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Le danger des pesticides pour les abeilles est sous-estimé, selon une étude

Il y a trop d'abeilles domestiques dans les villes suisses. [KEYSTONE - Lisa Maire]
La menace des pesticides pour les abeilles est sous-estimée, selon une étude / Le Journal horaire / 21 sec. / le 4 août 2021
L'exposition à un cocktail de substances agrochimiques augmente nettement la mortalité des abeilles. Cette situation est sous-estimée par les autorités chargées de réguler la mise sur le marché de ces produits, d'après une étude de la revue Nature parue mercredi.

Selon l'Organisation des Nations unies (ONU), les abeilles pollinisent 71 des 100 espèces cultivées fournissant 90% des denrées alimentaires mondiales. Ces dernières années, l'effondrement des populations d'insectes pollinisateurs, très vulnérables aux pesticides, menace des productions agricoles.

Cette vaste étude parue dans la revue scientifique Nature reprend des dizaines d'autres publiées au cours des 20 dernières années, en s'intéressant aux interactions entre les produits agrochimiques, les parasites et la malnutrition affectant le comportement des abeilles, dont la quête de nourriture, la mémoire et la reproduction de la colonie.

Il en ressort que l'effet combiné entre différents pesticides et d'autres substances chimiques est vraisemblablement supérieur à la somme des effets de chacun. Ces "interactions entre des substances agrochimiques multiples augmentent significativement la mortalité des abeilles", souligne Harry Siviter, co-auteur de l'étude, de l'université du Texas à Austin.

Poursuite du déclin

"Les régulateurs doivent considérer les interactions entre produits agrochimiques et d'autres facteurs de stress environnementaux avant d'autoriser leur utilisation", déclare Harry Siviter.

Les résultats de l'étude "montrent que le processus réglementaire dans sa forme actuelle ne protège pas les abeilles des conséquences indésirables d'une exposition à plusieurs niveaux aux produits agrochimiques" et l'absence de changements "aura pour conséquences la poursuite du déclin des abeilles et des services de pollinisation qu'elles offrent, au détriment des humains et de la santé des écosystèmes", ajoutent les chercheurs.

Dans un commentaire également publié dans Nature, Adam Vanbergen, chercheur à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) en France, rappelle que les insectes pollinisateurs sont menacés par l'agriculture intensive, ainsi que par la réduction de la quantité de pollen provenant de fleurs sauvages.

Cultures intensives

Les vastes ruches créées pour la production de miel sont un facteur supplémentaire d'exposition des pollinisateurs aux parasites et aux maladies, ajoute Adam Vanbergen. Ces travaux "confirment que le cocktail de substances agrochimiques auquel les abeilles sont confrontées dans un environnement de cultures intensives peut créer un risque pour leur population", écrit le chercheur.

L'attention s'est concentrée jusqu'à présent sur les abeilles domestiques, mais il faut davantage de recherches concernant les autres pollinisateurs qui pourraient réagir différemment, poursuit-il.

En 2019, des scientifiques avertissaient que près de la moitié des espèces d'insectes dans le monde sont menacées et qu'un tiers pourrait disparaître d'ici la fin du siècle.

ats/iar

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