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Une spécialiste suisse de cybersécurité dit avoir été piratée par l'EI

Piratage informatique Sony: les explications de Solange Ghernaouti, prof. cybersecurité, UNIL
Solange Ghernaouti, spécialiste en cybersécurité / L'invité de la rédaction / 23 min. / le 16 avril 2015
Solange Ghernaouti, professeure à l'Université de Lausanne, annonce que son site a été hacké par des djihadistes. "Ce qui s'est passé avec TV5 n'est que le début", prévient l'experte en cybersécurité.

Experte internationale en cybersécurité et professeure à la Faculté des hautes études commerciales à Lausanne, Solange Ghernaouti a confié jeudi sur les ondes de la RTS avoir elle-même été victime d'un acte de piratage du groupe Etat islamique (EI). Début mars, son site affichait un écran noir, avec le drapeau des djihadistes.

"Les pirates ont exploité une vulnérabilité qui venait juste d'être découverte", explique-t-elle. Les attaques venaient du Brésil, d'Ukraine, des Pays-Bas et de Russie. Les autorités suisses en ont pris acte.

Lutte contre le cyberdjihadisme

Les djihadistes savent s'associer avec de très grands professionnels, qui se sont "formés sur le tas". Selon la spécialiste, chaque système est victime de sa complexité: difficile à maîtriser, il comprend de nombreuses failles tant techniques que humaines.

"Ce qui s'est passé avec TV5 Monde n'est que le début", prévient la spécialiste, en parlant d'une "guerre psychologique".

>> Lire : Le "phishing" était à l'origine de la cyberattaque contre TV5 Monde

>> Revoir l'émission Infrarouge consacrée au cyberterrorisme :

Cyberterrorisme : la Suisse trop naïve ?
Cyberterrorisme : la Suisse trop naïve ? / Infrarouge / 61 min. / le 14 avril 2015

La guerre de la maîtrise du réseau

Terrorisme, sécurité des données, politique et économie sont liés, selon Solange Ghernaouti. "La guerre se fait dans l'accès au réseau", poursuit-elle, en appelant à "se réapproprier" le numérique et à "créer un secrétariat d'Etat au numérique en Suisse".

"Le problème", poursuit-elle, "c'est que les Suisses ne sont protégés ni par les lois suisses ni par les lois américaines, applicables qu'aux Américains. Notre Etat n'est plus en mesure de protéger les identités", se plaint l'experte.

Nous sommes à poil sur internet

Solange Ghernaouti

Soutenant la Commission européenne qui accuse Google de position dominante, l'experte estime que "nous sommes des minerais humains qui donnons toute notre richesse informationnelle". Sans épargner Bing et Yahoo, qui "sont tous cousins", la spécialiste appelle à créer un moteur de recherche européen, voire suisse.

>> Lire : Google accusé d'abus de position dominante par l'Union européenne

"Uber, c'est Google"

"Avec le numérique, on nous fait croire en une nouvelle civilisation, mais celle-ci reste basée sur du capitalisme, sur l'enrichissement de certains acteurs au détriment des autres", souligne Solange Ghernaouti.

"Uber, c'est Google", poursuit-elle. "C'est comme avoir une femme de ménage non déclarée: on fait travailler des gens, mais sans protection sociale, sans retraite, sans rien".

>> Lire : Plus de 11'500 Genevois signent une pétition de soutien à Uber

bri

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