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En Ukraine, une guerre électromagnétique dont on parle peu

Un soldat français équipé du fusil anti-drone Nerod F5, lors du défilé du 14 juillet [Keystone - Ian Langsdon]
Zoom - Ukraine: une guerre électromagnétique dont on ne parle pas / Un soldat français équipé du fusil anti-drone Nerod F5, lors du défilé du 14 juillet / La Matinale / 2 min. / le 13 avril 2022
Les militaires disposent d'armes toujours plus complexes pour trouver des renseignements, perturber les communications de l'ennemi, dévier des missiles ou lutter contre les drones. Cette guerre électronique n'a pas livré tous ses secrets.

C'est une guerre dans un monde invisible, celui de la sphère électromagnétique. Les militaires la nomment "guerre électronique" ou GE. Ces dernières semaines, en Ukraine, plusieurs armes mystérieuses ont été découvertes sur le terrain.

La première est un leurre d'une trentaine de centimètres qui permet aux missiles russes Iskander-M de tromper les radars de défense aérienne ainsi que les missiles d'interception à recherche de chaleur.

Remplies d'électronique, ces petites fléchettes ont été recueillies par les services de renseignement américains, selon les révélations du New York Times. Elles pourraient expliquer le manque d'efficacité dans l'interception des missiles russes Iskander.

L'autre prise ressemble à un gros conteneur posé sur un camion. Ce dispositif russe nommé Krasukha-4 serait capable de brouiller les radars sur une surface qui pourrait aller jusqu'à 300 kilomètres carrés. Cette prise, relayée par les médias anglo-saxons, est assez peu documentée.

Une guerre invisible

Ces nouvelles armes font partie de la guerre électronique que se mènent sur le terrain les belligérants. Ce type de technologie permet de brouiller les pistes, d'intercepter des informations ou de dévier un missile. Leur domaine sont les transmissions radar, radio ou infrarouges.

Les dernières avancées technologiques visent particulièrement les drones utilisés pour l'exploration, mais aussi pour transporter des explosifs. L'armée française dispose par exemple d'un fusil futuriste. L'antenne émet un signal qui coupe la liaison entre le drone et son pilote. L'appareil s'écrase, se pose au sol ou tombe quand il n'a plus de batterie.

Les mesures d'interférence GPS relevées par HawkEye 360 [HawkEye 360]
Les mesures d'interférence GPS relevées par HawkEye 360 [HawkEye 360]

Cette guerre électronique n'est pas nouvelle, elle coïncide avec l'invention du poste radio militaire. Les armes électroniques apparaissent avec la Deuxième Guerre mondiale et deviennent réellement importantes au Vietnam. Dernièrement, en 2019, les Russes ont réussi à brouiller les signaux GPS en Syrie. Les outils de navigation affichaient de mauvais emplacement ou cessaient de fonctionner.

Dans le cadre de la guerre en Ukraine, des interférences du système GPS ont également été observées au Donbass et à la frontière Biélorusse. Les mesures ont été publiées par l'entreprise américaine HawkEye 360, qui analyse les données de sa constellation de satellites. Elle affirme qu'il s'agit d'une preuve de l'intégration de tactiques de guerre électronique dans l'opération russe.

En Suisse

L'armée suisse dispose également de moyens d'action électromagnétiques. Mais pas d'armes mortelles ou destructrices, même si ce type de système existe dans d'autres pays, selon l'armée.

Officiellement, la Suisse dispose du Piranha "MZS" (ou émetteur multi-usages), un brouilleur d'ondes radio mobile. Il fait partie de la composante "effecteurs" du système IFASS. Le détail est classé confidentiel.

Cette guerre électronique est même encadrée par une ordonnance sur la guerre électronique et l'exploration radio. En temps de paix, pour l'armée suisse, l'exploration radio est interdite sur toutes les fréquences civiles suisses. Le brouillage est lui permis uniquement sur les fréquences militaires suisses et à des fins d'entraînement.

Pascal Wassmer

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