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Le réchauffement du pergélisol alpin interrompu durant l'hiver 2016-2017

Le pergélisol est une couche du sous-sol allant de quelques centimètres à quelques dizaines de mètres de profondeur qui reste gelée en permanence. 
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Une pause pour le réchauffement du pergélisol alpin / CQFD / 9 min. / le 10 avril 2018
Le pergélisol alpin, zone des premières dizaines de mètres du sol qui reste constamment gelée, fond régulièrement sous l'effet du changement climatique. Mais ce réchauffement s’est interrompu durant l’hiver 2016-2017.

Le pergélisol, ou permafrost, n'existe que dans les régions au climat froid comme les steppes de Sibérie ou les hauteurs des Alpes. Depuis de nombreuses années, l'élévation des températures moyennes due au changement climatique est particulièrement marquée dans ces régions, et le pergélisol à tendance à fondre. Les conséquences sont non négligeables, comme des dégagements massifs de gaz à effet de serre, ou des éboulements.

L'hiver 2016/2017, toutefois, a été une exception dans cette tendance générale. C'est le réseau suisse de surveillance du pergélisol alpin, baptisé Permos, qui a mis le doigt sur cette anomalie.

Températures au sol très basses

Que s'est-il passé? "Durant lors de l'hiver 2016-2017, il n'y a pas eu beaucoup de neige. Elle est arrivée très tard dans la saison et en très faible quantité, ce qui a permis de refroidir la surface du sol. Les températures mesurées étaient les plus froides depuis 10 ou 15 ans", répond Cécile Pellet, docteure en géographie physique au département des géosciences de l'Université de Fribourg et collaboratrice scientifique au réseau Permos.

"Ce refroidissement à la surface s'est ensuite propagé en profondeur, jusqu'à 10-20 mètres. Et cela a provoqué la première interruption de tendance du réchauffement du permafrost depuis 2009", poursuit-elle.

La neige comme isolant

Cécile Pellet précise que "la neige agit comme un isolant". Une fois qu'elle est tombée sur le sol, les températures de l'air, qui sont en général froides, ne peuvent plus refroidir le sol. Mais si la neige arrive tard, les températures froides peuvent pénétrer dans le sol de façon plus importante."

L'hiver 2017-2018, en revanche, a été riche en neige. Une mauvaise nouvelle pour le permafrost? "La neige est un facteur très important mais un peu difficile à comprendre. Une grande couverture isole bien le sol, mais elle dure longtemps. Elle isole donc davantage le sol des températures chaudes de l'été". Difficile de connaître l'effet de cet hiver sur les températures en profondeur.

La fonte, un danger?

Selon Cécile Pellet, il est difficile d'évaluer quels sont les dangers potentiels de la fonte du pergélisol. "Le permafrost stabilise les pentes et les parois rocheuses. Beaucoup d'infrastructures pour la protection contre les avalanches, de téléskis ou de refuges de montagne sont construits sur du permafrost et peuvent être potentiellement déstabilisés par sa fonte."

"On sait plus ou moins qu'environ 5% de la Suisse est couverte par le permafrost, mais il reste difficile de savoir quelle surface serait concernée par les dangers" de sa fonte, nuance la chercheuse.

Propos recueillis par Silvio Dolzan

Adaptation web: Jessica Vial

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