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L'orbite terrestre se transforme en poubelle

Sur les 1200 satellites mis en orbite, seuls 380 sont encore actifs (ici l'américain Stereo).
Sur les 1200 satellites mis en orbite, seuls 380 sont encore actifs (ici l'américain Stereo).
Les débris spatiaux s'accumulent en orbite géostationnaire, encombrant un espace indispensable pour les satellites de télécommunication, dont les opérateurs sont invités à agir pour juguler cette menace.

Plus de 1200 satellites ont été lancés sur cette orbite qui leur
permet de faire chaque jour le tour de la Terre, à 36'000 km
d'altitude, en survolant sans cesse le même point de la surface du
globe, rappellent des responsables du Centre national d'études
spatiales (CNES).



Sur ce total, seulement 380 satellites restent "actifs", a déclaré
Philippe Goudy, directeur adjoint du centre spatial du CNES à
Toulouse (sud-ouest), à l'issue d'un atelier européen sur les
opérations de fin de vie des satellites géostationnaires, qui a eu
lieu mercredi à Paris.



La "bonne pratique", précise-t-il, consiste pour les opérateurs à
remonter le satellite plus haut, à 200 km au-dessus de l'orbite
géostationnaire, avant de l'éteindre.

600 satellites abandonnés

En fait, guère plus de 200 satellites en fin de vie ont été
sortis de l'orbite géostationnaire où continuent de "dériver
doucement" plus de 600 satellites non utilisés ou morceaux de
lanceurs, souligne Philippe Goudy.



Longue d'environ 250'000 km, l'orbite géostationnaire, située
au-dessus de l'équateur terrestre sur une largeur de 70 km, peut
varier légèrement en altitude: un satellite peut se trouver entre
35'000 et 36'000 km, précise Fernand Alby, responsable du dossier
"débris spatiaux" au CNES.



Sur cette gigantesque ceinture de communication se côtoient 380
satellites actifs et plus de 600, non contrôlés, dont les
oscillations constituent une menace. Ce qui oblige à les
surveiller.

La situation est "grave"

La "situation est devenue grave", alors que 220 nouveaux
satellites ou étages de lanceurs arrivent en orbite géostationnaire
chaque année, souligne Fernand Alby, faisant état "d'une prise de
conscience grandissante" du problème parmi les opérateurs.



Aucune collision n'a été directement observée jusqu'ici sur cette
orbite lointaine, mais compte tenu des débris épars recensés, les
experts supposent que quatre explosions s'y seraient produites par
le passé.



Troisième réunion de ce genre depuis 2006, l'atelier que vient
d'organiser le CNES visait à faire le point sur l'application de la
réglementation, en présence des fabricants de satellites, des
opérateurs, d'assureurs et de représentants des autorités
européennes, précise Philippe Goudy.



Un Code de conduite européen sur les débris spatiaux complète les
principes déterminés au sein de l'IADC (Inter Agency Space Debris
Coordination Committee) et des Nations unies (Comité des
utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique).

Prendre des précautions

Les principaux pays ayant une activité commerciale dans le
domaine spatial ont adopté une législation permettant de
responsabiliser les opérateurs, comme la loi sur les opérations
spatiales en vigueur en France depuis 2008, rappelle Philippe
Goudy.



Pour que le lancement de nouveaux satellites soit autorisé, les
"opérateurs devront montrer qu'ils sont capables de les sortir de
l'orbite géostationnaire à la fin de leur vie", résume-t-il.



Mais un satellite peut tomber en panne, cela suppose de
"surveiller les signes avant-coureurs". Il faut aussi garder
suffisamment de carburant disponible - l'équivalent de trois mois
de fonctionnement, selon Fernand Alby - pour réussir, au bout de
quinze ans d'exploitation, à envoyer le satellite 200 km plus
haut.



En 2009, sur 21 satellites arrivant en fin de vie, seulement la
moitié ont réussi la manoeuvre, six sont restés trop bas, trois ont
été abandonnés sur place. Un taux de succès néanmoins meilleur
qu'au début de la décennie.



afp/sbo

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Des milliers d'objets en orbite

En orbite basse, les débris spatiaux retombent vers la Terre au bout de quelques mois ou de quelques dizaines d'années, alors qu'à 36'000 km d'altitude, ils peuvent se maintenir pendant des millions d'années en orbite géostationnaire, selon le CNES.

Depuis le début de la conquête spatiale en 1957, les débris se sont accumulés dans l'espace, en particulier en orbite basse, à moins de 2000 km d'altitude, là où se trouvent de nombreux satellites d'observation de la Terre, le télescope Hubble et la Station spatiale internationale (ISS).

A 400 km d'altitude, celle de l'ISS, un débris peut rester en orbite de six mois à un an, jusqu'à ce qu'il retombe vers la Terre quand l'atmosphère, même ténue à cette distance, l'a trop freiné pour qu'il puisse poursuivre sa course en orbite. A environ 800 km, un débris peut continuer de tourner pendant 200 ans.

Et à 36'000 km d'altitude, sa "durée de vie" se compte en millions d'années. Quelque 13'000 objets de plus de 10 cm, 200'000 objets d'une taille comprise entre 1 et 10 cm et 35 millions d'objets de 1 mm à 1 cm gravitent autour de la Terre, selon des évaluations récentes.

Or, à la vitesse de 10 km par seconde, une minuscule bille d'aluminium de 1 millimètre a assez d'énergie pour perforer une paroi d'aluminium de 4 mm d'épaisseur. Les vrais accidents sont rares.

La dernière collision, en février 2009, à 800 km d'altitude, a impliqué un satellite Iridium-33 en activité et un satellite militaire russe en fin de vie. En 2005, un étage supérieur de lanceur américain avait heurté un débris chinois.

En 1996, le satellite d'observation militaire français Cerise avait été endommagé par un élément de fusée Ariane. Cinq ans plus tôt, deux objets russes avaient subi une collision qui n'a été identifiée qu'en 2005.