Les rendez-vous manqués de l'innovation dans la dernière décennie
L'émission On en parle revient sur quatre innovations technologiques qui ont raté leur rencontre avec le grand public lors de la dernière décennie. Trop ambitieuses, complexes ou chères, elles ont souvent eu droit à des présentations détaillées dans les médias, ont parfois été utiles à l'industrie mais n'ont finalement pas trouvé leur place au sein du public, malgré des phénomènes d'attente créés par la science-fiction.
Prendre des photos, se géolocaliser, scanner des images, lancer des vidéoconférences, le tout sans les mains: les Google Glass étaient très attendues par les profils les plus geeks. Finalement, les interrogations liées à la protection de la sphère privée ont eu raison du projet du géant américain en 2015.
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Selon Nicolas Nova, la formule "lunettes + ordinateur" a oublié les grands enjeux des données personnelles. "Intégrer des technologies à un objet qui a déjà une certaine existence dans l'histoire de l'humanité n'est pas aussi simple que ce que les ingénieurs ont pu imaginer. C'est un objet complètement nouveau, qui amène des frictions pour l'utilisateur et les gens autour."
Le spécialiste qualifie même de "naïf" cette vision de l'objet augmenté, qui pourrait bien signer un retour d'ici peu. Car deux autres mastodontes des GAFA, Amazon et Apple, se lancent à leur tour sur le créneau.
L'impression 3D
Une révolution (trop) technique
La modélisation 3D semblait sans limites, pour quelques centaines de francs seulement: une baisse des prix ont conféré à ces imprimantes d'un nouveau genre une aura de révolution grand public.
Finalement, la machine aura fait le buzz - notamment pour des questions éthiques - sans entrer dans les foyers. Aujourd'hui, elle est confinée aux milieux industriels et aux ateliers associatifs.
"L'idée est fascinante [...] en tant que métaphore de notre capacité à nous réapproprier les objets techniques", estime Nicolas Nova. "Mais toute personne qui a essayé de faire de la modélisation 3D sans formation a échoué. La démocratisation d'un tel objet implique un processus avec de nombreuses subtilités qui n'est pas forcément accessible au grand public."
La technologie 3D reste malgré tout attractive lorsqu'il s'agit de prolonger la vie de divers objets ou de remplacer une petite pièce sans avoir à la commander. En attendant, les prix des imprimantes continuent de baisser.
La technologie d'affichage 3D
Chère et contraignante
La technologie d'affichage en 3D fut la principale promotion du film de James Cameron Avatar (2009), l'un des plus grands succès du box-office mondial avec ses quelque deux milliards de dollars de recettes.
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Dans la foulée de cette prouesse qui laisse rêveur, les fabricants de téléviseurs ont développé des appareils compatibles pour l'affichage 3D dans les salons. Mais le port de lunettes adaptées s'est rapidement avéré un frein majeur au succès de la technologie sur le petit écran. Les essais d'écrans 3D sans lunettes sur des consoles de jeu ou des smartphones n'ont pas plus convaincu.
"Le cinéma et la TV 3D n'ont pas été un échec pour certains acteurs, notamment ceux qui ont déposé des brevets sur ces technologies", nuance Nicolas Nova. "Mais l'avis du consommateur est extrêmement mitigé. Le problème, c'est que [cette ruée vers l'or] n'a pas apporté grand-chose. La 3D est pertinente pour certains contenus et films, mais pas forcément pour tout." Les finances nécessaires pour ce type de projet semblent avoir définitivement découragé la grande majorité des producteurs, et d'un public soucieux de son porte-monnaie.
La réalité virtuelle
Âmes sensibles s'abstenir
Plusieurs constructeurs misent sur les casques qui donnent l'impression d'être immergé dans un monde virtuel. Sony a dévoilé son modèle pour la Playstation 4 et Facebook s'y met aussi, avec la rachat du casque Oculus Rift, qui devrait débarquer cet été déjà. Le phénomène s'étend au cinéma (les premiers films 3D à 360° ont été annoncés) et au domaine thérapeutique.
"Le problème des casques de réalité virtuelle est le même depuis des années", commente Nicolas Nova. L'objet "focalise l'attention de façon trop exclusive. Pour beaucoup de gens, ce n'est pas une expérience agréable. Cela donne l'impression que le casque est réservé à une certaine catégorie de personnes, pour des contenus audiovisuels ou des jeux vidéos. Ce type d'objet peut aussi être pertinent dans le milieu de la formation et de l'éducation."
Des enseignements à tirer pour la prochaine décennie
S'il y a une leçon à tirer des échecs technologiques, c'est qu'il faut aller chercher des imaginaires différents de ceux représentés dans la science-fiction mainstream, mais qui peuvent amener à des décalages avec les usages