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The Lancet prend ses distances avec une étude controversée sur l'hydroxychloroquine

L'étude du Lancet qui prétendait démontrer l'inefficacité de l'hydroxychloroquine dans la lutte contre le Covid-19 a été retirée.
L'étude du Lancet qui prétendait démontrer l'inefficacité de la hydroxychloroquine dans la lutte contre le Covid-19 a été retirée. / 19h30 / 2 min. / le 5 juin 2020
La prestigieuse revue médicale The Lancet a pris ses distances avec l'étude très critiquée qu'elle a publiée sur l'hydroxychloroquine. Elle reconnaît dans un avertissement formel que "d'importantes questions" planent à son sujet.

The Lancet souhaite ainsi "alerter les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à (son) attention" au sujet de cette étude, qui fait actuellement l'objet d'un audit initié par ses auteurs, indique la revue.

Cet avertissement a été publié mardi soir sous la forme d'une "expression of concern" ("expression de préoccupation"), déclaration formelle employée par les revues scientifiques pour signifier qu'une étude pose potentiellement problème.

Si une "expression of concern" n'est pas aussi lourde de conséquences qu'une rétractation pure et simple, elle est tout de même de nature à jeter le doute sur des travaux scientifiques.

L'étude en cause a conduit dans le monde entier à l'interruption d'essais cliniques sur l'hydroxychloroquine, car elle conclut que ce médicament n'est pas bénéfique aux malades du Covid-19 hospitalisés et peut même être néfaste.

Publiée le 22 mai dans The Lancet, elle se fonde sur les données de 96'000 patients hospitalisés entre décembre et avril dans 671 hôpitaux, et compare l'état de ceux qui ont reçu le traitement à celui des patients qui ne l'ont pas eu.

>> Lire aussi : La chloroquine augmente le taux de mortalité des malades, affirme une étude

Scientifiques sceptiques

Dans la foulée de la parution, de nombreux chercheurs ont exprimé leurs doutes sur l'étude, y compris des scientifiques sceptiques sur l'intérêt de l'hydroxychloroquine contre le Covid-19.

Dans une lettre ouverte publiée le 28 mai, des dizaines de scientifiques du monde entier soulignent que l'examen minutieux de l'étude du Lancet soulève "à la fois des inquiétudes liées à la méthodologie et à l'intégrité des données".

Ces données émanent de Surgisphere, qui se présente comme une société d'analyse de données de santé, basée aux Etats-Unis.

L'étude a également été attaquée avec virulence par les défenseurs de l'hydroxychloroquine, au premier rang desquels le chercheur français Didier Raoult. Après avoir déjà qualifié l'étude de "foireuse", il a estimé qu'elle avait été réalisée par des "pieds nickelés", dans une vidéo mise en ligne mardi.

De leur côté, les auteurs, le Dr Mandeep Mehra et ses collègues, défendent leur étude. "Nous sommes fiers de contribuer aux travaux sur le Covid-19" en cette période d'"incertitude", avait déclaré à l'AFP le 29 mai l'un d'eux, Sapan Desai, patron de Surgisphere.

ats/ebz

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L'OMS annonce une reprise des tests

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce la reprise prochaine des essais cliniques sur l'hydroxychloroquine contre le coronavirus. Une évaluation a été menée et les responsables du test Solidarité ont validé cette relance.

Ceux-ci ont conclu "qu'il n'y avait aucune raison de changer le protocole des essais", a affirmé le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. Pour autant, aucune preuve d'une réduction du taux de mortalité n'a été obtenue auprès d'aucun médicament testé, a expliqué de son côté la cheffe scientifique de l'institution, Soumya Swaminathan.

L'OMS avait annoncé la semaine dernière la suspension de l'administration d'hydroxychloroquine en raison d'"inquiétudes sur la sécurité des essais" après une étude du Lancet. Plus de 3500 patients dans 35 pays ont été associés à l'étude Solidarité.