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Le certificat médical envoyé par WhatsApp est contesté

Il est désormais possible de se faire délivrer un certificat médical via WhatsApp en Suisse. Si ce service est pratique pour les patients, qui ne doivent pas se déplacer chez le médecin pour des maladies bénignes, sa fiabilité est toutefois controversée.

Il suffit de répondre à quelques questions sur le site allemand Au-Schein et quelques heures plus tard le patient reçoit un certificat pour un arrêt maladie de maximum trois jours sur sa messagerie WhatsApp. Le tout pour 11 francs.

Selon le fondateur de Au-Schein Can Ansay, le site allemand reçoit déjà trois demandes de patients suisses chaque jour. Pour l’instant, le certificat n’est délivré que pour les refroidissements, mais devrait être étendu aux grippes intestinales et au mal de dos à l’avenir. Le site ne devrait être traduit en français qu’à l’automne.

"La consultation par écrit ne suffit pas"

Alors que la télémédecine se développe depuis une quinzaine d'années en Suisse, cette nouvelle forme de diagnostics à distance est vue d'un oeil sceptique par les milieux médicaux helvétiques.

La start-up concurrente bernoise eedoctors, qui propose des consultations médicales par vidéo-conférence sur son smartphone, estime qu’un contact par écrit ne suffit pas à assurer la fiabilité d'un diagnostic à distance.

"Par vidéo, on peut voir le patient. C'est vraiment important que le médecin ait une perception du patient, de voir où il en est et comment est son état", indique Pascal Fraenkler, directeur de eedoctors, mardi dans le 19h30.

Certificats "inacceptables" pour les employeurs

Côté employeurs, on n’est pas prêt à accepter de tels certificats: "Déclarer qu’un employé qui consulte sous cette forme-là est incapable de travailler, c’est inacceptable du point de vue du droit du travail", juge Olivia Guyot Unger, du service juridique de la section genevoise de la Fédération des entreprises romandes. Celle-ci souligne que WhatsApp n’offre par ailleurs pas toutes les garanties nécessaires concernant la protection des données médicales.

Ces critiques sont rejetées par le fondateur de Au-Schein. Can Ansay assure qu’un médecin reconnu se penche sur chaque cas avant d’établir le certificat. Et que les quelque 5000 certificats déjà délivrés en Allemagne ont été acceptés par les employeurs.

>> Regarder les explications de Cynthia Gani dans le 19h30 :

Cynthia Gani: "L'auteur du certificat doit avoir constaté personnellement l'état du patient."
Cynthia Gani: "L'auteur du certificat doit avoir constaté personnellement l'état du patient." / 19h30 / 1 min. / le 14 mai 2019

Jean-Marc Heuberger, Noémie Guignard, Cynthia Gani/boi

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Les règles en matière de certificats médicaux

La loi ne précise pas à partir de combien de jours de maladie les entreprises peuvent exiger un certificat médical.

Les sociétés suisses sont de plus en plus nombreuses à exiger un certificat dès le premier jour d’absence pour freiner d’éventuels abus. D’autres employeurs attendent cinq jours ou plus, mais la norme en Suisse est plutôt de trois jours.

Le médecin qui établit un certificat médical engage sa responsabilité. Si elle a un doute, l’entreprise peut faire appel à son médecin conseil. Et s’il s’avère qu'il s'agit d'un certificat de complaisance, l’employeur et l’assureur peuvent agir pénalement et civilement contre le médecin.

Le document doit respecter le secret médical, donc il ne doit pas contenir de diagnostic.