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Des exosquelettes pourraient soulager les employés qui en ont plein le dos

Les exosquelettes sont parmi nous
Les exosquelettes sont parmi nous / T.T.C. (Toutes taxes comprises) / 27 min. / le 17 juin 2019
Dans les aéroports, sur les chantiers ou dans des usines automobiles, on teste des exosquelettes conçus pour soulager les dos endoloris des manutentionnaires. Avec ou sans moteur, ils aident à mieux répartir l'effort sur l'ensemble du corps.

Loin des armures technologiques qui rendent les corps surpuissants dans les films de super-héros, les exosquelettes peuvent aussi apporter des solutions dans le travail quotidien, notamment dans les domaines qui nécessitent le déplacement continuel de lourdes charges.

C'est par exemple le cas des bagagistes dans les aéroports, qui transportent quotidiennement de 500 à 700 bagages de plusieurs dizaines de kilos. A l'aéroport de Zurich, l'entreprise Swissport, qui prend en charge 500 tonnes de bagages par jour, teste depuis l'automne dernier un prototype d'exosquelette ultraléger, le "liftsuit".

"Actuellement, nous avons un problème avec le bas du dos. Certains collaborateurs développent des maux de dos au fil des années. Avec ces produits, nous voulons agir contre cela de manière préventive", explique Silvio Bosshardt, innovation manager chez Swissport.

Contraintes réduites "jusqu'à 50%"

Pour réduire les sollicitations qui sont concentrées sur le bas du dos, l'exosquelette et son système d'élastiques - il est uniquement mécanique, sans moteur ni batterie - va aider à ce que la charge se répartisse sur une plus grande zone du dos et sur les cuisses.

>> A ce sujet, écouter l'émission CQFD consacrée aux exosquelettes dans le monde du travail :

Ce cobot, réalisé avec la société RB3D, démultiplie l’effort humain pour l’assister dans les tâches industrielles pénibles et répétitives.
P. Stroppa
CEA [CEA - P. Stroppa]CEA - P. Stroppa
Les exosquelettes de l'usine du futur / CQFD / 10 min. / le 9 mai 2019

"Nous visons un soulagement des zones critiques de 10 à 30%, particulièrement le bas du dos et les hanches. Dans certains cas particuliers, cela peut même aller jusqu'à 50%", détaille Volker Bartenbach, chercheur dans le laboratoire de l'EPFZ et fondateur d'Auxivo, qui peaufine ces exosquelettes. Le but visé est de soulager l'utilisateur, mais sans restreindre sa liberté de mouvement. Cette dernière nécessité explique d'ailleurs pourquoi les systèmes plus lourds, munis de moteurs, peinent encore à s'imposer.

"C'est pas mal, vraiment. J'ai remarqué que ça aide. Parfois ça n'est pas très agréable à cause de la chaleur. On sent que ça colle à la peau après 3, 4 ou 5 heures de travail", témoigne un employé de Swissport. Il fait partie de ceux qui testent le prototype, qui pèse environ un kilo et s'enfile en quelques minutes. Les retours des travailleurs permettent d'améliorer l'appareil: un système d'attache rapide a notamment été ajouté afin de pouvoir relâcher le jeu d'élastiques dès que le travail physique est terminé.

20'000 francs la pièce

Un autre exosquelette a été développé dans une entreprise de travaux publics à Gingins (VD). Là, un système plus lourd, muni d'une batterie, doit aider les employés qui sont aux prises, dans leur travail, avec des charges de 50 à 60 kilos. Il coûte dans les 20'000 francs.

Les applications possibles sont nombreuses. Ainsi, dans le centre de tri du linge des Hôpitaux universitaires de Genève, où les employés suspendent sur des cintres quelque 300 draps, linges, blouses et autres pantalons toutes les heures, on suit de très près le développement de ces exosquelettes.

Risque de transfert des douleurs

Si leur capacité à soulager les douleurs musculo-squelettique semble réelle, ces nouveaux outils de travail ne sont pas sans danger pour autant: "Ils pourraient transférer le risque sur d'autres parties du corps, faire apparaître de nouvelles contraintes", prévient Fabienne Kern, ergonome et spécialiste en santé au travail aux HUG. Il est donc nécessaire d'étudier de manière approfondie si leur utilisation est adaptée ou non.

Sujet TV: Natalie Bougeard
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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