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Les risques liés au nucléaire sont sous-évalués, selon des chercheurs

Des réservoirs de stockage d'eau contaminée à Fukushima, photographiés en février 2016. [Keystone - Kotaro Numata]
Des réservoirs de stockage d'eau contaminée à Fukushima, photographiés en février 2016. - [Keystone - Kotaro Numata]
Des chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich et de l'Université du Sussex (GB) critiquent la méthode d'évaluation des risques nucléaires. Ces derniers sont systématiquement sous-évalués, selon eux.

La méthode utilisée par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour évaluer les risques nucléaires pose problème, selon les auteurs de l'étude Didier Sornette, Spencer Wheatley et Benjamin Sovacool.

L'ampleur des accidents est évaluée par l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), qui compte huit niveaux. Celles-ci permet de signaler un écart (0), une anomalie (1), un incident (2-3) ou un accident (4-7). Les catastrophes de Fukushima ou de Tchernobyl ont atteint le niveau maximal.

Nombreux incidents non déclarés

Pour les chercheurs, l'échelle n'est pas assez précise et la distinction entre "incident" et "accident" arbitraire: il n'y a pas de règles pour mesurer le nombre de morts ou les irradiations.

De plus, seule la moitié des événements recensés par les chercheurs ont été rapportés dans l'échelle de l'INES, ont constaté les scientifiques. En France, entre 600 et 800 petits incidents n'ont pas été rapportés, bien qu'ils soient "importants pour la sécurité nucléaire", écrivent-ils.

La probabilité d'accidents de grande ampleur est donc sous-estimée par l'agence internationale, car elle ne prend pas tous les événements nucléaires en compte. Les risques pour la société sont donc toujours "très élevés", jugent les chercheurs.

Une nouvelle échelle conséquences/coûts

Ces derniers proposent une autre méthode qui mesure le rapport conséquences/coûts des accidents atomiques, ce qui permet d'inclure tous les effets négatifs (pertes économiques, destructions d'habitations, dégâts à l'environnement et à la santé, coûts d'assurance ou d'évacuation).

ats/pym

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Analyse de 216 incidents sur une période de 60 ans

L'étude est parue cet été dans les magazines scientifiques "Energy Research & Social Science" et "Risk Analysis". Les chercheurs ont analysé les données de 216 incidents liés à la sécurité et qui se sont déroulés entre 1952 et 2014.

Les coûts de 18 des 29 incidents qui ont eu lieu depuis Fukushima ne sont pas encore connus, et n'ont pas pu être pris en compte. Les réponses apportées par l'industrie à la catastrophe de Fukushima n'ont donc pas pu être évaluées dans cette étude.