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A masse égale, les bébés dépensent 50% d'énergie en plus que les femmes enceintes

A masse égale, les bébés dépensent 50% d'énergie en plus que les femmes enceintes [UNSPLASH - HUI SANG]
La chronique scientifique - Métabolisme et kilos en trop / La Matinale / 3 min. / le 20 septembre 2021
Une étude montre que certaines périodes de la vie sont associées à de forts besoins énergétiques. A l'âge adulte, ceux-ci sont stables, même pour les femmes enceintes. C'est surtout le métabolisme des nourrissons qui nécessite un relativement gros apport en calories.

Il existe des variations de métabolisme, mais pas du tout au moment où on pourrait l’imaginer (à l'arrivée de l'adolescence ou à la grossesse, par exemple), selon l'étude parue cet été.

Les scientifiques ont comparé la dépense énergétique (les calories consommées) de la "masse maigre" de plus 6400 personnes âgées de 8 jours à 95 ans, dans 29 pays différents. La "masse maigre", ce sont les organes - foie, cœur, cerveau - les muscles, les os. En résumé: tout, sauf le gras. L'étude met en évidence quatre étapes dans le parcours d'un corps.

A la naissance, le nouveau-né a les mêmes dépenses énergétiques que sa mère. Ensuite, la dépense énergétique chez les nourrissons augmente de manière exponentielle, explique Pierre Maechler, professeur de physiologie cellulaire à l’Université de Genève. "Pendant la 1ère année, c’est extraordinaire à quel point la dépense énergétique augmente par rapport au poids du bébé."

Période de forte croissance

Entre 9 et 15 mois, un kilo de bébé "maigre" consomme 50% de plus d’énergie que le même kilo "maigre" d’adulte. Autour de 15 mois, le pic est atteint. Là, le besoin en énergie commence à décliner, jusqu’autour des 20 ans.

"A l’adolescence, au moment de l’explosion hormonale, on a un pic de croissance documenté", continue Pierre Maechler. "On pensait qu’il allait de paire avec un besoin énergétique augmenté. Cette étude tendrait à dire que cela reste plus important qu’un adulte, mais qu’il n’y a pas, finalement, tout d’un coup, un besoin extraordinaire."

L’équation "un kilo et demi de sucre par kilo d’ado tourmenté par ses hormones" ne tient donc pas la route. Entre 20 et 60 ans, la dépense énergétique de la masse maigre reste complètement stable. Même la grossesse ne change rien. "C’est une vraie surprise", précise Pierre Maechler. "On voit que, chez la femme enceinte, il y a certes une augmentation de la dépense énergétique et, donc, des besoins énergétiques, qui s'accroissent en fonction du poids gagné par le fœtus, mais finalement guère plus." Il n’y a pas, du reste, de différence entre les sexes.

Vers la frugalité énergétique

Enfin, "dès 60 ans, on dépense moins", signale Pierre Maechler. "Ce qui indique que nos organes consomment moins, s’économisent plus. Ou alors dépensent moins d’énergie pour se conserver et que, donc, c’est le début de la sénescence."

A noter que cette étude ne tient pas compte de la "masse grasse", qui elle aussi consomme un peu d’énergie. Ces travaux sur le métabolisme ont ainsi des implications en recherche médicale, que ce soit sur le dosage des médicaments, selon ces étapes de la vie, sur la malnutrition infantile ou sur la compréhension de l’obésité.

Sujet radio: Huma Khamis

Adaptation web: ami

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