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Pourquoi les animaux les plus gros ne sont pas les plus rapides

Des scientifiques percent le mystère de la vitesse des animaux
Des scientifiques percent le mystère de la vitesse des animaux / 19h30 / 2 min. / le 17 juillet 2017
Sur terre, dans l'eau ou dans les airs, les animaux les plus gros sont généralement les plus rapides... jusqu'à un certain point. Un guépard court par exemple plus vite qu'un éléphant. Une étude publiée lundi explique ce phénomène.

Sur le podium du règne animal, le martinet est le champion en vol avec une vitesse maximale de 170 km/h. Sur terre, le vainqueur est le guépard avec 120 km/h. Et à la nage, l'espadon-voilier atteint les 110 km/h.

Un nouveau modèle mathématique - présenté dans la revue Nature Ecology & Evolution et testé sur 474 espèces animales - explique pourquoi ces animaux sont les plus rapides.

"C'est un modèle très simple qui tient compte de trois paramètres essentiels: la force que l'animal peut exercer, l'accélération qui va aussi dépendre de la masse de l'animal, et la vitesse à laquelle les muscles rapides se fatiguent", explique lundi à la RTS le professeur Michel Milinkovitch, du département de génétique et évolution de l'Université de Genève.

La masse musculaire conditionne l'accélération

Tout dépend de la masse musculaire, détaille l'étude réalisée par une équipe germano-britannique. Car la masse conditionne la force de l'animal et son accélération.

Par exemple, l'éléphant est plus grand et plus fort que le guépard, sa vitesse maximale théorique est donc plus élevée. Mais dans la réalité, l'accélération des deux animaux est bloquée au moment critique où les muscles fatiguent. Au final, l'éléphant qui est lourd ne peut pas courir plus vite, car son accélération prend trop de temps.

"Les fibres musculaires rapides sont très puissantes", détaille Michel Milinkovitch. "Ce sont des fibres très épaisses, mais qui portent une certaine quantité d'énergie très rapidement utilisée. Au bout de 15 à 30 secondes maximum, ces muscles-là ne peuvent plus exercer la même puissance et la vitesse maximale ne peut plus augmenter."

Une explication valable également pour les humains

Les animaux les plus rapides sont donc ceux de taille intermédiaire, que ce soit sur terre, dans l'eau ou dans les airs.

L'espèce humaine ne fait pas exception à la règle. Aux Jeux olympiques de Rio l'an dernier, le sprinteur Usain Bolt remporte la finale du 100 mètres en 9 secondes 81, atteignant sa vitesse maximale de 45 km/h.

A mi-course, on aurait cependant difficilement deviné que le Jamaïcan sortirait vainqueur. Plus lourd avec ses 95 kg, il accélère plus lentement. Mais après cinq secondes, alors que les autres coureurs ont déjà atteint leur vitesse maximum, Usain Bolt continue d'accélérer et remporte finalement la course.

Aurélie Coulon/tmun

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