Publié

Le retour amer de Max Göldi

Max Göldi, souriant et détendu, a salué la presse, mais n'a fait aucune déclaration à son arrivée à Zurich.
La Suisse a fait beaucoup de concessions pour résoudre la crise libyenne.
Le retour de Max Göldi en Suisse laisse un goût amer à la presse. La Confédération a dû s'humilier devant le clan Kadhafi pour mettre fin à une crise qui a débuté en juillet 2008. Et Rachid Hamdani critique l'attitude des autorités genevoises, à l'origine de l'affaire après l'arrestation d'Hannibal Kadhafi. Si la Suisse a dû tendre l'autre joue, l'UDC se prend elle une gifle électorale dans les Grisons avant les fédérales de 2011, relève de son côté la presse alémanique. Et Le Temps nous raconte qu'apprendre le schwyzerdütsch en école privée devient tendance.

Une sortie de crise amère

"Un échec sur toute la ligne, s'exclame Pierre Bonnard, président de la chambre française du commerce pour les pays du Moyen-Orient interrogé par la Tribune de Genève et 24 heures. Il a fallu 2 ans pour arriver à cet accord qui correspond à ce que voulait la Libye depuis le début. "Et un échec qui a plusieurs prix. Une rançon d'abord, 1,5 million euros qui, selon le ministre libyen des Affaires étrangères, auraient été versés sur le compte d'Hannibal Kadhafi pour le dédommager de la publication de ses photos d'identité par la Tribune de Genève. Aucune confirmation, à Genève, où on dit que que la somme n'a toujours pas été versée. Elle a été promise si l'auteur de la fuite qui a permis cette publication n'est pas démasqué et traduit devant la justice. Et il y a le prix de l'humiliation de la Suisse: "pour signer le billet de sortie de Max Göldi, Micheline Calmy-Rey aura courbé le front jusqu'à terre", s'exclame Judith Mayencourt dans 24 heures. Et le pire, pour Sid Ahmed Hammouche, dans La Liberté, c'est que "la diplomatie suisse a été mise sous tutelle. A Tripoli, c'est sous l'oeil des Européens que Calmy-Rey a abdiqué". Et "la Confédération sera aussi redevable à Silvio Berlusconi pour avoir amadoué Kadhafi." Seul Jacques Girard, dans L'Express et L'Impartial, juge que "cette saga n'aura pas apporté grand-chose à la Libye sur le plan international. L'affaire des otages suisses a opportunément rappelé au monde le visage le plus sombre de la dictature de Tripoli, celui que Kadhafi tentait désespérément de dissimuler. Et cela aussi a un prix."

Presse alémanique moins sévère

La libération de Max Göldi est saluée par les commentateurs alémaniques. Des éditorialistes d'outre-Sarine moins sévères que leurs homologues de la presse romande. Peut-être que le destin humain de Max Göldi est plus présent dans les esprits alémaniques. La Berner Zeitung estime que "l'excuse de Micheline Calmy-Rey à Tripoli est un geste symbolique indispensable pour apaiser le fils du désert". La Neue Zürcher Zeitung constate elle que l'Europe devient le "bouclier de la Suisse". Même si nos voisins "n'ont jamais mis leur relation commerciale avec la Libye en jeu pour sauver Max Göldi". Le Tages-Anzeiger et le Bund constatent de leur côté que la crise se termine avec "un affront, des excuses et une visite sous la tente." Et Patrick Feuz de constater dans un commentaire que Hans-Rudolf Merz et Micheline Calmy Rey ne sont pas les premiers ministres occidentaux à se faire humilier. Pour lui, "ce jeu se poursuivra tant que les Etats et les entreprises continueront à signer de juteux contrats avec la Libye. C'est là, conclut notre confrère, que se trouvent les enseignements de cette affaire".

Genève critiquée

Rachid Hamdani crie dans Le Matin sa colère. "Les autorités genevoise qui sont à l'origine de cette crise et ne nous ont même pas envoyé un mot d'apaisement pendant toute la période de notre détention", écrit l'ancien otage. "Genève à l'origine de la crise, selon Fabian Muhieddine, par ses maladresses et son empressement à vouloir arrêter un fils de dictateur; elle aurait dû être moins naïve, moins passive et surtout assumer ses responsabilités. Seule. Ce n'était pas à la Suisse entière de s'humilier pour elle."

Révélations sur le drame de l'A1

Et ces nouvelles révélations sur les voleurs de voitures de l'A1. 24 heures et la Tribune de Genève ont poursuivi leur enquête sur ces jeunes français de Vaulx-en-Velin, dont l'un a été abattu par la police sur l'autoroute A1 après un vol à Lyss, dans le canton de Berne. Ces hommes ont fait leur marché dans les vitrines d'un garage de voitures de luxe, parce que la veille, ils avaient embouti sur l'autoroute près de Lyon, les véhicules dérobé dans un autre garage à Chiètres, dans le canton de Fribourg. Cela étaye la thèse d'un vol sur commande, pour de grosses cylindrées dont sont friands les caïds français.

Une gifle pour l'UDC dans les Grisons

"Une baffe pour l'UDC - Triomphe des radicaux", titre la SüdostSchweiz. Cela faisait bien longtemps que le PLR n'était à pareille fête. Le parti gagne quatre sièges au Grand Conseil et devient la première force politique du canton des Grisons. Les gazettes alémaniques relèvent tous l'échec de l'UDC. "Une méchante gifle", titre le Blick. L'UDC rate son entrée au gouvernement et n'obtient même pas de quoi former un groupe parlementaire. Et ce conseil du commentateur de la Basler Zeitung : "en continuant à persécuter les voix discordantes et en empêchant tout fonctionnement démocratique interne au parti, l'UDC et Christophe Blocher ne gagneront plus d'élection avant longtemps".

L'instabilité du Kirghizistan

La Neue Zürcher Zeitung propose un reportage au Kirghizistan avec cette question : "qui va préserver la paix dans ce pays d'Asie centrale en proie à un conflit ethnique?". En tout cas pas la Russie, répond notre confrère, qui constate que le grand voisin n'a pas du tout envie d'entrer dans un conflit ethnique complexe, quand bien même le Kirghizistan est dans son cercle d'influence. Article illustré par cette photo de femmes et d'enfants jetés sur les routes. Ils sont 75'000 à fuir les combats, nous disent le Bund et le Tages-Anzeiger.

"Uuf schwyzerdütsch"

Le schwyzerdütsch enseigné en Suisse romande, à l'école Moser. Dès la rentrée, l'établissement scolaire privé genevois enseignera le suisse-allemand à ses élèves, nous apprend Le Temps. Les élèves inscrits en maturité bilingue pourront suivre, sur la base du volontariat, deux heures par semaine d'initiation au dialecte. La demande est forte, parce que la plupart des élèves en maturité bilingue envisagent de poursuivre leurs études dans des universités alémaniques. Et face au marché du travail, la maîtrise du schwyzerdütsch est aussi un élément prépondérant!

cab avec Stéphane Deleury et Sandra Viscardi (rsr)

Publié