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Le projet bâlois de géothermie presque enterré

Le projet de géothermie bâloise bat de l'aile.
Le projet de géothermie bâloise bat de l'aile.
Le rêve géothermique bâlois ne se réalisera sans doute pas, suite aux séismes provoqués il y a trois ans dans la cité rhénane. L'analyse publiée jeudi par les autorités de Bâle-Ville est formelle: les risques engendrés par les travaux de forage sont trop grands.

Les auteurs du rapport affirment que les dommages matériels
encourus "sont à qualifier d'inacceptables" au vu de la fréquence
des séismes et du montant des dégâts. Cette conclusion est basée
sur les mesures et modèles réalisés par six entreprises mandatées
par le canton pour un million de francs.



Selon l'analyse de risques, la région bâloise est "inadaptée" pour
une utilisation géothermique à grande profondeur de ses roches
cristallines. Le projet suspendu fin 2006 prévoyait l'injection
d'eau sous pression au moyen de deux machines de forage. But de
l'opération: chauffer cette eau dans les profondeurs du sol afin de
l'exploiter de manière rentable.

Procès la semaine prochaine

Les conclusions de l'analyse de risque ont été publiées juste
avant l'ouverture, mardi prochain, du procès du patron de
l'entreprise qui a effectué les travaux de forage. Ce géologue est
accusé de dommages à la propriété et d'écroulement intentionnels.
Plusieurs études avaient signalé des risques avant le lancement du
projet.



Les travaux de forage ont provoqué plusieurs séismes durant
l'hiver 2006/2007. Le premier, d'une magnitude de 3,4 sur l'échelle
de Richter, a eu lieu le 8 décembre 2006.



Quatres séismes de magnitude 2,9 à 3,2 ont ensuite été ressentis
entre décembre 2006 et le 21 mars 2007. Suite aux tremblements de
terre, plus de 2500 cas de dommages, essentiellement des fissures
dans les murs, ont été annoncés.

Des risques certains

Les forages ne sont toutefois pas à même de provoquer des
séismes ravageurs, comme celui qui a détruit la ville en 1356,
souligne le rapport. La structure des bâtiments n'est en outre pas
menacée par les secousses dues aux travaux.



Mais un tel chantier et l'exploitation géothermique du sol
pourraient déclencher 200 séismes au total, d'une magnitude allant
jusqu'à 4,5 degrés. Ces tremblements de terre seraient donc plus
puissants que les secousses enregistrées il y a trois ans.



A elle seule, l'injection d'eau sous pression dans les failles de
la roche profonde est susceptible de causer des dommages allant de
40 millions à 600 millions de francs dans un rayon de 12
kilomètres. Et il faut compter avec des dégâts de 6 millions par an
durant les 30 premières années d'exploitation, selon le
rapport.



ats/boi

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56 millions déjà engloutis

Promotrice de ce projet pionnier, la société Geopower, détenue à 41,3% par le canton, n'a donc plus que les yeux pour pleurer.

Les travaux ont déjà coûté 56 millions de francs dont 28 millions financés par Bâle-Ville.

L'analyse de risque ne dit toutefois pas si les travaux pourraient être poursuivis à des profondeurs moindres ou dans d'autres régions.

"Une exploitation à 3000m sous terre serait à évaluer avec soin", ont jugé les autorités.

Projet à Zurich et St-Gall

Deux autres villes suisses moins exposées aux risques sismiques ont montré concrètement leur intérêt pour la géothermie.

A Zurich, des forages sont en cours dans le cadre d'un projet de centrale géothermique alimentant l'hôpital municipal du Triemli et son quartier.

A St-Gall, une centrale pourrait voir le jour en 2012 grâce à de l'eau puisée à 4 kilomètres de profondeur. Les forages commenceront l'an prochain.