de restauration.

Aujourd'hui, il reste en Suisse moins de 10% des tourbières d'autrefois. En cause, l'assèchement du milieu et l'exploitation par l'homme pour récupérer la tourbe, utilisée à la place du bois pour chauffer les maisons et pour la fabrication de terreau jusque dans les années 1970. Depuis, les arbres assèchent le sol et gagnent du terrain. Des travaux de réouverture du sous-bois sont nécessaires pour la survie du milieu.

1 mètre de tourbe = mille ans

Une tourbière en bonne santé produit 1 millimètre de tourbe par an grâce à une mousse, la sphaigne. Elle compose l’élément premier du couvert végétal. La mousse grandit à l’affleurement de la nappe d’eau et forme un tapis épais. Quand elle meurt, elle ne se décompose pas. La matière organique est compactée et se transforme petit à petit en tourbe. Il faut mille ans pour obtenir un mètre de tourbe.

La survie de nombreuses espèces dépend de ce microclimat humide, acide et chaud. Tout d’abord des végétaux comme la linaigrette reconnaissable par ses petits plumeaux cotonneux blancs et la drosera, petite plante carnivore. Un grand nombre d’insectes, comme les libellules ou les amphibiens, dépendent de ce milieu humide pour leur reproduction.

Aujourd’hui, 85% de la surface des marais suisses est menacée à cause principalement de l'urbanisation galopante. La pollution par l’azote de l’air et de l’eau à cause réciproquement du trafic routier et des engrais agricoles détériore aussi le fragile équilibre des marais.

Les tourbières vivantes jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Elles stockent une quantité énorme de CO2 dont une grande partie des émissions de gaz à effet de serre par les humains. La disparition de ces puits de carbone accélère le réchauffement climatique.

Chapitre 3
Habitat #1 - Les gestes qui sauvent

Aurélie Coulon "Les gestes à faire pour éviter que les marais se réduisent comme peau de chagrin."
19h30 - Publié le 25 juin 2018

Collectivement, on peut soutenir les efforts de restauration de tous les milieux humides - marais, tourbières, zones alluviales – qui sont les plus menacés.

Pour les rivières, les travaux consistent à enlever les digues pour laisser les berges naturelles.

Pour les tourbières, on bouche les canaux de drainage pour retenir l’eau de pluie. Le temps de régénération est extrêmement long, alors il faut éviter le piétinement du tapis végétal par les visiteurs, notamment avec la construction de passerelles.

Tout bouleversement peut empêcher les espèces caractéristiques de revenir. C’est pourquoi on crée aussi des zones de prairies dites tampons tout autour, sans engrais sans route ni voiture, pour éviter les pollutions.

Et surtout, un geste à la portée de tous: ne pas relâcher son poisson rouge vivant dans les eaux du marais! En effet, poissons et reptiles domestiques peuvent chasser les espèces sauvages locales et prendre leur place.

Chapitre 4
Habitat #2 - Montagnes

Biodiversité: les montagnes. Le changement climatique et les activités des hommes font que certaines espèces disparaissent
19h30 - Publié le 26 juin 2018

Les montagnes occupent les deux tiers du territoire suisse. Face au changement climatique et aux activités humaines, la faune et la flore qui les peuplent sont contraintes de s’adapter.

Le réchauffement climatique est deux fois plus élevé dans les Alpes qu’ailleurs. Depuis 1980, les températures ont augmenté de 1,3 degré. Pour retrouver de la fraîcheur, les plantes - mais aussi les papillons ou les insectes - doivent s’installer en altitude et monter de 100 mètres pour perdre 0,6 degré de température. Ces espèces végétales quittent donc leur milieu d’origine, subalpin, pour coloniser l’étage alpin.

Ce phénomène crée une concurrence entre les espèces qui ne peuvent pas toutes coexister. Ainsi, les myrtilles prennent petit à petit la place des azalées des Alpes. Les aroles aussi poussent toujours plus haut. En grandissant, leur ombre risque d’empêcher les plantes grasses et les lichens de pousser, faute d’une lumière suffisante pour leur développement.

Avec la disparition de certaines plantes, ce sont des animaux sauvages qui leur sont inféodés qui se retrouvent menacés. Car avec les changements de températures, il existe un décalage entre le développement des plantes, les dates de ponte des oiseaux, et la migration des insectes.

Ces organismes alpins qui se sont adaptés aux conditions extrêmes de froid et de neige pendant des milliers d’années doivent maintenant s’adapter aux nouvelles conditions pour être compétitifs face aux espèces venant de plus bas. Un nouvel équilibre est à retrouver.

Chapitre 5
Habitat #2 - Les gestes qui sauvent

En tant que randonneur, skieur ou vététiste, il faut tenter de respecter l’environnement. Malgré tout, sur des sentiers ou en hors-piste, des habitats d’oiseaux et de mammifères sont traversés. On piétine la flore dont se nourrissent les animaux, et on perturbe leurs habitudes - et potentiellement leur reproduction.

En promenade avec son chien, l’utilisation d’une laisse est un bon réflexe. A noter que les chiens ne sont pas autorisés partout car ils peuvent faire fuir les animaux sauvages. Et chaque fuite leur coûte de l'énergie. A certaines périodes, cela menace même leur survie. D’autant que la faune sauvage est très sensible : des chamois affolés ont ainsi été observés fuyant des parapentes qui passaient 600 mètres au-dessus d’eux.

Pour éviter de trop perturber l’écosystème, il existe dans nos montagnes des espaces réservés à la faune et la flore sauvages. Ce sont les « zones de tranquillité » qu'il est interdit de traverser ou de survoler. Sur place, elles sont repérables par une signalisation. Mises en place par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), leurs emplacements, répartis sur tout le territoire suisse, sont consultables sur internet (http://www.zones-de-tranquillite.ch/)

Chapitre 6
Habitat #3 - Les villes

Troisième violet sur la biodiversité: Les toits comme refuges pour la biodiversité, des oasis insoupçonnés en ville
19h30 - Publié le 27 juin 2018

Des immenses surfaces bétonnées, imperméables, qui empêchent les végétaux de s’implanter. Des bâtiments modernes aux parois épurées, qui empêchent les hirondelles de fenêtre et les martinets noirs de nicher. La ville est un univers a priori hostile pour la biodiversité.

Ces mêmes matériaux et architectures créent des îlots de chaleur, néfastes au confort des habitants des villes. D’ici 2020, la Suisse comptera 8,7 millions d’habitants dont les trois quarts vivront en milieu urbain. Pour que la nature et les hommes puissent cohabiter plus sereinement en ville, les biologistes et les architectes se sont récemment intéressés aux toitures végétalisées.

Sur la toiture fraîchement végétalisée du Département d’instruction publique d’Onex (GE), les spécialistes de la faune et la flore dressent un bilan positif. L’enjeu botanique est de reconstituer un milieu naturel autonome, nécessitant peu d’épaisseur de sol. Il n’est pas possible de faire pousser des arbres aux racines profondes ou faire « monter » des amphibiens sur un toit.

L’écosystème des toitures végétalisées devient donc un relai et non un substitut. S’y épanouissent notamment œillets, plantes grasses et avec eux, toute une faune: insectes pollinisateurs, lézards, carabes. Des botanistes ont même retrouvé sur un toit genevois une graminée qui n’existait plus à l’état naturel dans la campagne genevoise.

A Lausanne, une quarantaine de toits ont ainsi été délibérément colonisés par la végétation, pour un potentiel de 2000 toitures. A Genève, pour l’instant, le potentiel de végétalisation est estimé à 1550 hectares (pour 58 hectares effectivement colonisés) et les initiatives privées sont financièrement encouragées. Bâle fait figure de ville pionnière : depuis 2001, une loi rend obligatoire la végétalisation des toitures plates en cas de rénovation et pour les nouvelles constructions.

Chapitre 7
Habitat #3 - Les gestes qui sauvent

A la mode actuellement, il y a ces hôtels à insectes en bois, des maisonnettes qui servent de refuge aux insectes et pollinisateurs. Elles se positionnent un peu partout, mais idéalement en retrait d’une activité humaine intense.

On peut aussi semer sur son balcon des plantes mellifères comme les clématites, la lavande, la coriandre ou le thym. Outre le fait qu’elles mettent un peu de verdure et de couleur sur nos rebords de fenêtre, elles sont une nourriture appréciée des abeilles.

Pour les détenteurs de jardins, il est préférable de favoriser les haies composées d’espèces indigènes. Il faudrait donc préférer le noisetier ou le sureau au thuya ou au bambou. Choisir des plantes locales offre en effet le gîte et le couvert aux oiseaux et papillons de nos régions et laissent passer les hérissons à leurs pieds.

Un dernier geste d’importance: penser à éteindre les lumières extérieures la nuit dans son jardin ou celles des devantures des magasins. Il faudrait au moins ne pas choisir des lampes qui éclairent le ciel, car la pollution lumineuse désoriente les chauves-souris et perturbe la reproduction des amphibiens.

Chapitre 8
Habitat #4 - Les prairies sèches

Série biodiversité, quatrième volet: l'intensification de l'agriculture met en péril la survie des prairies
19h30 - Publié le 28 juin 2018

Les prairies sèches de Suisse se reconnaissent par leur tapis de fleurs et d’épis de graminées dont le principal est le brome. D’où le nom donné à ce milieu naturel par les biologistes : le mésobromion. Des centaines d'espèces végétales et animales y trouvent refuge. Mais les mésobromions sont sous pression. En un siècle, la Suisse a perdu 95% de sa surface en prairies sèches.

"Il y a énormément de sauterelles et de criquets dans ce milieu. Ici j'ai recensé 17 espèces. C'est énorme par rapport à d'autres prairies où on en trouvera 2 ou 3", décrit Jean-Yves Humbert, biologiste à l’Université de Berne et spécialiste de la biodiversité des prairies. Parmi les espèces rares, le criquet des genévriers, reconnaissable par les taches roses sur son dos.

La prairie sèche est l’habitat privilégié pour de nombreux orthoptères – sauterelles et criquet – ainsi que de nombreux papillons, comme le demi-deuil. La survie de ce papillon est directement lié à celle du mésobromion car il pond ses œufs dans les graminées.

Un équilibre fragile, lent à s'établir

La prairie sèche est un équilibre fragile entre plantes et animaux, qui prend plusieurs dizaines d’années – parfois jusqu’à 50 ans – pour s’établir. Autre espèce emblématique et fragile aussi, la dectique – une grosse sauterelle verte qui ne supporte pas les méthodes de culture intensive. "Cette espèce ne vole pas facilement et elle ne peut pas échapper à la faucheuse", précise Jean-Yves Humbert.

Une prairie intensive ne présente que quelques espèces végétales sous l'effet de fauches répétées et d'engrais. Parfois ces variétés sont directement semées pour obtenir le fourrage le plus nourrissant possible.

Les prairies sèches survivent difficilement sous la menace de différentes agressions telles que l’arrivée de plantes invasives et la fragmentation des parcelles. « La menace principale sur ces prairies sèches, c’est qu'elles sont petites et isolées. Il n'y a pas de mouvements d'espèces entre une prairie et une autre. Et quand il y a une extinction locale, elle n'est pas compensée par une recolonisation. »

Sur une surface grande comme le plat de la main, on peut identifier plus de trente espèces. La prairie sèche est un réservoir de biodiversité, avec des espèces plus résistantes à la sécheresse et aux maladies. C’est aussi un garde-manger pour les oiseaux et les pollinisateurs durant toute la belle saison. Et ce jusqu’à la première fauche en juillet, une fois que les graines sont prêtes.

Chapitre 9
Habitat #4 - Les gestes qui sauvent

Aurélie Coulon "La tonte du gazon comme la fauche des prairies appauvrit la biodiversité."
19h30 - Publié le 28 juin 2018

Les agriculteurs et les agricultrices jouent un rôle essentiel dans la survie de la biodiversité des prairies. La Confédération demande aux exploitants de cultiver moins intensivement une partie de leurs parcelles fourragères pour laisser les espèces finir leur cycle de vie.

Ces prairies cultivées de manière raisonnée – sans engrais ni chimie et avec une seule fauche en été -  sont appelées "prairies extensives". Le revers de la médaille c’est évidemment un rendement plus faible. L’impact de la politique agricole sur la biodiversité est traité séparément dans un autre reportage.

Et la même stratégie peut être appliquée chez soi ! Le gazon bien vert, tondu dès le mois d’avril, c’est comme l’agriculture intensive, cela appauvrit la biodiversité. Au lieu de cela, on peut laisser une zone de son jardin devenir herbes folles jusqu'à l’été.

Il existe des mélanges de graines de prairies naturelles, mais attention, il faut éviter les plantes qui ne sont pas de la région. Cette prairie miniature servira de refuge et de corridor biologique pour les fleurs, les insectes et les petits animaux.

Chapitre 10
Habitat #5 - Le rôle des agriculteurs

Série biodiversité, cinquième volet: les paysans appelés à jouer un rôle. Ils peuvent bénéficier de paiements directs de la Confédération
19h30 - Publié le 29 juin 2018

Les paysans sont appelés à jouer un rôle pour la biodiversité. Ils peuvent bénéficier de paiements de la Confédération s'ils s'engagent à la préserver sur leur domaine.

La fauche de certaines prairies se fait tardivement dans la saison, afin de laisser les herbes sur tiges plus longtemps pour favoriser la multiplication des plantes, des insectes et des animaux.

En s'abstenant d'utiliser des herbicides ou des pesticides de façon extensive et en prouvant qu'un nombre minimum de plantes et d'insectes peuplent bien leurs champs, les paysans peuvent obtenir des paiements de la Confédération.

Les paiements directs, qui sont versés en contrepartie de prestations d'intérêt général, représentent un budget de 2,8 milliards de francs, dont 15% environ sont versés pour soutenir la biodiversité.

Et les effets se manifestent. L'Office fédéral de l’agriculture a constaté que les surfaces consacrées à la biodiversité ont fortement augmenté ces 10 dernières années.  "Il y a eu des études dans le canton de Berne. On a deux fois plus de papillons que sur les surfaces où il n'y a pas de biodiversité", explique Bernard Belk, Sous-directeur de l'Office fédéral de l’agriculture.

Chapitre 11
Habitat #6 - Les espèces invasives

Biodiversité, les espèces invasives un fléau pour la nature en attendant de les intégrer
19h30 - Publié le 30 juin 2018

La pyrale du buis est une petite chenille très vorace qui détruit les buis de nos jardins, parcs et forêts. Importée d’Asie il y a 10 ans, avec le buis asiatique, elle fait des ravages faute de prédateur sur le continent européen. Et c'est tout l'écosystème des buxaies qui est perturbé. Avec des risques d'incendie et d'érosion des sols.

Du côté du lac Léman, c'est l'introduction inopinée de l'écrevisse américaine, il y a 10 ans à Thonon, qui trouble la quiétude de la faune locale. L'écrevisse américaine se répand à grande vitesse et décime la population d'écrevisses indigènes. Aujourd'hui, il ne reste plus que 5% d’écrevisses lacustres, pour 95% d'écrevisses américaines. Ces dernières s’attaquent aussi aux oeufs de certains poissons et elles détruisent les filets des pêcheurs.

Mais tout n'est peut-être pas à jeter chez ces espèces venues d'ailleurs. Les pêcheurs ont décidé de vendre l'écrevisse américaine aux gourmets et certains oiseaux semblent également trouver sa chair à leur goût. Il n'est pas exclu non plus qu'apparaisse, un jour, un nouveau prédateur qui pourrait réguler la population de pyrales de buis et stopper leur invasion.

Selon Martin Schlaepfer, chargé de cours à l'Institut des sciences et de l'environnement, de l'Université de Genève, "on s'est souvent focalisés sur les effets néfastes de ces espèces à court de terme. Mais il est intéressant de voir qu'à plus long terme, avec les changements climatiques qui vont affecter notre pays, on aura besoin de nouvelles espèces capables de survivre dans ces nouvelles conditions et peut-être que certaines de ces espèces vont nous sauver".

Chapitre 12
"Une crise plus grave que celle du réchauffement climatique"

Avec 35% des espèces menacées en Suisse, la diversité biologique connaît "une crise plus grave que celle du réchauffement climatique", estime le biologiste valaisan Raphaël Arlettaz, professeur à l'Université de Berne, et invité du 19h30 dimanche.

"La biodiversité, c'est une complexité beaucoup plus grande, qui va des gènes aux écosystèmes, en passant par les espèces et les communautés écologiques", précise-t-il.  Selon lui, "si l'on chamboule le système, c'est tout l'avenir de l'humanité qui pourrait être remis en question, de façon drastique".

"La nature est faite d'interactions (...) Et il y a beaucoup plus d'interaction entre les éléments que d'éléments eux-mêmes", ajoute le spécialiste de la biodiversité.

Série Biodiversité, dernier volet avec l’interview de Raphaël Arlettaz, biologiste valaisan connu comme « Monsieur Biodiversité »
19h30 - Publié le 1 juillet 2018

"Un pacte avec la nature"

Raphaël Arlettaz donne notamment l'exemple des grands prédateurs, comme le loup, dont il est un fervent défenseur: "ils régissent plein d'interactions qui font qu'ils sont bénéfiques à la nature. Pas parce qu'ils ont un désir de l'être, mais parce que la nature a toujours évolué en présence de ces prédateurs".

"Il faut comprendre ces interactions, elles sont vitales. Et elles permettent aux écosystèmes, lorsqu'on préserve ces interactions ou qu'on les restaure, d'être plus harmonieux", poursuit-il.

"A très long terme, c'est un faux pari que l'on fait en misant tout sur les aspects technologiques. On a besoin de retrouver une relation avec la nature et de créer un vrai pacte avec elle. Un pacte qui n'a jamais existé, parce que l'homme a toujours exploité jusqu'au bout de ce que la technologie lui permettait", estime encore le biologiste.