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Sans un réveil rapide, l'Europe ratera le "train de l'intelligence artificielle"

Le mathématicien et politicien français Cédric Villani. [AP Photo/Keystone - Michel Euler]
L'invité de Romain Clivaz - Cédric Villani, mathématicien, député macroniste / L'invité-e de Romain Clivaz / 12 min. / le 3 avril 2018
Si elle ne veut pas être complètement en retard sur la question de l'intelligence artificielle, l'Europe doit "fédérer ses institutions de recherche", estime le mathématicien et député français Cédric Villani, qui loue le modèle suisse.

Le mathématicien et député de La République en marche Cédric Villani, chargé par le président Emmanuel Macron d'élaborer un rapport sur l'intelligence artificielle, est convaincu que l'Europe est en retard dans ce domaine par rapport à la Chine ou aux géants de l'Internet américain que sont Google, Facebook ou Amazon.

"Au niveau de la recherche, l'Europe est tout à fait compétitive, par contre au niveau de la mise en oeuvre industrielle, au niveau de l'économie, l'Europe est tout à fait en retard", souligne le scientifique. Pour lui, sans un réveil rapide, l'Europe sera "définitivement hors du train".

Le modèle suisse loué

Pour Cédric Villani, la bataille qui se joue actuellement est une bataille pour l'intelligence humaine. "La première urgence, c'est l'organisation de la recherche pour la rendre plus attractive."  Il faut régater pour conserver les cerveaux et valoriser les compétences dans la recherche.

Le mathématicien loue le modèle suisse et sa proximité efficace entre recherche et entreprises. "La Suisse, en particulier à Zurich, compte des centres importants de Google et IBM, la Suisse a, aussi bien à Zurich qu'à Lausanne, l'expertise en la matière." Et de plaider pour que la Suisse soit "dans la barque européenne" pour permettre une "Europe beaucoup plus forte".

Cédric Villani estime que la mise en place d'un réseau européen fort dans le domaine de l'intelligence artificielle passera par des accords directs entre les universités et les centres de recherche, sans passer par Bruxelles, de sorte à avoir une "fédération d'institutions de recherche qui fassent passer le fait de travailler ensemble, le fait de faire des échanges, avant les questions administratives".

Propos recueillis par Romain Clivaz

Adaptation web: Eric Butticaz

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