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Le Gripen défendu par le chef des forces aériennes

Un avion suédois Gripen. [Laurent Gilliéron]
Le Gripen n'est pas l'avion le plus performant en vol, mais son entretien est bon marché, argue Markus Gygax. - [Laurent Gilliéron]
Le Gripen de l'avionneur Saab a trouvé un avocat en la personne du chef des forces aériennes Markus Gygax qui défend le choix du Conseil fédéral. La presse revient aussi largement sur l'affaire Mark Muller, estimant que le conseiller d'Etat genevois a acheté son innocence, ainsi que sur l'inculpation d'Eric Woerth et le dossier des banques suisses dans le collimateur de la justice américaine.

Le feuilleton du nouvel avion de combat

Le Gripen de l'avionneur Saab a trouvé un avocat en la personne du chef des forces aériennes Markus Gygax. L'avion suédois a été choisi par le Conseil fédéral malgré les critiques. Les performances de vol de l'avion sont en effet moins bonnes que celles du Rafale et de l'Eurofighter. Markus Gygax reconnaît ce fait. Mais, ajoute-t-il, ce n'est pas aujourd'hui l'aspect le plus déterminant car il y a d'autres critères. "C'est comme lorsque vous achetez une voiture, explique Markus Gygax. Vous ne regardez pas uniquement quelle vitesse peut atteindre la voiture, mais aussi et peut-être surtout sa facilité d'entretien. Et le Gripen est clairement l'avion qui a des coûts d'entretien les plus avantageux. Nous sommes convaincus par notre choix." Même si Dassault baisse le prix de son offre? "De tels dumpings ont déjà eu lieu par le passé, explique Markus Gygax. Lorsque la Suisse avait acheté les FA-18, Dassault avait aussi tenté de baisser le prix du Mirage 2000 recalé à l'époque." Pas un mot en revanche sur la possible nouvelle offre, moins chère de Saab rapportée hier par le Tages-Anzeiger...

L'affaire Mark Muller

Le conseiller d'Etat genevois Mark Muller a donc trouvé un arrangement avec le barman du Moulin à Danses qui avait porté plainte contre lui pour coups et blessures durant la nuit de la Saint Sylvestre. Mark Muller reconnaît avoir agressé le barman et l'avoir indemnisé. Le Temps parle de 50'000 francs d'indemnisation tout comme le président du MCG Eric Stauffer qui avance la même somme. "Tant mieux, s'exclame Eric Stauffer, si Mark Muller a pu acheter son innocence". C'est une rafale de critiques qui remplit les lignes des éditoriaux. Cet accord, écrit le rédacteur en chef de la Tribune de Genève, est plus grave qu'une condamnation par la justice. Mark Muller a acheté sa survie politique en dédommageant le barman pour qu'il retire sa plainte. Le rédacteur en chef adjoint du Matin parle de mensonge pitoyable. Il a tu la vérité sur une affaire que beaucoup étaient prompts, il y a quelques semaines, à relativiser. Le Matin évoque alors la démission de Mark Muller. Problème, relève le journal, un départ de Mark Muller précipiterait l'arrivée du MCG Eric Stauffer au Conseil d'Etat. La survie politique de Mark Muller semble tenir aujourd'hui qu'à ce frêle petit fil.

Eric Woerth inculpé

Eric Woerth a été entendu toute la journée de mercredi par le juge d'instruction de Bordeaux. L'ancien ministre du Budget et du Travail est soupçonné d'avoir reçu des enveloppes d'argent liquide en provenance de la riche héritière de l'Oréal, Liliane Bettencourt. Avec en toile de fond le financement, en 2007, de la campagne électorale de l'actuel chef de l'Etat. Eric Woerth devrait être mis en examen pour financement illicite de partis politiques. Les développements de l'affaire Bettencourt, s'ils devaient une nouvelle fois exhumer les liens entre Nicolas Sarkozy et les plus grandes fortunes de France, ne seraient pas du meilleur effet, lit-on, dans Le Temps, alors que la crise frappe durement les classes populaires où le chômage atteint son niveau le plus élevé depuis 12 ans.

L'heure des comptes pour les banquiers suisses

Des banquiers réclamés "Wanted" à la manière des pistoleros de la conquête de l'ouest. C'est l'image choisie par L'Hebdo pour illustrer un dossier sur les banques suisses prises dans le collimateur de la justice américaine. Où l'on apprend que les attaques américaines contre les banques suisses et le secret bancaire ne datent pas d'hier. Il faut remonter aux années 1930, explique l'historien Marc Perrenoud. Les relations entre les banquiers suisses et Washington sont difficiles essentiellement à cause des questions d'évasion fiscale et du secret bancaire. Aujourd'hui, pour traquer les fraudeurs du fisc, Washington a mis en place une machine de guerre bureaucratique. Au point de dégoûter bon nombre de ses citoyens établis à l'étranger. Le nombre de renonciations à la nationalité américaine a littéralement explosé. Aux binationaux, dont le passeport américain n'est pas d'une vraie utilité, il est conseillé de le rendre. Ce dossier sur les banques est agrémenté d'un commentaire signé Jacques Pilet qui résume son propos par ce constat, plus proche de la fraîcheur de la chlorophylle que du fumoir des hommes d'argent: "Sur la tombe du secret bancaire, l'herbe peut repousser".

La grande offensive des écoutes téléphoniques

Le Tages-Anzeiger fait sa une sur les nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme que le Conseil fédéral va décider cette année encore. Au menu, la possibilité pour nos services secrets de faire des écoutes téléphoniques, de l'espionnage sur les ordinateurs et de poser des micros dans l'espace privé. Un premier projet avait échoué devant le Parlement. Il faut dire que la Suisse est encore traumatisée par le scandale des fiches de 1989 et celui, moins grand, d'il y a deux ans lorsqu'on avait découvert que les services de renseignements avaient fabriqué 210'000 fiches sur des personnes qui n'avaient rien à se reprocher. Alors à gauche, on est d'avis qu'il faut de nouveaux moyens, mais pas sans contrôle. C'est la position défendue par le conseiller national Daniel Jositsch. Il est rejoint par le commentateur du Tages-Anzeiger qui reconnaît que nos agents secrets doivent pouvoir utiliser des techniques modernes. Mais attention, il faut que ces pratiques soient autorisées et contrôlées par une autorité indépendante. Il en va du maintien de la liberté individuelle. Et surtout, il y a eu en Suisse déjà tellement de dérapages qu'on ne peut pas avoir une confiance aveugle dans les protecteurs de l'Etat.

vkiss, avec Jean-François Moulin et Stéphane Deleury, RSR

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