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Blagues douteuses, propos haineux... Quand les adeptes de Twitter dérapent

Le logo Twitter sur un navigateur web
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Le réseau social est au nouveau au coeur de la polémique en France. En cause: un "hashtag" (mot-clé) antisémite de trop, et un gouvernement qui souhaite mettre un frein aux abus. L'occasion de revenir sur les excès les plus médiatisés des derniers mois.

Le site de micro-blogging Twitter est dans le viseur des autorités françaises depuis quelques semaines. Le gouvernement français, par la voix de sa ministre des Affaires numériques Fleur Pellerin, souhaite sévir après une recrudescence de mots-clés dénigrants.

Quels sont ces hashtags de la discorde?

Des mots-clés à tonalité antisémite: le dernier en date est #siJetaisNazi, lancé le week-end passé. Il a suscité la colère de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui a déjà porté plainte contre Twitter en novembre pour réclamer l'identité des auteurs d'un autre mot-clé très controversé, #Un bon juif". Dans le même ordre d'idée, un hashtag "croix gammée" avait fait son apparition sur le site.

Des mots-clés à tonalité homophobe: en décembre, les utilisateurs de Twitter ont pu constater une nouvelles vagues de commentaires violents, à l'encontre cette fois des homosexuels, avec #Si mon fils est gay (et sa variante #Anti Homosexuel).

Des mots-clés à tonalité raciste:

A la même période, les Noirs sont aussi pris pour cible, avec #Si ma fille ramène un Noir. Il y a quelques mois, le hashtag #KKK (en référence au Ku Klux Klan) avait déjà choqué une partie de l'opinion anglo-saxonne.

Des mots-clés à tonalité misogyne: au-delà des hashtags racistes ou homophobes, d'autres mots-clés clairement dénigrants envers les femmes ont fait leur apparition sur Twitter. Récemment, ce fut #PrenomdeP*** et #VousEtesDesP****.

Un humour douteux ou l'envie de provoquer sont souvent à l'origine de ces mots-clés, mais ils finissent par charrier dans leur sillon un flot de propos dénigrants, et restent populaires  ("trending topic") tant qu'on les utilise, même pour les dénoncer.

C'est donc d'un risque de débordement que le gouvernement français veut se protéger, mais il marche sur des oeufs, se heurtant pour l'heure au principe de liberté d'expression défendu par le site (lire: Twitter refuse de livrer les noms d'auteurs de messages illégaux).


Les personnalités qui ont twitté trop vite

Dans les derniers mois, de nombreux tweets envoyés par des personnalités ont enflammé la Toile, en Suisse et ailleurs.

L'UDC zurichois Alexander Müller a été poussé à la démission par son parti en raison de son tweet controversé.

Alexandre Müller:

En juin, ce membre de l'UDC zurichoise twitte: "Peut-être avons-nous besoin à nouveau d'une nuit de cristal, cette fois pour les mosquées". Il est congédié du parti, et s'excuse publiquement.

Valérie Trierweiler: Toujours en juin, la nouvelle Première dame de France crée une tempête politique et médiatique en twittant son soutien au rival non socialiste de Ségolène Royal: "Courage à Olivier Falorni qui n'a pas démérité, qui se bat aux côtés des rochelais depuis tant d'années dans un engagement désintéressé." Elle fera publiquement son mea culpa quelques semaines plus tard.

Michel Morganella: Après un match perdu contre la Corée du Sud en juillet lors des Jeux olympiques, le footballeur valaisan règle violemment ses comptes sur Twitter: "Je défonce tous les Coréens, allez tous vous brûler, bande de trisos". Il est exclu de la sélection olympique de football.

Paraskevi Papachristou: Toujours dans le cadre des JO, l'athlète grecque juge bon de partager ce message avec ses followers: "Avec autant d'Africains en Grèce, au moins les moustiques du Nil occidental mangeront de la nourriture maison." La jeune femme est immédiatement exclue de la délégation grecque deux jours avant le début de la compétition.

Véronique Genest: En août, l'actrice de téléfilms se fend d'un tweet sur l'Islam, qui selon elle est "dangereux pour la démocratie et en fait la démonstration tous les jours". Avalanches de réactions indignées, notamment de célébrités.

Lance Armstrong: En novembre, alors qu'il est en pleine tourmente médiatique à propos de la légitimité de ses victoires sur le Tour de France, le cycliste texan poste une photo de lui clairement provocatrice. On l'y voit posant sur son canapé, devant ses sept maillot jaunes glanés sur les routes françaises, et cette légende laconique: "Retour à Austin, je me repose tranquillement". Le tweet n'arrange pas sa popularité.

Les tweets de Michel Morganella (source: 20min.ch)

Rupert Murdoch:

En novembre toujours, le magnat de la presse australo-américain réagit au traitement médiatique de l'opération israélienne "Pilier de défense": "Pourquoi la presse détenue par les Juifs est-elle si systématiquement anti-Israël dans toute les crises ?"

Nadine Morano: Habituée des faux pas sur Twitter, l'ex-ministre de droite française critique sur le réseau la tenue de François Hollande à la cérémonie du 11 novembre. "Tenue de cérémonie... Six mois après être devenu président, Hollande a toujours sa cravate de travers... Pas la classe!" Ces propos passent mal: on lui reproche de manquer de respect aux 1,5 millions de Français morts pendant la Grande guerre.

Michael Owen: Il y a quelques jours, en Angleterre, Bradford, une équipe de D4, bat Aston Villa au cours d'un match qui tient de la performance, ce que salue d'ailleurs Michael Owen, attaquant de Stoke City : "Quel match ! Bradford est en feu". Ce tweet a choqué certains followers du footballeur: le stade de Bradford a en effet été détruit dans un incendie en 1985, lors duquel 56 personnes avaient trouvé la mort.

Pauline Turuban

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