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"La Suisse a besoin d'un secrétaire d'Etat au numérique"

L'invité de Coralie Claude - Nicolas Capt, avocat expert en droit des médias et des nouvelles technologies
L'invité de Coralie Claude - Nicolas Capt, avocat expert en droit des médias et des nouvelles technologies / La Matinale / 12 min. / le 3 janvier 2018
L'avocat expert en droit des médias et des nouvelles technologies de l'information Nicolas Capt estime que la Suisse manque d'un "fer de lance" pour mener à bien des projets numériques au niveau national.

L'avocat genevois, invité mercredi de La Matinale de la RTS, se déclare favorable à la création d'un secrétariat d'Etat au numérique, comme c'est le cas en France, car "la Suisse théorise beaucoup, mais ne pratique pas assez".

Nicolas Capt juge que la structure fédérale crée des "clivages par département" qui "freinent les grands projets numériques transversaux et nationaux, qui deviennent pourtant urgents". "Il y a besoin d'un fer de lance du numérique qui puisse dépasser tous les clivages", estime-t-il.

"C'est le visage qui manque, pas la fonction"

Le profil pour un tel poste existe-t-il en Suisse? "On a au Parlement un certain nombre d'élus de tous bords politiques, qui seraient tout à fait capables. Cela va de Fathi Derder (PLR/VD) au démissionnaire Jean Christophe Schwaab (PS/VD)... Le terreau existe", répond Nicolas Capt. Pour lui, "ce n'est pas le visage qui manque, c'est la fonction."

Il insiste sur le fait que ce secrétaire d'Etat ne devrait pas se contenter d'"une voix consultative". "Actuellement, l'initiative est plutôt laissée aux cantons", explique-t-il. Il évoque l'exemple de Genève, qui a notamment intégré la blockchain dans des registres officiels. "Il faut faire remonter cette capacité d'initiative au plan fédéral, pour ne pas être sous le joug du système de la navette, qui pose problème lorsqu'on a besoin d'une loi disruptive."

Développement "en progrès"

La Suisse est-elle vraiment en retard en matière de développement numérique? "Il n'y a pas si longtemps, j'aurais mis une très mauvaise note. Aujourd'hui, on peut dire 'en progrès'. On est bientôt à la moyenne, mais il y a encore de gros moyens à entreprendre", estime Nicolas Capt.

En novembre dernier, lors de la conférence nationale "Suisse numérique" à Bienne, un ancien ministre du numérique estonien invité avait été très critique envers la Confédération. "Vous souffrez du syndrome Nokia, vous avez loupé le train numérique", avait-il asséné.

Nicolas Capt trouve que ce jugement est "un peu sévère" et que "cela serait faire fi de l'incroyable bassin technologique que représente notamment l'EPFL, des grandes capacités technologiques et du savoir-faire de la Suisse, par exemple dans la sécurisation des données, les datacenters, etc."

Propos recueillis par Coralie Claude

Adaptation web: Jessica Vial

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