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Le printemps 2016 a-t-il vraiment été le pire des dernières années?

A Zurich, les précipitations enregistrées ce printemps sont les plus importantes des dix dernières années.
A Zurich, les précipitations enregistrées ce printemps sont les plus importantes des dix dernières années.
Les Suisses ont manqué de soleil entre mars et juin 2016. Ils ont aussi subi des précipitations plus élevées que la moyenne. Les chiffres ne confirment pourtant pas tous ce ressenti de "printemps pourri".

Alors que les thermomètres sont enfin remontés jeudi vers des valeurs estivales, nombreux sont ceux qui se plaignent encore du temps tristounet de ces derniers mois. Selon les météorologues, les températures du mois de mai 2016 en Suisse étaient de plus d'un demi-degré inférieures à la norme.

A Genève, Lausanne ou Zurich pourtant, les températures enregistrées entre le 21 mars et le 21 juin n'indiquent aucun écart significatif avec la moyenne des dernières années. "Le déficit d'ensoleillement peut avoir causé cette impression de froid", avance Didier Ulrich, météorologue chez MétéoSuisse.

De fait, l'ensoleillement a été au-dessous de la moyenne dans toutes les régions en avril et, après un mois de mai dans la norme, les trois premières semaines de juin peuvent être qualifiées de maussades. Genève avait reçu le 22 juin à peine plus de la moitié des heures de soleil par rapport à la norme (soit 166 heures au lieu de 212 heures), idem pour Lausanne (97 heures contre 212 heures), Neuchâtel (85 heures au lieu de 197 heures) et Sion (125 heures au lieu de 236 heures).

Un effet yoyo marqué

"Or, la nébulosité peut provoquer des nuits relativement douces alors que les journées restent fraîches", explique le météorologue. Ce constat se confirme, par exemple, dans le canton de Vaud, où la station de Pully a enregistré des températures maximales moyennes de 13,2 degrés en avril (-0,8), 17,5 degrés en mai (-1,2) et 19,7 degrés sur les trois premières semaines de juin, soit près de 3 degrés au-dessous de la norme. Depuis le début du mois, il a également fait plus froid que d'ordinaire à Genève (21,1 degrés en moyenne au meilleur de la journée) et même à Sion 23,3 degrés au lieu de 24,5.

"A cela s'ajoute un effet yoyo qui marque les esprits: des journées très fraîches succèdent à des temps plus chauds", observe Didier Ulrich. La preuve? "Le 19 mai, la température maximale enregistrée a été de 13,8 degrés, le 21 mai il faisait 26,2 et deux jours plus tard, le 23 mai, 12,1 degrés, c'est quand même considérable".

Beaucoup de pluie à Neuchâtel

Les précipitations ont également été plus élevées que la moyenne en Suisse, même si toutes les régions n'ont pas été également touchées. Ainsi, Neuchâtel a davantage subi les conséquences d'une situation de sud/ sud-ouest, un vent de sud dominant en altitude et qui frappe principalement l'Arc jurassien et le Tessin.

Avec 143 millimètres, il a ainsi plu deux fois plus en avril à Neuchâtel que la norme alors qu'à Genève les précipitations représentaient 31% de plus que la norme. Cette tendance s'est poursuivie en mai et en juin, où la norme est dépassée partout sauf à Sion où, à l'inverse, il a plu deux fois moins que la norme sur les trois premières semaines du mois.

Au regard des dix dernières années, la situation sur le front des précipitations ne confirme pas non plus complètement l'impression de "printemps pourri". Si 2016 fait indéniablement partie des années qui ont enregistré le moins de jours secs, avec 2008 et 2013, elle ne bat pas un record d'humidité partout.

jvia/jgal

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L'apparent paradoxe du chaud-froid entre la Suisse et le reste du monde

Selon les météorologues, les températures du mois de mai 2016 en Suisse étaient de plus d'un demi-degré inférieures à la norme, alors que dans le monde, on parle "globalement des plus chaudes jamais enregistrées", surtout dans l'hémisphère nord et en Australie. A noter que 2015 était l'année la plus chaude de l'ère industrielle et que 2016 est bien placée pour battre ce record.

Par ailleurs, si la moyenne suisse des précipitations est 1,5 fois plus importante que d'habitude, comme dans toute l'Europe centrale et le sud des Etats-Unis, une sécheresse inhabituelle sévit à l'est de l'océan Indien.