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La flambée du prix de l'hélium met les hôpitaux et la recherche sous tension

Le prix de l'hélium utilisé par l'industrie, la recherche et les hôpitaux a pris l'ascenseur ces derniers mois. [Reuters - Rod Nickel]
Pénurie d'hélium utilisé par l'industrie, une conséquence méconnue de la guerre en Ukraine / La Matinale / 4 min. / le 28 novembre 2022
Conséquence méconnue de la guerre en Ukraine, le prix de l'hélium utilisé par l'industrie, la recherche et les hôpitaux a pris l'ascenseur ces derniers mois. De 17 francs avant la crise, le litre peut atteindre aujourd'hui jusqu'à 100 francs sur le marché libre.

Cette flambée des prix met les hôpitaux et le secteur de la recherche sous tension.

Ainsi, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) à Genève utilise l'hélium (produit dérivé de l'extraction du gaz naturel) pour refroidir les plus de 1000 aimants qui composent l'accélérateur de particules le plus puissant du monde.

Celui-ci a "besoin pour fonctionner d'au moins 130 tonnes d'hélium mais de par sa conception, son mode d'exploitation, il a des pertes relativement faibles de 10%", a expliqué dans La Matinale de lundi Frédéric Ferrand, en charge de l'approvisionnement.

"Nous devons réapprovisionner annuellement et de manière assez régulière l'hélium pour maintenir le stock nécessaire au fonctionnement de la machine. Le marché de l'hélium sur 2023 reste assez incertain".

Le CERN craint pour son approvisionnement ces prochains mois, malgré la solidité des contrats passés avec différents fournisseurs, en Suisse et surtout à l'international.

Aussi dans les hôpitaux

La tension est grande également du côté des hôpitaux qui utilisent ce gaz pour éviter la surchauffe des scanners par IRM, et également dans le cadre d'analyses médicales.

S'il devait vraiment y avoir une pénurie sévère, les hôpitaux seraient évidemment prioritaires, mais le prix croissant de cette ressource pourrait faire augmenter le prix des prestations.

Pour l'instant, les stocks sont assurés pour les 12 mois à venir aux HUG, à Genève. Au CHUV, la situation est un peu plus critique: les réserves devraient permettre de couvrir seulement les trois prochains mois.

Système de recyclage

Il existe bien un moyen de récupérer l'hélium, mais cela demande une infrastructure très importante. Actuellement en Suisse romande, seule l'EPFL a mis en place un tel système de recyclage.

>> Ecouter CQFD, "Face à la pénurie, l'EPFL recycle son hélium" :

Il existe des moyens de recycler l'hélium. [Depositphotos - vision.si]Depositphotos - vision.si
Face à la pénurie, l'EPFL recycle son hélium / CQFD / 10 min. / le 6 décembre 2022

Il s'agit d'un immense réseau de tuyaux sous-terrains qui relient les différentes machines à un centre de récupération. Cette initiative de recyclage a été lancée juste après la première crise provoquée par les attentats en 2001.

Ces attaques ont "généré une crise mondiale de l'approvisionnement d'hélium au point que toutes les recherches à l'EPFL et dans beaucoup d'autres institutions et entreprises ont dû être bloquées pendant plusieurs mois", explique Stefano Alberti, à l'origine de cette initiative de recyclage. "C'est pourquoi, quelques années après, l'EPFL a décidé d'investir pour avoir un système qui permet de récupérer l'hélium afin d'en avoir toujours à disposition."

Demandes du privé

Actuellement, "la crise nous oblige à être dans un mode de rationnement. Ce système permet d'avoir une sorte de réserve tampon qui permet de passer à travers les crises, d'assurer une continuité dans les livraisons et en même temps d'offrir des prix qui sont concurrentiels par rapport au marché", a encore relevé Stefano Alberti.

Pour l'instant, l'hélium recyclé à l'EPFL est revendu à des partenaires sur le site. Mais l'école a déjà reçu des demandes de la part d'entreprises publiques et privées.

En effet, la demande est très forte actuellement dans le domaine des semi-conducteurs, mais aussi de la tech pour refroidir les data centers qui tournent en permanence à plein régime. D'autres systèmes de recyclage pourraient donc fleurir pour faire face à la pénurie.

Sophie Iselin/lan

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