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Errements des autorités sur les contrôles des cures de jouvence

Les cures de jouvence à base de cellules animales continuent d'être proposées en Suisse (image d'illustration). [Fotolia - ursule]
Cures de jouvence pour clients chinois: les errements des autorités sanitaires / Forum / 3 min. / le 2 octobre 2015
La Confédération tente de sévir contre les traitements anti-âge à base de cellules animales proposés par des cliniques suisses à des clients chinois. Mais il n'en a pas toujours été ainsi, révèle une enquête de la RTS.

Qui devait contrôler ces cinq dernières années ces cures de jouvence controversées, et même illégales? Les autorités fédérales tentent aujourd'hui de mettre de de l'ordre dans ce marché opaque.

Au nom de la loi sur la transparence, la RTS a pu se procurer 78 pages d'emails provenant du Département fédéral des affaires étrangères. Ces documents retracent comment, entre 2011 et 2012, les autorités suisses commencent à se poser des questions sur les risques et la légalité des thérapies anti-âge à base de cellules animales.

Nombreux éléments surprenants

Tout part de l'ambassade de Suisse en Chine, étonnée de voir de plus en plus de Chinois demander des visas pour du tourisme médical. Plusieurs autres éléments interpellent la représentation helvétique à Pékin.

L'ambassade reçoit par exemple une invitation à une conférence organisée à Pékin par le Centre de santé helvétique. Cet établissement, basé à Crans-Montana, aurait proposé en 2011, par le biais d'une agence chinoise, des traitements avec du placenta d‘agneau. En novembre 2011, la représentation est approchée par un hôpital militaire chinois intéressé à collaborer avec la Suisse dans le domaine de la lutte contre le vieillissement.

Fausse information de Swissmedic

Elle consulte alors Swissmedic, l'institut des produits thérapeutiques. Celui-ci répond, dans un mail daté de juin 2011, que les contrôles, selon le type de thérapies, relèvent soit de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), soit des cantons. L'information est répétée en 2012.

Or, depuis la révision de la loi sur les produits thérapeutiques en 2010, les autorisations pour les préparations à base de cellules animales relèvent de Swissmedic et non pas des cantons. Cette erreur a permis à ces produits d'échapper aux contrôles des autorités fédérales durant quatre ans.

Quatre ans d'inaction

Ce flou empêche l'ambassade de donner des réponses précises à ses interlocuteurs chinois. La Suisse se garde de faire une promotion trop active de ce business très lucratif, mais continue à octroyer des visas, sans se douter que les traitements suivis en Suisse sont potentiellement illégaux.

Il faudra attendre 2014 pour que les autorités helvétiques interviennent, avec le lancement de trois procédures pénales.

Marc Menichini avec Sascha Buchbinder (SRF)

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