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Une étude du CHUV explore le décalage entre le ressenti et la réalité des dormeurs

Une étude du CHUV montre que certaines personnes qui pensent n'avoir pas dormi dorment en fait bel et bien. [Fotolia - BillionPhotos.com]
Une étude du CHUV montre que certaines personnes qui pensent n'avoir pas dormi dorment en fait bel et bien / La Matinale / 1 min. / le 29 octobre 2021
Une étude du CHUV publiée cette semaine explique pourquoi certaines personnes pensent n'avoir pas dormi alors qu'elles dorment en fait bel et bien. Cet écart de perception est particulièrement marqué chez les personnes qui font de l’insomnie.

Le dormeur pense souvent avoir une idée assez juste de son sommeil: il dit savoir quand il dort et quand il est réveillé. Mais ce n’est pas aussi évident que cela, montre l'étude du CHUV publiée mercredi dans la revue Current Biology.

"On trouve des états un peu dissociés en lien avec le sommeil", a expliqué vendredi dans La Matinale de la RTS Francesca Siclari, médecin cadre au Centre dʹinvestigation et de recherche sur le sommeil du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). "Par exemple, les gens peuvent décrire parfois une sensation d'avoir bien ou mal dormi, de ne pas avoir été déconnectés de la réalité, ou, des fois, d'être dans un état entre les deux. On peut aussi avoir l'impression de ne pas avoir fermé l'oeil mais que le temps passe vite, ou l'impression de ne pas avoir dormi alors que l'on a tout de même rêvé."

Décalage très marqué chez les insomniaques

Le décalage entre ressenti et réalité est probablement présent chez chacun de nous, mais il est particulièrement marqué chez les personnes qui font de l’insomnie. Souvent, ces dernières ont l’impression d’avoir été éveillées toute la nuit, mais les enregistrements montrent qu'elles ont bel et bien dormi.

Pour mieux comprendre cet écart, l'équipe de Francesca Siclari a placé un électro-encéphalogramme à haute densité composé de plus de 200 capteurs et a suivi les nuits de bons dormeurs et d’insomniaques. Et les résultats montrent que les insomniaques n'ont pas tout à fait une perception fausse de leur sommeil. Elle est en réalité très fine, décrypte la chercheuse du CHUV.

"On a trouvé un marqueur au niveau de l'activité cérébrale: des fréquences rapides, typiques de l'éveil, qui se mélangent aux fréquences lentes, typiques de sommeil. Or, quand l'activité rapide est plus élevée, le sommeil est perçu comme moins profond", explique Francesca Siclari.

"On a cette sensibilité assez fine à détecter ces fréquences rapides qui se corrèlent avec la sensation de ne pas avoir dormi profondément. Les insomniaques ne se trompent donc pas. Ils sont à la fois endormis et réveillés. Ce sont nos mesures standards qui n'arrivent pas, en fait, à détecter ces variations très fines de l'activité cérébrale."

Evolution des traitements espéré

L'étude du CHUV pourrait servir à faire évoluer, dans l'avenir, les traitements déjà existants pour les troubles du sommeil à l'instar des somnifères, comme l'espère la chercheuse.

"Dans notre étude, on a pu caractérisé cette activité cérébrale qui corrèle avec la sensation de ne pas bien dormir. On a pu la localiser au niveau du cerveau. Cela nous permettra de faire des hypothèses sur ces circuits neuronaux impliqués dans cette sensation de ne pas avoir bien dormi et les cibler pharmacologiquement avec des traitements spécifiques", détaille-t-elle, ajoutant que les traitements existants comme les somnifères sont pour l'heure très peu spécifiques.

>> L'interview complète de Francesca Siclari dans La Matinale :

La neurologue Francesca Siclari s'est demandé si la sensation de sommeil est réelle (vidéo)
La neurologue Francesca Siclari s'est demandé si la sensation de sommeil est réelle (vidéo) / La Matinale / 8 min. / le 29 octobre 2021

Sujet radio: Benjamin Luis et Alexandra Richard
Adaptation web: Fabien Grenon

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"Des études montrent que le changement d'heure peut avoir un effet sur la santé des gens"

Dimanche, les Suisses passeront à l'heure d'hiver et pourront ainsi profiter d'une heure de sommeil en plus. Les horloges passeront de 3h à 2h durant la nuit de samedi à dimanche. Et ce, alors que l'abolition du changement d'heure fait toujours débat en Europe.

D'un point de vue économique et énergétique, la suppression du changement d'heure serait justifiable, mais qu'en est-il du point de vue du sommeil? Pour la spécialiste du sommeil Francesca Siclari, son abolition ne serait pas une mauvaise chose.

"Quand on passe de l'heure d'été à l'heure d'hiver, ça ne pose pas de problème, au contraire, car nous gagnons une heure de sommeil. Mais dans l'autre sens, quand on perd une heure de sommeil, des études montrent qu'il peut y avoir des effets sur la santé. On observe en effet une légère augmentation des infarctus du myocarde le lundi qui suit le changement d'heure."