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Végane, sans gluten, cétogène... quels sont les avantages et les limites des régimes?

>> L'arrivée de l'été rime souvent avec régimes à la une des magazines. On en parle remet cette tradition au goût du jour, avec une série informative sur les principaux régimes conseillés en cas de ballonnements, de problèmes de sommeil ou encore de perte de poids, en plus des régimes alimentaires suivis pour des raisons éthiques.

>> Le but de cette série est d'informer sur ces différents régimes, et de prendre la mesure de leurs bienfaits et de leurs limites en matière de santé. La liste a été établie avec l'aide du docteur Tinh Hai Collet, médecin adjoint à l'unité de nutrition des hôpitaux universitaires de Genève.

Une série proposée par Arditë Shabani et réalisée par Antoine Weissenbach

Adaptation web: Myriam Semaani

Le jeûne intermittent

Le régime qui dit quand manger

Le jeûne intermittent est un régime consistant à alterner les périodes de jeûne et les périodes durant lesquelles on mange sans se restreindre. Rebecca, 46 ans, en est une adepte. Souhaitant se débarrasser de quelques kilos en trop, elle tente plusieurs régimes, sans succès. Elle découvre alors le jeûne intermittent en participant à une étude des Hôpitaux universitaires de Genève. Son groupe doit jeûner de 14 heures à 6 heures du matin.

"C'était difficile au début, car il fallait que je modifie mes habitudes alimentaires et sociales", raconte-t-elle lors de l'émission On en parle. Habitudes qu'elle remet alors en question. "Nous mangeons souvent par réconfort, et non parce que nous avons faim." Une fois cette étape passée, le régime lui convient: son énergie est intacte, et au bout des trois mois de l'étude, elle a perdu 7 kilos.

>> À écouter: l'épisode 1 de la série "Au régime!" de l'émission On en parle :

Illustration du jeûne intermittent. [Depositphotos - Anaumenko]Depositphotos - Anaumenko
Série "Au régime!" (1/5): le jeûne intermittent / On en parle / 10 min. / le 20 juin 2022

Pour son étude, Tinh Hai Collet, médecin adjoint à l'unité de nutrition des HUG, propose donc aux participants et participantes de jeûner pendant une période de 16 heures sur un cycle de 24 heures. L'étude n'est pas encore terminée, mais les résultats sont plutôt concluants: "À quelques exceptions près, le jeûne intermittent est bénéfique pour la majorité des participants et participantes tant qu'ils et elles sont en bonne santé. En mangeant tout ses repas dans une certaine tranche horaire, on re-synchronise la prise alimentaire avec le métabolisme. De plus, en restreignant la prise alimentaire à un certain nombre d'heures, nous avons moins de temps pour manger. Cette restriction de quantité indirecte aide à la perte de poids. Enfin, se concentrer sur l'heure à laquelle on mange plutôt que sur ce qu'on mange est plus facile à réaliser."

À noter que le jeûne intermittent est également déconseillé aux enfants, aux personnes âgées, aux personnes diabétiques et aux personnes atteintes d'hypertension ou de cancer.

Le régime végane

Une conviction morale et écologique

Annabelle, 28 ans, est végane. Son régime consiste à manger des aliments d'origine végétale uniquement. "Cela a commencé lorsque j'étais enfant", se souvient-elle au micro de l'émission On en parle. "Je me suis rendu compte que la viande était faite en tuant des animaux, et c'était un choc."

À dix ans, jeune mais convaincue, elle devient végétarienne. Il y a deux ans, elle adopte le régime végane. Des choix qui nécessitent une attention particulière à ce qu'elle mange, pour éviter les carences. "Aujourd'hui, je fais surtout attention à la vitamine B12, que je prends une fois par mois en complément alimentaire. Je me sens en forme physiquement et mentalement, en accord avec moi-même."

>> À écouter: l'épisode 2 de la série "Au régime!" de l'émission On en parle :

Gros plan sur des steaks et des burgers véganes. [Depositphotos - fahrwasser]Depositphotos - fahrwasser
Série "Au régime!" (2/5): le régime végane / On en parle / 9 min. / le 21 juin 2022

Anne-Catherine Morend, diététicienne et fondatrice d'Alpha-Nutrition à Genève, explique que "même si la plupart des adeptes du régime végane le font d'un point de vue éthique, certains et certaines le font aussi pour des raisons nutritionnelles et une volonté de gérer ou restreindre son poids." La plupart des patients et patientes véganes qui consultent Anne-Catherine Morend le font car ils et elles sont confrontés à des problématiques de carences en micronutriments, comme le fer et la vitamine B12.

"Dans le cas où ces personnes souffriraient de grands troubles digestifs, il m'arrive de les sensibiliser à revenir à une alimentation végétarienne, en re-introduisant certains aliments d'origine animale." La carence en vitamine B12, trouvée uniquement dans les produits d'origine animale, est inévitable en cas d'adoption d'un régime végane. Il faut donc prendre des suppléments pour y remédier. "D'autres nutriments sont également à fort risque de déficience, comme le fer, l'iode et l'acide gras Oméga 3", poursuit la diététicienne. "Un contrôle régulier par un spécialiste de la nutrition ou un médecin est nécessaire."

Le régime pauvre en FODMAP

Radical mais efficace en cas de syndrome de côlon irritable

Régime complexe, le régime pauvre en FODMAP a été inventé pour les personnes souffrant de problèmes digestifs. Amélie est adepte de ce régime particulier. Elle adore le fromage, et les légumes, en particulier les légumes verts, lui sont autorisés.

Atteinte du syndrome du côlon irritable, elle souffre de problèmes de digestion depuis son enfance. Elle tente alors les régimes sans gluten, puis sans lactose, sans grand succès. Puis une amie lui recommande un livre écrit par un gastroentérologue français à propos d'un régime nommé FODMAP.

Pour commencer ce régime strict, il faut supprimer tous les sucres alimentaires pendant six semaines, avant de les réintroduire progressivement. Elle découvre alors l'origine de ses douleurs: les fructanes, des sucres présents dans l'ail, les oignons, les poireaux ou encore le blé, et les fructoses, des sucres présents dans les fruits. Résultat: aujourd'hui, en évitant ces aliments, elle se sent moins ballonnée et plus énergique. Mieux encore, ses problèmes de peau ont diminué.

>> À écouter: l'épisode 3 de la série "Au régime!" de l'émission On en parle :

Des aliments acceptés par le régime pauvre en FODMAP. [Depositphotos - unixx.0.gmail.com]Depositphotos - unixx.0.gmail.com
Série "Au régime!" (3/5): le régime pauvre en FODMAP / On en parle / 9 min. / le 22 juin 2022

Découvert en 2005 par l'université de Monash à Melbourne, le régime FODMAP a été créé spécialement pour les personnes souffrant de troubles digestifs et du syndrome du côlon irritable. Florence Genton-Graf, médecin spécialisée et responsable de l'unité nutrition aux Hôpitaux universitaires de Genève, explique en détail le principe du régime FODMAP: "Ce régime exclut des hydrates de carbone à chaîne courte, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas digérés par l'intestin grêle et digérés au niveau du gros intestin. Il en existe plusieurs types, d'où l'abréviation FODMAP: Fermentescibles, Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides et (And) Polyols."

Tous ces composants se trouvent dans divers aliments, des oignons au lait de vache en passant par les champignons. "L'alimentation FODMAP est très restrictive, et je cherche d'abord d'autres alternatives pour mes patients et patientes atteints de troubles digestifs. Mais si ces personnes sont en souffrance et désespérées, cela vaut la peine d'essayer."

Le régime sans gluten

Au-delà de l'effet de mode, une meilleure sensibilisation de la médecine

Pia, 60 ans, évite la plupart des farines contenant du gluten, par exemple le blé, l'orge, le seigle et l'avoine. Elle les substitue par de la farine de riz, de sarrasin, de pois chiches, de maïs, ou encore de la farine de teff, moins connue. À 50 ans, après avoir souffert de nombreux problèmes de santé tout au long de sa vie, le verdict tombe: Pia est cœliaque. "J'ai des douleurs lorsque je mange depuis toute petite. À l'époque, on ne parlait pas de gluten. Les médecins disaient à ma mère que j'étais une enfant capricieuse, et que cela changerait un jour", explique-t-elle au micro d'On en parle. Instinctivement, la jeune fille évite le pain et les pâtes, qui font systématiquement gonfler son ventre et ses chevilles, mais ne fait pas le lien avec le gluten jusqu'à son diagnostic. Elle change alors son régime, et le résultat est radical: ses problèmes de digestion et d'articulation disparaissent, et elle se sent en pleine forme.

>> À écouter: l'épisode 4 de la série "Au régime!" de l'émission On en parle :

Du pain sans gluten. [Depositphotos - zimmytws]Depositphotos - zimmytws
Série "Au régime!" (4/5): le régime sans gluten / On en parle / 8 min. / le 23 juin 2022

Seul bémol, l'aspect social de sa maladie: "Lorsque je mange à l'extérieur, je m'adapte, mais les gens ont peur de faire un faux pas lorsqu'ils me reçoivent chez eux. Au restaurant, il y a souvent des options sans gluten, mais c'est l'angoisse. Heureusement, les restaurateurs comprennent de plus en plus ma maladie."

>> À consulter aussi : Produits sans gluten: plus chers et moins bons pour la santé?

Anne-Catherine Morend, diététicienne et fondatrice d'Alpha Nutrition à Genève, explique la maladie cœliaque: "Il s'agit d'une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire ne reconnaît pas correctement les protéines du blé, donc le gluten." À ne pas confondre avec la sensibilité au gluten non cœliaque, dont les symptômes diminuent lorsqu'on consomme moins de gluten. "Dans ce cas, une diminution du gluten suffit, tandis que la cœliaquie demande une éviction totale et à vie."

Ces dernières années, la diététicienne a remarqué une augmentation de ses patients consultant à propos du gluten. Selon elle, cela est dû "à de meilleurs diagnostics de la maladie cœliaque" et, "au-delà de l'effet de mode, à des déséquilibres du microbiote intestinal et à une meilleure sensibilisation de la médecine sur le gluten".

Le régime cétogène

Remplacer les sucres par de bonnes graisses

Stéphane, 46 ans, témoigne sur sa pratique intermittente du régime cétogène, trois à quatre jours par semaine. Ce mode d'alimentation consiste à éviter tous les sucres, y compris ceux des fruits et des féculents. "Je mange tout de même des baies, qui contiennent très peu de sucre", précise-t-il lors de l'émission On en parle. Les produits laitiers sont aussi autorisés, sans sucres ajoutés. "Il y a quatre ans, j'ai été diagnostiqué d'un diabète de type 1, et ma compagne d'un cancer du sein." Cette dernière pratique alors le régime cétogène dans le cadre de sa cure, "avec des résultats si époustouflants que j'ai décidé de le pratiquer moi aussi". Si Stéphane n'était pas suivi par un médecin à ses débuts, il est aujourd'hui accompagné par son diabétologue. Il s'informe aussi auprès de nutritionnistes. En plus de l'aider à gérer sa prise de sucre en tant que diabétique, le régime cétogène donne plus d'énergie à Stéphane, qui se sent "plus vif". Il a également perdu de la masse graisseuse.

>> À écouter: l'épisode 5 de la série "Au régime!" de l'émission On en parle :

Des aliments compatibles avec le régime cétogène. [Depositphotos - yulianny]Depositphotos - yulianny
Série "Au régime !" (5/5): bienfaits et limites du régime cétogène / On en parle / 9 min. / le 24 juin 2022

Christophe Kosinski, médecin, chef de clinique en endocrinologie et diabétologie au CHUV, détaille les bienfaits et les limites de ce régime particulier, à base de légumes, de viande, de pois chiches et de lentilles. "Le terme 'cétogène' englobe tous les régimes très pauvres en glucides, et par compensation très riches en graisses de bonne qualité." Les résultats attendus sont une amélioration métabolique, notamment grâce à un apport calorique plus réduit que celui d'un mode d'alimentation classique, et par extension une perte de poids. Un meilleur contrôle du diabète est également possible.

Le docteur tient cependant à rappeler que le régime cétogène n'est pas adapté à tous les diabétiques. "Stéphane a de la chance, car son corps produit encore de l'insuline. Mais les diabétiques de type 1 ont typiquement un manque total de sécrétion d'insuline. Le régime cétogène les mettrait à haut risque de complications aiguës. En revanche, les personnes diabétiques de type 2, qui ont une haute sécrétion d'insuline, ne sont pas à risque." Quant aux personnes en bonne santé souhaitant adopter le régime, Christophe Kosinski leur conseille tout de même un encadrement médical, ou l'accompagnement d'un ou d'une nutritionniste.