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Le code-barres ADN, nouvel outil pour tracer les produits alimentaires

L'ADN devient lui aussi un code barre pour tracer le produit du champ à l'assiette
L'ADN devient lui aussi un code barre pour tracer le produit du champ à l'assiette / 19h30 / 2 min. / le 30 septembre 2020
Utiliser l'ADN comme code-barres pour lire et identifier l'origine d'un produit est devenu une pratique courante en matière de sécurité alimentaire et de lutte contre la fraude. Dans certains fromages suisses AOP, des bactéries jouent le rôle d'étiquettes.

La traçabilité des aliments est un enjeu pour la sécurité des consommateurs, qu'il s'agisse d'animaux, de végétaux ou de céréales. Après le papier et l'informatique, l'ADN devient lui aussi un code-barres pour tracer le produit du champ à l'assiette.

"C'est le principe général qui nous permet d'authentifier les aliments, de déterminer leur origine et aussi de voir dans une certain mesure la sécurité des aliments", indique Isabelle Schepens, spécialiste technique de vente chez Swiss Decode.

Eviter les contrefaçons

Le code-barres génétique est choisi dans l'ADN de la plante ou de l'animal. Il peut aussi être ajouté au produit via des microbes. Dans certains fromages AOP de Suisse, une bactérie lactique est introduite à des fins de traçabilité pour éviter les contrefaçons.

"On travaille avec des bactéries inoffensives, présentes naturellement dans le fromage. C'est donc sans risque. Ces bactéries sont données dans le lait avant la production du fromage et vont faire partie du produit, contrairement à une étiquette que l'on pourrait perdre", précise Alexandra Baumeyer-Brahier, chercheuse au laboratoire des bioprocédés chez Agroscope.

Ces bactéries ont été sélectionnées à partir d'une collection unique de 12'000 souches prélevées au fil des décennies dans les fromageries. Celles porteuses d'une résistance aux antibiotiques ou qui donneraient un mauvais goût n'ont pas été retenues. Les autres ont passé une batterie de tests avant d'être séquencées. Une partie de leur ADN sert désormais de code-barres.

"Le fait que les gens sachent qu'il existe une culture de certification d'origine pour un fromage les retient d'essayer de frauder", assure la chercheuse d'Agroscope.

Créer un ADN de toute pièce

Il est possible de créer un ADN microbien de toute pièce, par exemple à partir d'une levure couramment utilisée dans l'alimentation. Des chercheurs de l'Université de Harvard l'ont modifiée génétiquement pour y introduire un code-barres ADN artificiel: "On a introduit de l'ADN dans une spore de levure. Ce petit bout d'ADN peut être changé et appliqué sur différents types de plantes pour le détecter plus tard", confirme Michael Springer, du laboratoire de biologie des systèmes à l'Université de Harvard.

L'idée étant de répandre ces microbes étiquettes sur les cultures pour un traçage d'origine jusque dans l'assiette. En identifiant et en certifiant les matières premières et les produits alimentaires transformés, ces code-barres ADN permettent d'apporter une réponse à l'enjeu de sécurité alimentaire.

Aurélie Coulon / fme

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