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La fabrication de produits humains pèse désormais plus lourd que la nature

Pour la première fois de l'histoire, la production humaine pèse plus lourd que la nature. [KEYSTONE - Gaetan Bally]
La production humaine pèse désormais plus lourd que la nature. / Le Journal horaire / 33 sec. / le 10 décembre 2020
Pour la toute première fois de l'histoire, le poids des produits fabriqués par l'humanité a dépassé celui des formes de vie sur Terre en 2020. Une étude met en exergue ce point de bascule de l'empreinte humaine sur le globe.

Les auteurs de cette étude, publiée mercredi dans la revue Nature, ont calculé que le poids des bâtiments, infrastructures de transports et autres produits manufacturés double tous les 20 ans environ et a atteint cette année 1,1 teratonne, soit 1100 milliards de tonnes.

Sous l'effet de cette croissance insatiable, qui utilise et détruit les ressources naturelles, le poids de la biomasse vivante se serait de son côté effondré de moitié depuis l'invention de l'agriculture au néolithique, environ 10 siècles avant notre ère. Il s'établirait aujourd'hui à environ 1 teratonne, faisant de 2020 le moment de bascule entre les deux masses, naturelle et fabriquée par l'homme.

Croissance exponentielle

Selon les chercheurs, le poids des produits fabriqués par les humains s'est accru de manière exponentielle: il ne s'élevait au début du 20e siècle qu'à 3% de la biomasse et s'est notamment envolé après la Seconde Guerre mondiale, avec la reconstruction puis le développement mondial. De nouveaux matériaux comme le béton ont également contribué à alourdir les constructions et l'humanité produirait ainsi désormais toutes les semaines l'équivalent du poids de la population mondiale.

"Notre étude donne un instantané de l'état de la planète en 2020. Nous espérons que ces chiffres assez choquants nous conduiront à prendre nos responsabilités en tant qu'espèce", a déclaré Ron Milo, chercheur au département des plantes et sciences environnementales de l'institut Weizmann des Sciences, en Israël.

La production poursuit son avancée

Car selon les chercheurs, qui s'appuient sur des données industrielles et environnementales, la production humaine poursuit son avancée, pesant actuellement environ 30 milliards de tonnes par an, et pourrait, si sa croissance se poursuit à un tel rythme, totaliser 3 teratonnes en 2040. Dans le même temps, la biomasse devrait poursuivre sa décrue, notamment en raison de la déforestation et du transfert des terres à l'agriculture intensive.

"Nous ne pouvons plus nier notre rôle central dans l'évolution du monde naturel. Et cela implique une responsabilité", a commenté Emily Elhacham, auteure principale de l'étude.

afp/jpr

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